Écrit par : Rémy VOEGEL

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« Je l'avais laissé là ! » et pourtant l'objet a disparu. Cela vous est-il déjà arrivé ? Bien sûr ! Combien de fois des objets familiers disparaissent mystérieusement, à notre grand agacement : clés, lunettes, documents…

Voici l'histoire captivante et amusante d'une disparition mystérieuse d'un billet de 100 Mark. Ce n'est pas l'histoire de « Où est passé Charlie » que nous allons vous conter, mais celle de « Où est passé Mark ». Détectives amateurs, à vos Mark, euh, à vos marques !

L'histoire 

Barr, vendredi 16 octobre 1908

Un habitant de Barr a décidé d'envoyer de l'argent par la poste. Pour ce faire, il se rend naturellement dans le bâtiment de l'administration concerné dans lequel il attend, comme de coutume, patiemment son tour.  Pour passer le temps, il papote aimablement de tout et de rien avec ses voisins et particulièrement avec une gentille petite dame de Zellwiller. 

• « Belle journée, mais frisquette, n'est-ce pas ? Je me demande pour quelle raison j'ai emmené mon parapluie, il ne pleut même pas ! », s'exclame pensive la petite dame
• « Oui, il faisait 8° sur mon thermomètre ce matin à 8 heures », répondit le Monsieur ( Mehr ha ancht Grand gehet )
• « Pour demain, il parait que l'on prévoit un fort vent avec des températures à la hausse, jusqu'à 16° déjà le matin, m'a dit mon mari ! Vous savez, il lit tous les jours le journal Strassburger Post et vous savez quoi ? Il parait qu'à Mulhouse, ils vont illuminer la gare avec des lampes à l'écri...cität...un truc comme ça ! »
• « À l'électricité ? J'en ai entendu parler. Ouah ! Je me demande quand cette invention va arrivera à Barr ! »
• « C'est à mon tour ! Bonjour, Herr POSTANGESTELLTER », déclare l'homme en soulevant respectueusement son chapeau. « J'aimerais virer 100 Mark », annonça-t-il placidement tout en déposant le beau billet bleu orné de l'aigle royal au milieu du guichet

Une agréable discussion polie avec le postier s'ensuivit, quand, tout à coup, notre barrois poussa un cri de stupéfaction !

• « Mais où est donc passé mon billet de 100 Mark ? », balbutie-t-il en changeant de couleur
• « Un courant d'air l'aurait peut-être emporté derrière le guichet ? », suppose-t-il

On fouille le bureau jusqu'au moindre recoin, on fouille même les employés, les clients, les sacs, rien n'y fait, le billet reste introuvable ! Le lendemain, notre homme retourne au bureau de poste dans l'espoir d'apprendre une bonne nouvelle, la femme de ménage, aurait-elle peut-être retrouvé le papier tant désiré, mais non, rien ! On démonte et déplace le poêle, toujours rien ! La tête basse, notre homme s'en va désespérer et doit se rendre à l'évidence, il a été victime d'un habile voleur !

24 octobre 1908

Notre petite dame de Zellwiller se rend à l'enterrement d'une connaissance à Valff. Après la cérémonie, à la sortie de l'église, un cortège funéraire se forme en direction du cimetière. Une pluie fine amplifie les émotions de tristesse. Notre petite dame ouvre donc son parapluie noir pour rester au sec et oh surprise, il se mit à pleuvoir un billet de banque ! L'énigme de la disparition du billet de 100 Mark est résolue : le billet avait glissé à l'intérieur du parapluie à demi ouvert qu'elle avait déposé contre le guichet de poste.

L'histoire se termine bien avec le dénouement est heureux ! Notre habitant de Barr retrouva son bien, les employés du bureau de poste sont soulagés d'être justement disculpés et les lecteurs du journal « Strassburger Post » se divertissent avec la lecture d'une belle anecdote.

Tout est bien qui finit bien. Pour une fois !

Que pouvait-on acheter avec 100 Mark en 1908 ?

• 50 kg de charbon valaient 1 Mark 20
• 1 kg de viande de porc : 1 Mark 50
• 1 kg de café : 4 Mark 15
• 1 Kg de pommes de terre : 2 Mark 60 
• 1 costume d'homme : entre 10 et 70 Mark

Publicité de l'enseigne KNOPF de Strasbourg en 1908

Restaurant Germania, Place de l'Université à Strasbourg, en 1908. Repas de la St-Sylvestre au prix de 3 Mark par couvert

L'histoire ne dit pas si notre barrois a invité la petite dame au restaurant pour la remercier pour son honnêteté. Quoi qu'il en soit, personne ne connaissait à cette époque, l'expression du … parapluie fiscal !

Crédit photos : Mémoires et traditions de Barr