- Écrit par : Frédéric VOEGEL
- Affichages : 140
Valff a célébré ce samedi 30 novembre 2024 les 80 ans de sa libération en présence des élus, des anciens combattants, de la FNACA, du Souvenir Français, de l'Association Patriotique, des Sapeurs-Pompiers, de la Chorale Sainte Cécile et de la Musique Alsatia. Une cérémonie émouvante pour ne pas oublier les soldats morts pour notre liberté.
Allocution de Germain LUTZ, maire de Valff
« Nous nous retrouvons ce 30 novembre en ce lieu de mémoire pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de Valff par ces jeunes gens qui, le 2 mars 1941, réunis autour du Général Leclerc à Koufra en Lybie, faisaient le serment de ne déposer les armes que lorsque nos belles couleurs flotteraient sur la cathédrale de Strasbourg. Serment qui résonne avec une émotion particulière chez tous les Alsaciens et Strasbourgeois.
La libération de Valff, ces lundi 27 et mardi 28 novembre 1944 est l’histoire de nos grands-parents ou de nos parents. C’est aujourd’hui la nôtre. Enfants, nous entendions nos aïeux nous raconter des dizaines de fois la manière, dont ils avaient vécu ces journées.
Le lundi 27 novembre, ils ont vu arriver les premiers chars du 48ème Bataillon de la 14ème Division Blindée US par la Route de Goxwiller, qui essuyèrent les tirs anti-char des allemands qui les freinèrent et causèrent la mort du conducteur Raymond J. POLANOWSKI et du sergent Charles E. SMALL, appartenant au 48ème Bataillon de chars de la 14ème Division Blindée US. Malgré tout, Valff, fut libérée, les chars stationnèrent dans la rue Principale jusqu’au soir puis se sont dirigés vers Barr.
Le jour suivant, mardi 28 novembre, dans la matinée les Allemands ont repris leurs positions. La 2ème D.B. du Général Leclerc avec le Sous-Groupement du Chef d’escadron Minjonnet arriva de Duppigheim en traversant Niedernai. Le pont sur l’Ehn ayant été détruit, ils empruntèrent des chemins entre Meistratzheim et Valff. La 2ème DB traversa Valff et repoussa l’ennemi vers Zellwiller où ils se heurtèrent à la résistance allemande, qui commença avec un sévère bombardement d’artillerie. L’avant-garde du Sous-Groupement MOREL-DEVILLE stationnant dans la Rue Muhlmatt est touché. L’aspirant André Gilbert TÉRENZIO sortait de son char pour inviter par haut-parleur les soldats allemands, sur l’autre rive de la Kirneck, à se rendre. Malheureusement, l’aspirant André TERENZIO fut tué par un tireur d’élite allemand. Un autre soldat français, le Sapeur Mohamed BEN DAOUD, venant d’Obernai et roulant sur une moto, fut mortellement touché par un éclat d’obus. Le Sergent Georges Palmyre Désiré LESTOCART fut tué le 29 novembre par une mine dans la forêt de Westhouse. Tous les 3 appartenaient au 13ème Bataillon du Génie de la 2ème D.B.
Après deux longues journées d’affrontement, 14 Allemands, 3 Français et 2 Américains ont été tués et 50 ont été faits prisonniers et escortés sur Obernai par la F.F.I. Ainsi s’achevait cette journée par la libération de notre village.
Le mercredi 29 novembre, le Général Leclerc fut discrètement de passage à Valff. Il passa à la Mairie pour consulter avec son état-major l’avancement de ses troupes. Puis, il regagna le P.C. installé à Zellwiller. Cette réunion regroupait les officiers de la 2ème D.B. et de la 14ème D.B. US. Elle avait pour but de préparer la suite des opérations militaires.
Ensuite, les Valffois purent danser et fêter dans les rues. Il était à nouveau permis de parler français sans se faire inquiéter. Le bleu-blanc-rouge flottait sur la mairie. Les gars de Leclerc avaient tenu parole !
En ce début d’hiver 1944, la guerre et sa folie meurtrière allaient enfin s’éteindre, comme cela était déjà réalité depuis l’été dans une partie de la France. Cette France que l’Alsace et la Moselle retrouvent au prix de violents combats et sacrifices.
Mais la fête n’allait pas être aussi belle qu’on aurait pu l’espérer, car certains avaient été obligés de partir quelques mois plus tôt pour le front russe, revêtu d’un uniforme allemand dont il ne voulait pas. Personne ne savait où ils étaient et s’ils étaient toujours en vie. Certains ne reviendront que quelques mois plus tard tandis que d’autres ne rentreront jamais.
En ce jour de la commémoration de la libération, ayons aussi une pensée pour ces familles dont l’un portait l’uniforme français et son frère l’uniforme allemand. Tout le drame de l’Alsace, vécu dans leur chair par tant de familles…
Le Général de Gaulle avait compris le chagrin et l’humiliation des Alsaciens. C’est en ce sens qu’il est intervenu auprès du Général Eisenhower pour lui exprimer l’importance que le Gouvernement français attachait à une participation directe d’unités françaises à la libération de l’Alsace. Cette page d’histoire est dans nos cœurs et elle le restera.
Cet anniversaire de la libération revêt un caractère spécial, car à l'occasion des cérémonies de Strasbourg, notre Président Emmanuel Macron, a évoqué le sort des Incorporés de force d'Alsace-Moselle comme étant un "crime de guerre" et que la condition des Malgré-Nous doit être "reconnue" et "enseignée" en classe de 3ème et de Terminale.
Ces enfants de notre Alsace ont été capturés, habillés malgré eux d'un uniforme qu'ils détestaient, au service d'une cause qui les rendait esclaves et instruments d'un crime dont ils étaient également les victimes. Ils partaient contre leur gré par peur des menaces de représailles contre leurs familles s'ils tentaient de fuir. Et pour leurs compatriotes français, ils étaient des traîtres. On les força à agir contre leur patrie, leur serment, leur conscience.
Notre histoire si particulière et injustement jugée est encore très mal connue en France. 130.000 hommes ont été contraints d'endosser l'uniforme allemand : plus de 40.000 ne sont jamais revenus : 30.000 morts au combat ou en captivité ; 10.000 à 12.000 portés disparus. Il aura fallu 80 ans pour que ces hommes aient droit à la reconnaissance de l’injustice dont ils ont été victimes !
Nous leur en serons éternellement reconnaissants, de même qu’aux jeunes GI américains qui n’avaient jamais entendu parler de l’Alsace en débarquant sur les plages de Normandie pour venir jusqu’à nous.
Gloire et honneur aux combattants de la liberté ! Mais qu’est-ce que la liberté et qu’en faisons-nous aujourd’hui, 80 ans après ?
Vivre libre, c’est accepter l’échange et le débat. Vivre libre, c’est s’engager, pour prendre une part active dans la société. C’est tout le sens de la devise de notre République, celle qu’à la Libération, on a à nouveau inscrite avec fierté sur les frontons de nos mairies. Car il n’y a pas de liberté qui vaille sans égalité et surtout sans fraternité. La liberté que nous ont offert ces valeureux soldats que nous honorons aujourd’hui, nous oblige à en être dignes, aujourd’hui, comme hier, et surtout demain !
Vive la Liberté !
Vive la Paix !
Vive la République,
Et Vive la France ! »
Chant de la chorale : « Les deux fils et la libération de Valff »
Connaître ce pays d'Alsace. Oh, crois-moi qu'il faut y être né.
On se trompe toujours sur l'Alsace. L'affirmation est vite renversée.
Terre tant convoitée par tous les peuples, tu as séduit, tu as fait des jaloux.
Romains et Suédois y ont laissé leur trace, et sous l'écorce tant de fois blessée
se cache un coeur qui bat ... pour son petit pays.
Voyez ce grand drame qu'est le nôtre.
Nos deux fils sont partis à la guerre, l'un dans la Wehrmacht, tandis que l'autre a pu rejoindre les forces alliées.
Te voilà devenue Alsace traîtresse, l'un tricolore, l'autre la croix gammée.
L'Alsace déchirée qu'on vient jeter aux fauves et tant de mères qui pleurent leurs enfants,
tant de foyers brisés ... tant de larmes versées.
Ils sont deux sur le champ de bataille, ils sont deux et ils ont laissé leur vie, ils sont jeunes et ils ont le même âge, mais on leur a appris à se haïr.
Maudite guerre qui tue nos fils, nos frères, sous l'uniforme Feldgrau ou kaki, c'est bien le même sang qui jaillit de leurs veines.
On leur a dit de tirer les premiers, on ne leur a pas dit ... qu'ils sont du même pays.
Nous sommes fin novembre et nous fêtons de notre village la Libération.
C'était il y a 80 ans. Valff a été sauvé de l'occupant.
Après plusieurs années de dure guerre, de privations, de souffrance et de peur, pourtant au fond du coeur, les villageois espèrent et enfin sont arrivés les sauveurs.
C'est la Libération ... que nous célébrons.
- Il y a 110 ans débutait la Première Guerre Mondiale : semaine du 21 au 27 septembre 1914
- Il y a 20 ans, le calvaire de Jeanne-Marie, victime de « Pierrot le fou »
- Ce qui vous attend à Valff au second semestre 2023
- Ça se passe à Valff en décembre
- Ça se passe à Valff en novembre
- Résultat de l'élection présidentielle
- Valff sous un épais manteau blanc
- Germain LUTZ : « Valff est pour le moment épargné par le virus »
- Passage du rallye Kiwanis Sélestat Lazare Weiller
- Les « Sapeurs de Leclerc » en pèlerinage