- Écrit par : Rémy VOEGEL
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Le feu. L'ennemi qui ravage tout. De tout temps, les villageois se sont mobilisés pour tenter d'éteindre rapidement tout départ d'incendie.
En 1881, l'administration communale de Valff représentée par son Maire ANDRES, en se référant à la loi de 1837 concernant l'administration municipale, se sentit obligé de rappeler certaines obligations et publia un arrêté au sujet de l'aide à fournir en cas d'incendie.
Rapport de 1837 relatif à l'administration communale
L'arrêté du Maire de 1881 stipule :
En cas d'appel d'urgence ou d'alerte par la cloche dite Sturmglocke dans la commune, il est ordonné à toute personne active et valide, sauf pour excuse avérée, de se présenter à l'endroit du sinistre munie d'un récipient, d'un seau ou d'un arrosoir. Sur place, elle devra suivre les instructions de la police locale et intervenir. Tout contrevenant ou réfractaire sera puni.
C'est en 1888 que fut finalement créé, à Valff, un corps de pompiers volontaires.
À l'époque, on ne rigolait pas avec la discipline ! Selon les statuts, tout pompier volontaire qui s'aviserait à manquer, sans raison valable, un entrainement ou une corvée, était condamné à verser une amende de 0,40 à 1 Mark ! Le temps minimum d'affiliation était de cinq ans. Une amende de trois Mark attendait celui qui se barrait avant. Un délai de six semaines avant un départ était requis et toutes les amendes devraient être honorées. Tout membre qui commettait un manquement grave pouvait être exclu et condamné auprès de la justice. Son exclusion était promulguée.
Autre relevés d'anecdotes fumantes
Mémoires de Florent WUCHER en 1827
L'année 1827 a aussi débuté favorablement. Ce fut une année chaude et sèche mais orageuse. La récolte des foins fut abondante et même le vin et d'autres fruits ont été satisfaisant. Tout aurait été parfait s'il n'y avait pas eu ce 5 août. Ce jour là se déroula un désastre malheureux que je vais vous raconter [ en savoir plus : Florent WUCHER, fragments d'une vie, épisode 2] :
« Le matin du jeudi 2 août 1827, nous entendions déjà au dessus de nos maisons quelques grondements de tonnerre descendant des Vosges. Une pluie fine accompagnait beaucoup d'éclairs sourds. On craignait beaucoup de pluie mais l'horizon se dégagea et nous en avons profité pour rentrer toute l'orge malgré la grande chaleur de ce jour. Au soir et durant toute la nuit sans s'arrêter, les éclairs illuminèrent les montagnes. Il faisait une chaleur torride. Au matin le ciel peu à peu s'obscurcit. L'air devint irrespirable. Des éclairs et des tonnerres ne présageaient rien de bon, mais vers 16 heures nous constatèrent avec soulagement que le ciel s'éclaircissait à nouveau.
Au troisième matin, des nuages sombres se déplacèrent, certains vers le Nord, d'autres vers le Sud. Un gros nuage noir venant de la vallée de Barr choisit de descendre droit sur le village. Peu de tonnerres, peu de pluie ... D'un coup, la foudre tomba sur le haut du village ; un noyer plia. Puis un deuxième éclair ... celui-ci choisi le clocher de l'église. La décharge traversa le clocher à côté de la corde des cloches et ressorti au niveau des jardins. Un deuxième trait pénétra par l'autre toit. Il pulvérisa les planches en sapin ainsi qu'une poutre de la charpente qui s'enflamma. Il fracassa une deuxième poutre et détruisit le tableau de Saint Sébastien stocké dans la tour. Sous ce tableau, un bout de planche était brisé d'une ouverture d'une grandeur de main qui aurai permis de passer un couteau. C'est à cet endroit que la foudre a tué l'aide instituteur et sacristain Karl FUCHS, originaire d'Uttenheim.
Sa tête était bleue d'un côté et rouge sang de l'autre. Sa poitrine gonflée, ses habits et ses chaussures en lambeaux. C'est la boule de feu (die Augen des Streichs) qui causa sa mort. Au moment de la décharge se tenaient à ses côtés, près de la petite corde des cloches, deux enfants de cœur que la foudre projeta au sol mais sans les blesser. Des habitants ont de suite accouru. Le charpentier de Valff, Ignace GRAF, a arraché avec son matériel de charpentier, au péril de sa vie, les planches du clocher en feu. Les dégâts matériels sont limités, mais le traumatisme des habitants est immense. Deuil et consternation. Le pauvre Karl FUCHS fut enterré le 4 août en présence de tous les habitants qui l'appréciaient et le regretteront ».
Solidarité entre villages en 1830
1835
L'année 1835 a débuté sèche dans les mémoires de Florent WUCHER. Le printemps fut de même, peu de pluie pour le mois d'avril et minima pour le mois de mai et de juin. L'été fut chaud jusqu'en août. A partir de ce mois, un temps pourri et frais gâta la qualité du vin. Le blé et l'orge réussi mais le tabac et l'avoine poussèrent à peine. Le blé valait 14 à 17 francs, l'orge 7 à 9,50 francs, le vin 5 à 6 francs. Au printemps 1835, par quatre fois, des incendies criminels semèrent la peur dans le village de Meistratzheim. Une première fois, le feu ravagea 17 hangars à foin et dépendances, une autre fois 11 maisons et dépendances !
1838
9 octobre 1914
Lors de l'incendie géant qui s'est déclaré dans le bas-village, on déplore la mort de quatre soldats qui étaient cantonnés dans les maisons en feu. Un militaire a été foudroyé par le courant de haute tension, les trois autres ont été surpris dans leur sommeil dont leurs corps ont été découverts que lors des travaux de déblaiement. On suppose un poêle surchauffé être à l'origine du sinistre. Le feu était si important que les pompiers de cinq villages avoisinants ont dû intervenir pour en venir à bout. Les maisons et granges endommagées ou détruites sont
- Georges KLEIBER et Catherine WITTERSHEIM, n°206 rue Principale : grange
- Joseph ROSFELDER et Joséphine HEYD, n°208 rue Principale : maison et grange
- Eugène SAAS et Joséphine HIRTZ, n°210 rue Principale : maison et grange
- Joseph ANTZ et Régine ANDRES, n°212 rue Principale (Joseph STEIN) : maison et grange
- Xavier SIMON et Eugénie ANTZ, n°214 rue Principale : maison et grange
- Aloyse et Joseph ROSFELDER, n°216 rue Principale (Albert ROSFELDER) : grange
- Georges WERCK et Marie ANDRES, n°218 rue Principale (François Antoine WERCK) : grange
- Florent LUTZ et Madeleine WERCK, n°221 rue Principale : grange
3 avril 1915
Le 3 avril 1915, un feu se déclara dans la propriété SAAS au n°225 rue principale. SAAS était distillateur et tonnelier. 28 Ohm de schnaps (1400 litres) furent la proie des flammes. Le sinistre s'est déclaré la nuit, le chaudron avait débordé et pris feu. Depuis le début des hostilités, les autorités dénombrent à plusieurs reprises les stocks de blé, pommes de terre et bétail. On calcule d'une façon précise les besoins pour la famille, pour le bétail et pour les semences, le reste est réquisitionné.
1918
Le 15 août 1918, un incendie a détruit trois maisons d'habitation dans la rue des Flaques. Le sinistre s'est produit par inadvertance, un propriétaire aurait stocké des cendres chaudes dans un récipient en bois. Les trois maisons n'ont jamais été reconstruites.
26 février 1919
Le feu a détruit la belle maison à deux étages du commerçant Virgile LEVY (n°244 rue Meyer). On suppose que c'est un feu de cheminée qui est à l'origine. Une partie des meubles a pu être sauvée. Les dégâts sont heureusement couverts par une assurance. L'intervention rapide de nos pompiers locaux et des « poilus » qui sont actuellement cantonnés dans la localité a permis de limiter le sinistre.
27 septembre 1934
Mercredi, un violent feu a ravagé les granges DONATH, Ernest SPECHT, ROSFELDER et Eugène MULLER dans le bas-village. Après enquête, il s'est avéré que c'est le fils de la veuve DONATH qui a allumé le feu. Ses enfants qui se trouvaient à l'intérieur de la grange, ils ont pu être sauvés. Ivre, DONATH a été arrêté. Les dégâts sont estimés à 300 000 Francs.
Mai 1938
Un agriculteur de Niedernai avait entreposé depuis deux jours sa récolte de paille près de la forêt d'Oberholtz. Alors qu'il se rendait au village pour charger à nouveau sa charrette, en se retournant, il aperçut, oh catastrophe, monter de l'endroit de son stock une épaisse fumée noire. Tout le village accouru avec pelles et bêches, certains à pied, d'autres à vélo. Adieu la paille, les habits que le paysan avait laissés là, son sac à dos et son râteau. Pire ! La forêt avait commencé à se consommer ainsi que les terres accolées ! Après enquête, on établit que des garnements de Meistratzheim n'avaient trouvé rien de mieux à faire que d'allumer leur petit feu de camp au milieu de la paille. Nul doute que leurs parents ont apprécié quand est venue l'heure des comptes !
27 novembre 1944
Valff semble être abandonné par ses libérateurs qui viennent de libérer le village. Dans la nuit, un incendie se déclare dans la propriété de Joseph DIEHL au n°276, rue basse. La maison d'habitation et les annexes sont anéanties. L'origine du sinistre serait due au cantonnement d'un reste de soldats allemands dans la grange.
8 mai 1945, fête de L'armistice
Au mois de mars 1945, les soldats de la 1ʳᵉ Armée, toujours en cantonnement à Valff, fêtaient, à leur manière, la « semaine de la 1ʳᵉ Armée ». Ils voulaient commémorer à l'avance leur victoire comme libérateurs de l'Alsace. La commune s'est associée à la semaine festive en offrant aux officiers 25 bouteilles de vin. Le 8 mai fut la fin des hostilités avec l'Allemagne, la capitulation sans conditions des armées allemandes. Toute la population était en liesse. La jeunesse, tout particulièrement, s'était manifestée pour donner à cet événement un air de joie, de soulagement et de triomphe, mais aussi pour exprimer un chaleureux remerciement à nos libérateurs.
Emma SCHULTZ - Denise HALLER - Denise LEOPOLD - Germaine VOEGEL - Yvonne KEMPF
Le même soir de cette mémorable journée, une soirée dansante était organisée à la salle du Restaurant Michel Georges. Une salle comble, où se rassemblaient les jeunes du village et les soldats. À l'extérieur, des fusées, tirées par les soldats, illuminaient le ciel. Malheureusement, une fusée, sans être éteinte, était retombée à l'intérieur d'une ferme et provoquait un incendie. Celui-ci avait immédiatement pris de l'ampleur et s'était propagé aux propriétés avoisinantes. Trois granges, appartenant à Florent ANDRES (au n°102), Paul VOEGEL (au n°100) et Marie-Anne VOEGEL (au n°105) étaient la proie des flammes. Pas de victimes humaines à déplorer et le bétail a également pu être sauvé.
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