Première page du journal du 14 janvier 1943 avec l'insigne de la NSDAP (Parti National Socialiste) abréviation Nazi (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei)

Le journal « Les Dernières Nouvelles d'Alsace », seul média « officiel » durant l'occupation sous la tutelle et la censure nazie, a cessé toute publication. De la propagande à la libération jusqu'à l'après-guerre, de l'allemand au français, découvrez comment la presse locale a vécu la période de 1942 à 1952.

1942

Le Strasburger Neueste Nachrichten du 20 avril 1942 titre : « L'Allemagne souhaite un bon anniversaire au Führer » (43 ans). Encadré : « Si nous demandons à chacun son meilleur, ce n'est que pour redonner le meilleur, à lui et à ses enfants : c'est-à-dire, la liberté et le respect du reste du monde ». Adolf HITLER 

20 avril 1942

Article de félicitations et d'hommages pour l'anniversaire du Führer. Extrait : « Dans la personne du Führer, nous voyons les qualités personnifiées qui nous rendent capables d'affronter et de maîtriser toutes les tempêtes de cette guerre ».

Mais avant d'entamer nos recherches sur les quelques maigres informations imprimées relatives au village de Valff, arrêtons nous un instant sur le contexte, les auteurs et rédacteurs des pages de propagandes du journal Strasburger Neueste Nachrichten.

Avec l'aimable collaboration de l'équipe des Dernières Nouvelles d'Alsace, que nous remercions chaleureusement, il nous a été possible de retrouver le directeur d'édition pendant l'occupation, Franz Karl Théodor MORALLER.

Franz Karl Theodor MORALLER , journaliste, (Karlsruhe, Bade-Wurtemberg, 14/07/1903). Fils de, Theodor Armand, maitre-horloger, et de Maria Elisabeth KRATZ. Augusta LIEB (Pfungstadt H. esse, 7.9.1902) : 2 enfants. Il poursuivit des études secondaires dans un lycée classique jusqu'à 19 ans, sans toutefois obtenir le baccalauréat. Puis il entama un apprentissage dans l'horlogerie qui dura deux ans et demi, au terme duquel il obtint le brevet de compagnon. Il adhéra dès vingt ans au Parti national-socialiste et s'engagea dans la SA. où son zèle politique et pugilistique lui valut d'obtenir le grade d'Oberfuhrer à l'état-major SA en 1936. Sa carrière politique au sein du NSDAP s'ouvrit à lui en 1927 avec sa nomination comme journaliste à l'organe badois du parti « Der Fùhrer ». Dès lors commença son ascension au sein du parti. puis, à partir de 1933, dans les services de l'Etat national-socialiste. Après avoir exercé ses activités, d'abord dans le parti comme chef du service de presse du Gau de Bade (de janvier 1932 à mars 1933), puis dans l'Etat comme chef de presse du Gouvernement badois (de mars 1933 à octobre 1934), il cumula ensuite, de juillet 1933 à octobre 1934, la fonction de Gaupropagandaleiter au Reichspropagandaamt avec celle de chef de la section badoise au Ministère de la Propagande. L'année 1934 marqua un tournant dans sa carrière qui fut appelé à l'automne par Joseph GOEBBELS à Berlin, pour y diriger la Reichskulturkammer. Cette même année, il devint également représentant permanent du Président du Reich des théâtres populaires et en plein air. A l'automne 1935, il se vit confier d'autres responsabilités: la direction de la section culturelle à la Reichspropagandaleitung, et nommé Reichskulturwelter à la Reichskulturkammer. Cette année-là, le titre honorifique de Reichskultursenator lui fut conféré. Investi par GOEBBELS de la mission de réorganiser la Reichskulturkammer, MORALLER déçut les attentes du ministre de la Propagande qui se sépara de lui en 1938.

En 1939, il participa à la campagne militaire à l'Ouest dans l'organisation Todt. En juillet 1940, il réintégra sa ville natale et la direction du journal où avait débuté. Après un autre intermède militaire sur le front est, pour lequel il s'était porté volontaire.  Il fut appelé sur les instances du Gauleiter Robert WAGNER à la rédaction en chef des Strassburger Neueste Nachrichten, le 18 novembre 1942. Vieux compagnon de lutte auprès du Gauleiter, il fut chargé par lui d'imprimer au quotidien le durcissement politique engagé depuis l'introduction de l'incorporation des Alsaciens dans la Wehrmacht. « Pas de pitié pour les traîtres » devient le leitmotiv des SNN à l'encontre des résistants traduits devant les divers tribunaux et MORALLER prêcha jusqu'au bout « l'éradication de la trahison en Alsace ». S'étant piqué au jeu d'une polémique, entretenue dans ses éditoriaux, au sujet d'un envoi de cartes postales anonymes, il en fit démasquer les auteurs : Charles ZILLER et Robert ECKERT qui furent condamnés à mort par le Sondergericht le 26 novembre 1943. Le premier fut éxecuté, le second vit sa peine commuée en une peine de prison de dix ans. Après la Libération, MORALLER fut d'abord interné dans le camp d'Ecrouves, près de Toul. Relâché puis expulsé, il fut, dès son arrivée en Allemagne, interné à Lahr. Transféré à Metz en 1947, en application d'un mandat d'arrêt délivré par le Tribunal militaire de la 6e Région, MORALLER fut remis en liberté provisoire en 1953, contre une caution de 500 000 francs. Sa destination fut Baden-Baden. A partir de là, on perd sa trace.

Berlin Document Center, dossier Franz MORALLER

SNN, à partir de novembre 1942

J. GOEBBELS, Die Tagebücher. Sàmtliche Fragmente, hrsg. von E. Frôhlich, Hl, Munich-London-New York-Oxford-Paris, 1987

Walf

Article du 21 octobre 1942 vantant la qualité des feuilles de tabac de Walf :

Annonce du 30 octobre 1942 : recherche jeune fille de plus de 18 ans pour aide dans le restaurant plus ménage. Hellard (restaurant du Tilleul) :

1944

Décembre 1944. Après la suspension de la publication depuis le début de l'année, elle reprend en décembre. Le journal est disponible dorénavant en langue française. L'édition du jeudi 21 décembre, le n°1, informe ses lecteurs alsaciens, des avancées et victoires alliées. Le nouveau directeur s'appelle à nouveau Jean HOEPFFNER.

Le 7 novembre a disparu Jean HOEPFFNER (1884-1958) dont le nom est lié aux DNA. Après avoir été secrétaire général des Hospices Civils de Strasbourg avant 1914, il est nommé en 1919 directeur des Dernières Nouvelles de Strasbourg par Aristide QUILLET, acquéreur de l'ancien journal confisqué. Il publie aussi « La Vie en Alsace ». Il est évacué en 1939 à Bordeaux, puis s'installe à Montpellier où il fonde « L'Écho des réfugiés ». En 1945, il reprend son poste de directeur et rechange le titre du journal.

Des correspondants locaux sont également nommés et transmettent les faits-divers régionaux, comme pour Walf, qui sera orthographié Valff.

Le journal n'offrait alors à ses lecteurs pour commencer que deux pages d'informations.

30 décembre 1944

1945

9 janvier 1945

10 janvier 1945

10 janvier 1945 "L'épuration"

4 février 1945

Les premières insertions d'après-guerre concernant Valff

13 juillet 1945

11 août 1945

23 septembre 1945 Hirtz Antoine

30 septembre 1945 [à lire : Ma vie de PDG chez HEYWANG avec André VOEGEL]

Ateliers

Léon JOST, 10 octobre 1945

Auguste Léon JOST

Pierre RIEGLER, 19 novembre 1945

Un article du 9 décembre 1945 liste des victimes de la Seconde Guerre mondiale [article à lire : Victimes de la Seconde Guerre mondiale]. On y retrouve à nouveau une demande concernant Pierre RIEGLER.

Pierre RIEGLER à l'école de Valff 1934

Un autre article du 29 décembre 1945 évoque l'histoire de Pierre GYSS [article à lire : Jean GYSS, enfant de Valff, mort à Dora-Mittelbau].

Pierre GYSS (marqué d'un X) avec la famille du Maire Henri BIECHER vers 1917

À Valff, les années suivantes auront également leur lot de faits-divers. Nous en saurons un peu plus dans le prochain article.

Sources :

  • Gallica
  • Fond Antoine MULLER
  • Famille JOST
  • Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 1996

Autres parties (à venir) :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.