Écrit par : Rémy VOEGEL

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La jeune fille Sophia ANTZ tend la carte postale au postier. Son coeur est serré. Elle a une mauvaise nouvelle à annoncer à son cher Wilhelm LEOPOLD. Ce dernier est incorporé comme d'autres jeunes de Valff dans l'armée allemande. Blessé, il est soigné dans un Feldlazarett  près du front. Sophie et Guillaume sont du même âge. Ils sont amis d'enfance. Ils finirent par se fréquenter. Elle écrit :

Feldpost

Valff, le 12 août 1918

Mon cher Wilhelm,

Je t'informe que les souffrances de ta chère mère vont bientôt avoir une fin.   Dimanche elle a reçu les derniers sacrements. Ne te tourmentes pas , mais souvient toi de ce qu'elle a enduré. Je vais rapidement faire une visite à Strasbourg (à l'hôpital ?), car j'aurai alors le droit de circuler.

Meilleures salutations de ta chère Sophia.

Sur le recto de la carte postale, une photo de l'église Saint Blaise.

La carte postale a certainement été acheté dans l'auberge et épicerie BIECHER-MARTZ, au Soleil de la rue Principale, et postée au bureau de poste / télégraphe accolé qui venait d'être transféré de la rue Thomas.

Guillaume LEOPOLD WILHELM est né en 1889. Il exerça le métier de cultivateur et décéda à Valff en 1961 au numéro 175. Sa mère, Barbara VOEGEL, décéda le 14 août 1918 soit 2 jours après la rédaction de la carte postale. Sophia ANTZ est née en 1890 et habitait au 6, Rebengässlein (rue Muhlmatt). Elle décéda à Meistratzheim en 1969. Elle épousa Guillaume dès son retour d'hospitalisation le 6 janvier 1919 et le 17 juillet de la même année naissait déjà leur fils Charles suivie d'Alice en septembre 1920 . Sur ces photos des classes de 1890 on peut imaginer Guillaume ou Sophia. Ni leur visage, ni leur histoire ne serait encore présente, s'il n'y avait pas eu ... une carte postale.

Pour la petite histoire, Victor, le frère de Guillaume, décéda la même année que son frère en 1961. Leur filles respectives Mathilde et Alice naquirent à 5 jours d'intervalles en 1920. Victor enterra son fils âgé de 2 mois en 1924. Il avait épousé Marie ROSFELDER. Joseph STRICHER et Georges WERCK (à droite de Victor sur la photo) n'eurent pas la chance de revenir de la guerre et tombèrent au champ de bataille.