Dans la série des faits divers insolites, nous vous proposons une nouvelle revue des journaux de la première moitié du XXe siècle. Il n'y avait pas encore la rubrique « chiens écrasés » mais par contre le moindre incident était  publié. Les humeurs n'étaient non plus toujours des plus pacifiques. Jugez par vous-même !

22 janvier 1935

Dimanche dernier est décédée la petite enfant de 13 mois de l'agriculteur Eugène DONATH. En octobre dernier c'était la mère de la petite qui était décédée.

27 janvier 1935

Les aviculteurs organisent aujourd'hui une journée d'exposition dans la salle du restaurant SCHMITT. Des lapins et des volailles de toutes races seront à l'honneur. Le juge des lapins sera Monsieur ORPHEL, le juge des volailles Monsieur LAPP. Il y aura aussi un stand dédié pour la protection des oiseaux. 

22 février 1935

La présence d'un prêtre arménien a rempli l'église. La messe a été célébrée et chantée dans cette langue. Même si les fidèles n'ont rien compris cela ne change que peu de chose par rapport à la messe en latin. Des dispositions ont été prises en français pour que les fidèles sachent qu'ils peuvent donner leurs offrandes pour les églises d'Orient.

Photo de 1935

21 mars 1935

Aloïse SCHULTZ, 71 ans, n'est plus. Le décédé laisse trois fils. Un quatrième, Joseph, qui était à Thieu chez les jésuites a été appelé à l'armée en 1914 alors qu'il était rentré quelques jours pour les vacances. Il passa toute la guerre sur le front de l'Est et, à 5 mois de la fin de la guerre a laissé sa vie avec le grade d'officier en Ukraine près de Taganos. La mère de Joseph et épouse d'Aloïse était décédée aussi en 1918, trois mois avant son fils.

27 mars 1935

A la hauteur du restaurant FRANCK a eu lieu un accident avec délit de fuite. La femme du mécanicien JOST a été renversée alors qu'elle circulait en vélo. Elle a du garder le lit. Le numéro de la voiture a pu être relevé.

18 avril 1935

Le doyen du village Joseph SAAS, 86 ans, est mort. Pendant la guerre 1870/71 il combattit en Lorraine. Il a été fait prisonnier par les allemand et transféré à Flensburg en Schleswig-Holstein. Ces derniers temps, il ne pouvait plus marcher. Son seul passe-temps était de fumer sa pipe. Même le jour de sa mort il a encore tiré quelques bouffées. Maintenant il a cassé sa pipe !

 26 avril 1935

Le maire George KLEIBER, son adjoint Florent HIRTZ, Joseph JORDAN et Aloïse VOEGEL ne se présenteront plus aux prochaines élections municipales. Le maire était élu depuis 1902 soit 33 ans. 

Aloïse VOEGEL en 1935 à Paris

26 juillet 1935

Un accident stupide a touché l'aubergiste de l'hôtel restaurant de la Poste à Mutzig, Monsieur HALMENSCHALER. Alors qu'il voulait se rendre en vélo au chevet de sa grand-mère mourante à Valff, il chuta violemment au niveau du passage ferroviaire à Bischoffsheim. Victime de diverses blessures et d'un traumatisme crânien, il n'a pas revu sa grand-mère vivante qui décéda le soir même.

10 septembre 1935

Le dernier vétéran de la guerre de 1870 n'est plus. Il s'agit de Joseph LUTZ 86 ans. En 1870, il avait été appelé dans l'Infanterie de ligne de Marseille. Mais vu la vitesse à laquelle la France avait subi la défaite, il ne pu rejoindre à temps son unité. C'est à Strasbourg qu'il vit avec douleur, la remise de la ville à l'envahisseur. Pour éviter d'être fait prisonnier, il se rendit néanmoins à Marseille. Il nourrit honnêtement sa famille de son métier de tailleur d'habit. Il était encore il y a 3 semaines le premier présent à la messe du matin.  

Photo de 1906

19 novembre 1935

La chorale Ste Cécile a de nouveau depuis de longues années organisé une soirée. Après une messe, avec de nombreux chants sans fausses notes sous la direction du maître d'école GUGUSMUS, nos chanteurs et de nombreux intéressés se sont retrouvé au restaurant « Zur Kanone » (Au canon) où une tombola, la projection d'un film et le chœur des chanteurs ont animé la soirée. 

 

 

Arrêté municipal 

Le 12 novembre 1924, la commune publiait un arrêté municipal d'urgence. Fini le passage à brides abattues des engins à moteur fumants et pétaradants qui traversent le village. On va sévir ! Le texte spécifie :

  • vitesse maximum autorisée des automobiles qui traversent le village : 20 km/h
  • camions et bus de plus de 8 places : 15 km/h
  • s'il y a des piétons, un cortège ou un enterrement : vitesse d'un cheval au pas soit 7 km/h
  • interdiction formelle de doubler sauf les véhicules à l'arrêt

Toute infraction sera déposée au tribunal cantonal. Pas de cadeaux !

18 décembre 1935

C'est l'histoire d'un chevreuil qui, le mercredi 18 décembre 1935, a décidé de visiter notre paisible village entre 8 et 9 heures du matin. Il tenta de trouver refuge dans le jardin du presbytère, peut-être pour trouver un peu d'hospitalité chrétienne, mais l'entrée était close. Pour couronner le tout, des habitants menaçants le traquèrent furieusement. Il se mis donc à courir de toutes ses forces jusque dans un champ voisin. Sauvé, se dit-il ! Mais c'était sans compter sur l'adresse magistrale du chasseur Michel qui d'un tir expert envoya l'animal dans le Walhalla des cervidés. Ca se passe comme cela dans notre beau village à l'époque. C'est 20 km/h pour traverser le village, pas plus, ça ne se discute pas ! On ne badine pas avec les arrêtés municipaux ! Gare aux sanctions ! Souvenez-vous du chevreuil, c'est 20 !

19 décembre 1935

Louis JOST a fait baptiser son douzième enfant. Lors de cet évènement joyeux , il a envoyé, sur un coup de tête, une demande de parrainage pour son fils à Monsieur le Président de la République française, Albert LEBRUN ! Ce dernier a répondu par un accord positif accompagné d'une bourse non négligeable. Louis JOST avait justifié sa demande en signalant qu'il a appelé son fils du même prénom Albert que le Président. Sacré Louis !

A suivre ...

Sources :

  • Archives communales
  • Bibliothèque Universitaire de Strasbourg
  • Fond Antoine MULLER
  • Fond BLUMER
  • Gallica

Autres faits divers à venir :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.