Une colonne de prisonniers allemands est dirigée vers l'arrière de la Division (photo de la collection de M. CAZENEUVE)

L'heure est aujourd'hui au bilan. La journée du 27 novembre a été marquée par des victimes et des dégâts. Tout d'abord la mort de l'Aspirant André Gilbert TÉRENZIO à l'âge de 22 ans et appartenant au 1er Spahis M.P.F., originaire de Port-Saïd, il avait participé à toutes les campagnes d'Egypte et s'était engagé pour l'honneur d'une France dont il n'avait foulé le sol que quatre mois. Il fut inhumé à Valff. Le 12 septembre 1964, il fut exhumé pour trouver sa dernière demeure dans la nécropole nationale de Sigolsheim (J - Rang 2 - N°38).

La deuxième victime fut Mohamed BEN DAOUD, sapeur du 13e Bataillon du Génie de la 2e D.B., également inhumée dans la nécropole nationale de Sigolsheim (A - Rang 1 - N°38).

A la sortie de Valff, le char « Le Tardenois » du 2ème Peloton du 3ème Escadron avait été touché par un tir anti-chars. L'équipage pu évacuer, mais le Brigadier Roland RENOUX et le Chasseur Marcel SIMONIN furent blessés. Retrouvez d'ailleurs la bataille pour la libération de Valff vue du char « Le Tardenois » !

A 200 mètres du pont de la Kirneck, direction Zellwiller, 9 soldats allemands, en flagrant délit de retraite, sont abattus à bout portant par le feu des chars. Ils furent inhumés avec les 4 soldats tués la veille au même endroit par les soldats américains et le tireur anti-char au cimetière de Valff dans une tombe commune. Pour le transport des victimes allemandes du lieu de la mort au cimetière on utilisait une charrette tirée par un boeuf. Pour nous, jeunes curieux, cette manière d'enterrer les morts nous a profondément touchés. Dix victimes portaient à leur bras une plaque d'identification, 4 victimes étaient non identifiables. Le 19 juin 1961, elles furent exhumées pour être transférées au cimetière allemand de Niederbronn-les-Bains. Enquête à lire sur les derniers soldats allemands à Valff !

On comptait également une cinquantaine de prisonniers allemands dans le village. Ils furent rassemblés à l'école des filles pour être dirigés dans la soirée sur Obernai, escortés par la F.F.I. du chef-lieu de canton. Ces soldats allemands se cachaient dans les caves des Valffois avec l'intention de se faire prisonniers. Ils étaient tous épuisés par les longues marches et conscients que toute résistance leur serait fatale. Ils espéraient ainsi retrouver leur famille le plus vite possible. D'autres soldats allemands ont été fait prisonniers sur la route entre Valff et Zellwiller. Ils furent également dirigés sur Obernai en passant par la rue haute. Les nombreux tirs des canons allemands causaient des dégâts aux propriétés de Georges LUTZ, n°137, Xavier FUCHS n°41, Xavier VOEGEL n°99 et bien d'autres. La chapelle Saint Blaise a été sérieusement endommagée par un éclat d'obus.

Le compte-rendu au Groupement Tactique Langlade des pertes infligées à l'ennemi indique : 30 tués, 150 prisonniers, récupération de 2 automoteurs de 88 et 2 canons de 40. Le Groupement Tactique RÉMY installera son P.C. pour la journée. Ainsi s'achevait la libération définitive de notre village du joug allemand.

 

Valff n'oublie pas les victimes de la libération

La libération de notre village du joug allemand le 27, 28 et 29 novembre 1944 a fait de nombreuses victimes :

Ce document historique a été réalisé à partir des souvenirs d'enfance d'Antoine MULLER complété par des témoignages de nombreux habitants du village et des renseignements fournis par l'historienne de l'armée américaine, par le Journal de Marche du 40e R.A.N.A. de la 2e Division Blindée et du livre « Les sapeurs de Leclerc », 13e Bataillon du Génie, les archives communales et divers témoignages de soldats ayant participé directement à la libération de notre village. Tout autre précision que pourraient nous donner les lecteurs pour compléter ce récit seront acceptés avec beaucoup d'intérêt.

Que le rappel du souvenir de ce passé soit, pour nous tous, le gage de notre avenir !

Sources :

Retrouvez le journal de libération de Valff, jour après jour :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.