- Écrit par : Rémy VOEGEL
- Affichages : 1170
La première guerre mondiale déchire les familles. Ceci est la vie et la correspondance avec sa famille restée à Valff de Xavier MULLER, jeune incorporé, qui ne reverra plus son village natal. Il mourra à juste quelques kilomètres de l'affection de sa mère et de son frère resté au pays. Une histoire cruelle et si banale pour ceux et celles qui eurent la malchance de vivre à la mauvaise époque !
Pour mieux nous familiariser avec François Xavier, nous avons la chance de posséder une photographie. C'est le photographe Charles KRAMER de Strasbourg dont l'atelier se trouve dans la Spielgasse n°23 qui prendra le cliché. En remontant, ce jour, la rue, aujourd'hui nommée « Rue du jeu des enfants » à Strasbourg, Xavier s'est probablement dit : « Tiens ! Une droguerie Emil SAAS, c'est un nom familier ! Il y en a plein à Valff ... le propriétaire est-il de la famille ? ». Xavier s'est endimanché pour l'occasion, ce n'est pas tous les jours que l'on se fait tirer le portrait ! Il s'est fait beau !
Rue du jeu des enfants
L'entrée se trouve dans la rue du sanglier. Xavier pousse la porte du magasin, le photographe l'installe en face de son appareil, Xavier esquisse un petit sourire, un flash l'aveugle un instant : « Je vous enverrai la photo ! ». Le 1er août 1914 le tocsin sonne la mobilisation générale, François Xavier a 24 ans. Né le 28 juin 1895, il est mobilisé le 28 juin 1915 et envoyé au 92eme Reserve-Infanterie-regiment, 1 Kompanie, 5 Korporalschaft à Osnabrück. Il laisse derrière lui :
- la tombe de son jeune frère Joseph, mort il y a 6 ans en 1908 à l'âge de 10 ans,
- la tombe de son père Joseph, mort de chagrin 2 mois plus tard à 43 ans,
- la tombe de Marie-Anne, morte à 3 mois en 1896,
- la tombe d'Aloïse mort en 1899 à 2 mois,
- la tombe d'Antoine mort en 1904 à 4 mois,
- sa mère inconsolable Marie Anne ANDRES, 48 ans,
- et son frère Aloïse, âgé de 13 ans.
Xavier est le seul homme de la famille, mais l'armée allemande n'a pas d'état d'âme.
Le 12 août 1915, Marie Anne écrit à son fils : « Cher Xavier, fait confiance sans douter à notre Bon Dieu et à la mère de Dieu et tu seras protégé et n'oublie pas de prier continuellement. Aloïse et moi prions tous les jours pour toi pour que tu rentres saint et sauf et heureux. Aloïse a brassé aujourd'hui le vin, la vache et le veau vont bien. Elise, la femme d'Emile MULLER s'est cassé la jambe. On lui avait attribué des chevaux militaires cantonné dans le village et voulait en profiter pour désherber dans les champs, lorsque sur la route de Zellwiller, les chevaux se sont mis à déguerpir et ont jeté la charrette dans le fossé et les chevaux par-dessus (Eugène a aussi eu un peu mal !). Dimanche matin les soldats logés chez nous vont partir ».
Le 24 août 1915, Marie-Anne, la mère de Xavier adresse au Régiment une demande de permission de trois semaines pour que son fils puisse l'aider à rentrer les récoltes. On ne connait pas la réponse de l'armée.
Aloïse MULLER qui dirigera l'épicerie en face de la mairie, à côté de l'école des filles [en savoir plus : Un épicier parmi d'autres ...]
Marie-Anne ANDRES avec son fils Aloïse au n°139 de la rue Principale
A suivre ...
Source : archives familiales de la famille Antoine MULLER
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 17)
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 16)
- Ouille ouille ouille !
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 15)
- Un corbeau à Valff !
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 14)
- L'affaire du Maire Chrétien BURGSTAHLER
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 13)
- Thiebault HILSZ, l'instituteur francophile
- Mémoires de guerre d'André VOEGEL (partie 12)