Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle de drôles d'engins appelés « Teufs-teufs » en France et « Motorenwagen » en Alsace, commencèrent à sillonner nos campagne. Quel a été l'accueil de la population et de la presse ?  Nous allons le découvrir avec la revue de presse de la genèse de l'automobile en Alsace, partie 1.

Les faits d'actualités automobiles

La montée du Sainte Odile en voiture déjà ... en 1897

Extrait du journal « Le Lorrain » du 31 août 1897 !

14 mai 1899

Le nombre des automobiles à moteur sur les routes ne cesse d'augmenter. A Paris, le rédacteur du journal « Le vélo » a croisé en une heure, dans l'avenue des Champs Elysées, 29 automobiles, 42 motocycles pour seulement 152 vélos. La police se trouve dans une situation désespérée. Pour endiguer les infractions impunies, elle a décidé de faire appel à des volontaires courageux pour la nouvelle brigade automobile qu'elle prévoit de créer pour équiper ce poste dangereux. Pour la course automobile du 14 mai 1899 entre Aix la Chapelle et Coblence se sont inscrits les frères Henri et E. JEANNIN de Strasbourg.

Nous constatons dans notre ville de plus en plus de touristes français circuler à bord de leur automobile à moteur. Ils parcourent ainsi de nombreux kilomètres pour visiter notre région.

Publicité de 1898

Traduction : « J'ai l'honneur de vous informer que j'ai repris la société MOTOR-KUTSCHE de M. BACHMANN. Les automobiles sont parfaites pour des excursions, promenades, la chasse, déplacements d'affaires, dans toutes les directions. Place pour 5 à 6 personnes. Prix 2 Mark/ l'heure. A. KELLER, Strasbourg dans la Nikolausstaden 4 (près de l'école du dragon, actuellement Lycée Jacques FREY, quai Charles FREY) ».

27 mai 1899

Le journal Strasburger Post publia : « Seul un cerveau américain est capable d'inventer une chose pareille ! "The race of the Century", une course entre un éléphant, un chameau, un cheval, une automobile et un vélocipède ! Sid, l'éléphant à 21 ans et pèse 4 tonnes est conduit par le cavalier Doolen. Sid, le plus grand éléphant du monde est toujours de bonne humeur sauf une fois où il a mal digéré son petit-déjeuner et a tué son gardien.  Ben Ali, le chameau, ne trotte que s'il est en compagnie de sa copine "Gabi" qui a donc été amenée aussi sur la piste. Cavalier Green. L'étalon "Ben l'australien" chevauché par Davenport a peur des éléphants et des chameaux. L'automobile est électrique et construit par la "Electric Vehicle Transportation Compagnie", 1 an, poids 500kg conducteur Houck, ancien conducteur de fiacre à moteur chez Helen Gould et son frère Franck. Puis il y a  Daisy, bicycle, 6 mois, 10 kg, cycliste Schinneer dont les ancêtres ont porté les pierres des pyramides et qui a été le vainqueur de la course cycliste des 6 jours de New-York et en 1897 et 1898 a gagné les courses des 36 heures de Chicago ».

Devant les 200 spectateurs transportés, on laissa à l'éléphant et au chameau 2 tours d'avance, puis démarra l'automobile, puis seulement le cheval et le cycliste. A l'occasion des dépassements, il se produisit un méli-mélo indescriptible. Premier l'éléphant, qui ne laissa personne le dépasser, deuxième, le vélo, troisième, l'automobile et en dernier le chameau. L'évènement a été photographié et montré dans toutes les cinémathèques d'Amérique et d'Europe.

Juin 1899

L'Etat français a voté une nouvelle loi. Désormais les fabricants de voitures doivent obtenir une homologation d'Etat. Le propriétaire doit déclarer son véhicule auprès de l'administration départementale. La colonne de direction doit posséder une plaque du propriétaire et des indications comme le poids, le genre de routes autorisées, la pression des pneus, ... La vitesse maximum sera limitée en ville à 20 km/h et en campagne à 30 km/h. Les voitures doivent posséder une lumière blanche et verte à l'avant et rouge à l'arrière. On réfléchi à mettre en  état pour les automobiles, les anciennes voies de chemins de fer abandonnées. Une taxe pour les automobiles est également adoptée en octobre. Elle sera calculée à Paris en fonction du nombre de places assises des véhicules. Les automobiles de 2 places payeront 50 francs (150 euros) celles de 4 places 100 francs. Dans les autres départements la taxe est calculée selon le nombre d'habitants et varie de 10 et 75 francs.

12 juillet 1899

Le journal Strasburger Post publia sous le titre « L'ère des conducteurs solitaires » l'article suivant : « L'automobile club de France a de nouveau organisé, au jardin des Tuileries, une exposition de véhicules avec, entre autres, les voitures de l'aciérie ferroviaire De Dietrich de Lunéville et Niederbronn en Alsace dont les automobiles font une agréable impression. Equipés du moteur à pétrole BOLEE qui, avec son moteur horizontal, leur confèrent une certaine stabilité et sécurité. Le moteur a été amélioré, car l'ancien avait provoqué quelques accidents car les voitures faisaient marche arrière dans les pentes un peu raides. Le visiteur pourra également admirer un tricycle à vapeur anglais de 1881, le premier de la sorte. L'engin fut interdit sur les routes d'Angleterre. A voir aussi une 4 roue primitive de Daimler de Cannstadt de 1889 et un tricycle de 1891 et 1894. Avec ces véhicules à débuté l'ère des moteurs et des carrosserie pour l'industrie française et tout cela seulement grâce à l'invention des deux inventeurs allemands, Daimler et Bentz de Mannheim. Aujourd'hui la France est à la pointe de l'industrie automobile et a plusieurs années d'avance sur la concurrence, pour preuve l'automobile club a organisé un concours pour la mise au point de voitures électriques à accumulateurs. La France progresse sur tous les fronts: trains, tramways, machines agricoles, automobiles et motocycles. C'est pour cette raison que les autres nations, en dehors de l'Amérique, sont peu représentées. D'abord réservé aux riches, cette activité tend, peu à peu, être à la portée de la classe moyenne. Le Président de l'Automobile Club de France le baron de Zuylen de Nyevelt a d'ailleurs dévoilé des chiffres : en France il y a aujourd'hui 600 usines, 120 000 ouvriers et l'argent engagé se monte à 100 millions de Francs. Le chiffre du nombre de voitures produites en 1898 se monte à 3250 exemplaires ! »

Seules 5% des voitures peuvent être livrées de suite. Pour les acheteurs, il faut se munir de beaucoup de patience. Tout va très vite, un brevet d'aujourd'hui est caduc demain. On loue déjà des automobiles à Paris aux riches américains et anglais en visite. Elles servent également de supports publicitaires. Les conducteurs n'imaginent même pas revenir à la calèche. A quand mettra-t-on, dans la dot de la future mariée, une confortable voiture électrique ?

En décembre, le même journal relata qu'en Amérique on avait presque abandonné la construction et l'élaboration des moteurs à combustion, car les américains, selon le journal, roulent énergiques et il est plus confortable de conduire un véhicule électrique. Le premier véhicule de transport de lait est à mettre au compte de la ville anglaise d'Eccles dans le Lancashire. Le véhicule peint en rouge et équipé de pneumatiques peut transporter 1 tonne. Le « Milchmotor » parcours tous les jours, en 7 heures, la distance de 80 Miles et consomme pour 1 Shilling de carburant. Comme le lait est livré plus frais, le nombre de commandes a explosé.

L'armée

En France, les officiers de la section aéronautique de Meudon ont mis au point un convoi de remorques, tractées par une voiture à moteur. Les remorques peuvent être décrochées et attelées à des chevaux pour desservir les routes secondaires. L'avantage est qu'un cheval ne peut parcourir que 30 à 40 km par jour alors que les automobiles peuvent, à la vitesse de 10 km/h, parcourir aisément 100 km en 10 heures.   

La locomotion automobile en 1900

1899

Paul KELLER habitant au 43 de l'avenue Kléber à Strasbourg demande en 1899 son adhésion à l'Automobile Club de France.

18 octobre 1899

On signale un vol : un gros groin-groin ou klaxon a été dérobé à Illkirch-Graffenstaden sur la voiture d'un automobiliste. C'est nouveau !

A suivre ...

Source : Gallica

En savoir plus :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.