- Écrit par : Antoine MULLER
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La joie de l'arrivée du Sauveur se manifestait par maintes coutumes. Dans presque tous les foyers on voyait luire dans la nuit le sapin de Noël et la crèche a pris place sur une table ou un meuble de la chambre. Le Christkindel et le Hanstrapp avec son âne faisaient leur apparition et réjouissaient la jeunesse. Au courant de la soirée nous avons préparé une botte de foin et l'avons accroché à l'entrée de la maison afin que l'âne puisse se régaler et que le Hanstrapp soit clément avec les enfants pas trop sages pendant l'année. Assis à côté de nos parents nous attendions ce moment avec un peu d'angoisse.
Avec l'apparition du Christkindel on priait, on chantait et on promettait d'être encore plus sage. Puis le Christkindel cherchait les cadeaux entreposés dans le couloir et les distribuait à chacun. Avant de repartir le Hanstrapp se manifestait lui aussi avec sa chaînette pour provoquer quelques grincements. Après son départ, la joie et le soulagement sont revenus et on commençait à déballer nos cadeaux. Avec mes sœurs je me rappelle des jouets reçus à cette occasion : jeux de sociétés, landau avec poupée, cahiers à colorier, boites de perles, train électrique, machine à vapeur avec moulin, cithare, boîte de construction, boîte à cubes, nappes à broder, ...
Pendant des années on jouait avec tous ces cadeaux reçus, on les estimait, on les rangeait soigneusement. Cette veillée de Noël était fatigante mais la joie et le plaisir l'ont emporté. La messe de minuit était fréquentée par nos parents, par contre nous avons été dispensés de cette démarche pour récupérer de la fatigue et du sommeil accumulés. Pendant l'occupation allemande, la messe de la naissance du Christ avait lieu le soir à 18h00. Après la messe de minuit mon père se rendait dans l'étable pour réveiller les vaches et leur donner à manger car elles aussi devaient participer à la joie générale. Cette coutume était pratiquée par tous les agriculteurs du village. Avant la guerre, mon père m'emmenait souvent à Strasbourg pour admirer la vitrine de chez Wery sous les arcades.
Magasin Wery à Strasbourg (crédit : www.archi-wiki.org)
Maintenant, tous les magasins et grandes surfaces regorgent de jouets à voir et à acheter toute l'année. On ne découvre plus les jouets uniquement à Noël comme autrefois. Les jeunes perdent beaucoup de cette joie. D'autre part les marchés aux puces sont envahis aujourd'hui par la jeunesse vend elle-même les jouets reçus des parents, parrains et marraines. Une tradition, que nous regrettons beaucoup, remplacée par un temps de consommation et où ce temps d'attente fait défaut ...
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