- Écrit par : Antoine MULLER
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L'entrée du Christ dans Jérusalem de Felix Louis LEULLIER
La vie religieuse était rythmée par le calendrier liturgique. La semaine pascale en constituait le moment le plus riche et le plus émouvant.
Le dimanche des Rameaux
La bénédiction des rameaux avait lieu à l'église Sainte Marguerite suivie de la procession vers l'église paroissiale Saint Blaise. Deux ou quatre chantres entraient à l'intérieur de l'église ainsi que les fidèles. Puis la porte se fermait. Les chantres à l'intérieur entonnaient le « Gloria laus ... » qui fut repris en refrain par les chantres restés à l'extérieur. Le prêtre frappait alors une première fois à la porte de l'église avec la hampe de la croix, et chantait en latin : « Attolite portas, principes vestras ... » (Ouvrez vos portes, 8 princes ! et vous, portes éternelles, ouvrez-vous et le Roi de gloire entrera). A l'intérieur la chorale demandait : « Quis es iste Rex gloriae ? » (Qui est ce Roi de gloire ?). Le prêtre répondait : « Dominus fortis et potens ... » (C'est le Seigneur, fort et puissant, c'est le Seigneur puissant dans le combat). Ce n'était qu'à la troisième demande que le portail s'ouvrait laissant pénétrer en procession curé, servants de messe et porteurs de rameaux. Suivait la messe et la lecture de la passion.
Pendant le temps pascal, du dimanche des rameaux au dimanche de Quasimodo, les fidèles qui communiaient, après le « Oschterbicht », avaient droit, une seule fois, à une image pieuse numérotée. Cette distribution permettait au curé d'évaluer le nombre de personnes fidèles à la communion pascale (Osterkommunion). On attachait une grande importance à la communion pascale dans sa paroisse.
Le Jeudi-Saint
L'office débutait avec la lecture des psaumes et le chant des lamentations. Pendant que les fidèles chantaient le « Gloria » les orgues jouaient, les cloches sonnaient et les servants de messe faisaient résonner leurs sonnettes. Après le « Gloria » toute sonnerie dans les églises et tout usage des orgues étaient suspendus jusqu'au « Gloria » du Samedi-Saint. Les croix sur les autels étaient revêtues d'un voile blanc. La petite sonnette de l'autel était remplacée par un instrument en bois (Spack-hammer) en français « Toque-maillet ». Pour nous emmener dans le mystérieux, on nous faisait croire à l'envol des cloches pour « Rome » et leur retour pour le Samedi-Saint. Alternativement avec Louis JOST je chantais les lamentations de Jérémie entrecoupées d'un « Aleph - Beth - Daleth ». Il en était de même pour les lamentations du Samedi-Saint.
Illustration de la mobilisation des habitants de Valff à l'occasion de la Fête Dieu
Le Vendredi-Saint
Ce jour était d'une dévotion toute particulière. Les croix sur les autels et le crucifix étaient revêtus d'un voile violet en signe de deuil. L'office comportait des chants, des psaumes, la lecture de la passion, des oraisons et l'adoration de la croix. Nous autres, servants de messe, avions intérêt à ne pas porter de chaussettes trouées, car c'est en chaussettes que nous accompagnions le curé au moment de l'adoration de la croix. Ce jour là, une autre tache nous attendait : préparer le feu du Samedi-Saint. Tout bois trouvé aux abords de l'église Saint Blaise était amassé, ainsi les vieilles croix en bois mises à la réforme au cimetière. Le tas de bois était ainsi rassemblé sur la place de l'église « fer d'r Jud ze verbranna » très tôt le samedi matin. On en voulait à Judas, le traître ... On confiait également à tous les servants de messe le nettoyage des objets de culte, notamment chandeliers, croix, bénitiers et encensoirs. On ramenait les objets chez soi et avec du « Sidol » on essayait de les rendre brillants.
Le Samedi-Saint
A 5h00. les enfants de la profession de foi allumaient le feu sur la place de l'église. La cérémonie commençait le matin à 6h00. avec la bénédiction du feu et du cierge pascal. Souvent le feu prenait une telle ampleur qu'il était impossible de prélever des braises et d'allumer le cierge pascal. A la lecture des prophéties et les chants de lamentation suivaient la bénédiction des fonds baptismaux. Une cuve contenant 200 à 300 litres d'eau était entreposée à l'intérieur du porche de l'église. Après les litanies des saints, résonnait joyeusement « l'Exultet ». Au « Gloria », les servants de messe célébraient la joie de Pâques en agitant frénétiquement leurs sonnettes. Le joyeux « Alleluia » retentissait à nouveau ainsi que l'harmonieuse voix des orgues et des cloches. L'office se terminait vers 9h00. Pendant toute la journée les paroissiens s'approvisionnaient avec le « Melichkannel » en eau bénite dans la réserve qui se trouvait à l'intérieur du porche de l'église.
Le Dimanche de Pâques
Jour de la résurrection du Christ, fêté avec messe solennelle et vêpres. Il était de coutume que l'église revêtait le décor festif identique à celui de la fête patronale. Enfants et adultes portaient des habits neufs de saison (S'Oschterkleid un d'r Oschterhuet). Pour les enfants sages, le lièvre de Pâques se cachait derrière un arbre dans le jardin des parents et dans celui du parrain et de la marraine. Que de beaux souvenirs. On attendait ce jour avec beaucoup d'impatience. Une belle tradition qui plaisait toujours !
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