Notre revue de presse d'avant la première guerre continue. Suivez avec nous les nouvelles surprenantes et cocasses que lisaient nos grand-parents au début du XXème siècle. La traduction de l'allemand retrace l'esprit et les termes de l'auteur de presse.

Edition du 2 février 1913

Dans l'édition de l'hebdomadaire « Der Volksfreund » du 2 février 1913 nous apprenons les informations suivantes (traduction de l'allemand) :

  • Divers : Pourquoi voit-on tant de fonctionnaires d'Etat aller à l'église le jour de l'anniversaire de l'Empereur ? Réponse : parce qu'ils ont plus peur des hommes que de Dieu ! (c'est dit !)
  • Ottrott : l'exploitant Karl GROSS, propriétaire de la carrière à Saint Nabor, a été condamné à une peine de 40 Marks ou un emprisonnement de 10 jours pour avoir laissé traîner ses bâtons de dynamites et ses détonateurs dans un local chauffé et non fermé à clé. 

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Edition du 9 février 1913

  • Suède : La température est descendue la semaine dernière jusqu'à - 43 degrés. Record battu !
  • Russie : Un juif restera un juif ! Le notaire DYVONESK de Saint Petersbourg qui s'était converti au christianisme a laissé après sa mort un testament dans lequel il avoue avoir simulé sa conversion pour gagner des clients et être toujours resté juif dans son coeur. Quelle honte !
  • Strasbourg Neudorf : Un homme de 45 ans a été renversé devant sa maison au n°100 rue du Polygone par une automobile. Il a subit diverses blessures aux cotes. C'est ça le progrès ? 
  • Strasbourg : Le 12 février, Alarme générale à Strasbourg ! Branle bas de combat ! L'empereur Guillaume II va arriver à Strasbourg à 12 heures ! Un homme habillé d'une pèlerine grise et d'une casquette se présenta à la garnison du Polygone avec ce télégramme : « Toute la garnison doit être en alerte. Je suis à Wissembourg et serait au Polygone à 12 heures ». Signé Wilhelm I.R. ». L'homme qui présente le télégramme se dit être Hauptmann VON KOPENIK, le gouverneur de la ville. La garnison défile devant lui pour vérifier si la parade prévue est irréprochable. Toute la ville de Strasbourg est quadrillée en catastrophe et des dispositifs exceptionnels sont pris. On prépare un accueil chaleureux. Midi ... et pas d'Empereur ! En fait il s'agissait d'une mystification ! Le coupable est un garçon déséquilibré de Metz du nom Johann MOLTER qui habite ici à Strasbourg chez ses parents. C'est lui qui aurait écrit et falsifié le télégramme en se présentant comme étant le fameux  Hauptmann VON KOPENIK. « Bientôt la blague va être connue dans toute l'Europe et qu'est ce que l'on va rigoler des Allemands en se moquant ! » (dixit), ironise l'auteur de l'article du Volksfreund. L'Empereur fut parait il grandement irrité par l'affaire. Il aurait explosé de colère en parlant du laxisme de son armée et de l'humiliation subie en vociférant : « Je vais tout pulvériser ! ». Des généraux vont devoir s'expliquer... Le coupable MOLTER dont le père est douanier allemand à la retraite a été interné en psychiatrie à l'hôpital civil de Strasbourg avant son transfert à l'asile de Stephansfeld près de Brumath. Il parait qu'on lui aurai remis une photo qu'un photographe avait prise de la garnison du Polygone lors du défilé en son honneur. A l'hôpital tout le monde est plié de rire ! L'affaire va avoir de lourdes conséquences. Le vrai gouverneur militaire de Strasbourg, le général d'infanterie VON EGLOSSTEIN sera remplacé par le commandant de la 29ème division, le général VON DAIMLING ... des têtes tombent. Grandement humilié par tous les journaux européens qui retracent l'affaire, le Kaiser veut réorganiser son armée et redorer sa gloire en Europe ! Les graines d'un conflit à venir sont semées ... et l'histoire de Strasbourg en est t-elle les prémisses ?

  • C'est une précédente supercherie qui inspira vraisemblablement Johan MOLTER. La première histoire du Hauptmann von KOPENIK date de 1906 à Berlin et avait déjà été relayé dans toute l'Allemagne. Comme quoi les meilleures blagues fonctionnent toujours !

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Edition du 16 février 1913

  • Angleterre : Le capitaine et explorateur SCOTT avait atteint le pôle sud le 18 janvier 1912. L'expédition a vraisemblablement disparu des suites de conditions climatiques désastreuses et par manque de nourriture ou du scorbut. Tous les 5 membres de l'expédition sont morts (après la découverte de leurs corps le 12 novembre 1912 on retrouvera également les carnets de SCOTT. Le 19 janvier il avait écrit : « Je crains que le voyage retour sera [...] monotone ». Le 29 mars il ajoute : « Par Amour de Dieu, prenez soin des nôtres »)

  • Strasbourg : Notre très vénérable Évêque de Strasbourg a émis un circulaire dans lequel il interdit à tout catholique d'Alsace de se laisser incinérer après la mort. Tout catholique incinéré n'aura droit ni aux onctions ni à la messe funéraire.

Edition du 23 février 1913

  • Krautergersheim : Une assemblée d'information a été daté pour le 2 mars pour débattre de la future liaison ferroviaire projetée entre Strasbourg - Blaesheim - Innenheim - Krautergersheim - Meistratzheim - Valff - Zellwiller et Obernai. 

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Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.