- Écrit par : Rémy VOEGEL
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Comment procédait-on au milieu du XIXe siècle pour retrouver des criminels ? Pas de section scientifique, pas de fiches informatiques et encore moins de moyens de communications performants. Pourtant, comme nous allons le voir, la maréchaussée, pouvait compter sur des informateurs locaux.
« Aujourd'hui, vingt-trois décembre 1841, à 10 heures du matin, le sacristain venu dans la demeure du sieur Tiebaud HAMANN, prêtre-curé retiré à Schlestadt, le trouva mort dans sa chambre, baigné dans son sang ... ». C'est ainsi que débute la lettre de signalement adressée par le procureur du Roi, DISPOT, au maire de Valff. La missive imprimée à Sélestat et diffusée dans les mairies de la région avait pour objet la collecte d'informations pouvant mener à l'interpellation d'un individu qui avait soupé la veille avec la victime. L'homme d'environ 25 à 30 ans, de taille d'environ 1 mètre 65, mince, d'une figure pâle et allongée, un nez long et pointu, cheveux noirs, vêtu d'un pantalon bleu en drap, chemise plissée, veste foncée, gilet jaune, casquette à visière et chaussé de bottes aurait emporté après avoir tranché la gorge du prêtre avec un rasoir, 3 à 4 pièces d'or, un manteau en drap bleu, une montre ancienne en argent, un parapluie rouge et bleu. L'individu avait accompagné, la veille, le curé de la gare de Sélestat à son domicile tout en causant familièrement, passé la nuit chez la victime avant de quitter les lieux à 5 heures du matin.
Extrait du journal La Phalange en 1841
La missive est adressée au Maire Joseph JORDAN avec la mention signée du procureur : « nécessité de fermer ». L'enquête commence. Une main informée transcrit au dos du papier, une liste de 13 suspects potentiels. Le curé HAMANN avait-il séjourné à Valff avant de prendre le train pour Sélestat ? Les noms manuscrits sont des jeunes du village dans la tranche d'âge recherchée. La notion de présomption d'innocence n'existant pas, on peut aisément imaginer que les désignés avaient été choisis sur leur réputation peut-être sulfureuse, on ne trouve pas un seul jeune de famille riche ! Il est fort probable qu'une enquête d'emploi du temps ai donc été diligenté par nos élus zélés.
Vol d'oies
Le procureur de Sélestat DISPOT pris l'habitude d'envoyer des lettres de Signalement. Le 26 décembre 1841, c'est un vol d'oies à Sand qui motive le magistrat : une bande organisée de voleurs sillonne la région et une nouvelle demande de renseignements atterri sur le bureau du maire de Valff.
Un incendie en 1842 à Gerstheim ... et une nouvelle requête.
Vous étiez capturés et condamnés ? Case prison, mais cela ne s'arrêtait pas là. Prenons le cas d'Anne Marie BITTEL : elle fut emprisonnée à la Maison de Correction de Strasbourg pour abus de confiance et vagabondage pendant 3 mois et 1 jour. Après avoir purgée sa peine, l'administration pénitentiaire envoya à la commune de Valff, un avis de surveillance pour une période de ... 5 ans ! Déménager ? Pensez-vous ! Il fallait au préalable en informer le maire qui décidait ou non d'octroyer une feuille de sortie. En Alsace la ville de Strasbourg était interdite au individus sous surveillance.
Des nouvelles d'Anne Marie BITTEL?
La femme de 46 ans, âge déclaré aux autorités, en avait en fait 53, s'était installée dans le haut-village chez sa tante de 74 ans, mendiante elle aussi, indigente et veuve. Il fallait bien trouver une adresse à signaler à l'administration ! La commune subvient à la pauvre par le biais de la Caisse de Bienfaisance. Anne Marie avait un arrière cousin aubergiste, rien de tel pour oublier sa misérable existence. Dernière d'une fratrie, dont les enfants meurent en bas-âge, des parents pauvres, une mère vannière avec de maigres revenus avant de disparaitre à son tour, pas de mari et le résultat est le désoeuvrement. Elle avait fini par quitter le village pour tomber rapidement dans la déchéance avec le sort qu'on lui connait. Mais voilà ! Revenir et affronter le jugement des gens est trop lourd à porter et personne n'a envie de lui donner une deuxième chance. Elle quitte définitivement le village pour ne plus jamais y revenir. Elle disparaitra définitivement dans les méandres de l'histoire...
(PS : ses cousins aubergistes finiront dans la même misère).
SDF : Sort et Destin Famillial !
Sources : archives communales
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