- Écrit par : Antoine MULLER
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Le ramassage du lait dans notre village a son histoire qui s'est arrêtée en partie le 31 mars 1994 avec la fin du « Meclihheisel ».
Après la première guerre mondiale, Messieurs Charles et Florent VOEGEL ramassaient le lait chez les paysans. Une charrette tirée par un cheval était le moyen de transport. Le lait était ramené à la gare de Goxwiller pour l'acheminer par train à Strasbourg.
Direction Strasbourg
Aux environs de 1930, Messieurs SPITZ (n°284) et Georges EICHMULLER (n°16) ramassaient le lait dans le village pour la laiterie locale de Monsieur Mathieu KORMANN. Cette laiterie écrémait le lait et fabriquait du beurre. On pouvait donc se procurer sur place du lait, de la crème et du beurre. A cette époque, des ramasseurs de lait venaient également de l'extérieur, notamment SCHWANGER, SIEBENTRITT et FRIEDRICH de Barr et HOFFMANN de Mittelbergheim. Ils avaient chacun leurs propres fournisseurs et le lait était destiné à leurs clients de Barr. En 1938, on comptait à Valff 462 vaches. Cette méthode de ramassage à domicile n'était plus tolérée pendant la période 1939/45. Y. KORMANN était obligé d'arrêter l'exploitation de sa laiterie. Pour pallier à ce manque un système de réfrigération à base d'eau courante pompée directement depuis la nappe phréatique, a été installé dans un local vide au n°134. Les paysans apportaient le lait à cet endroit de ramassage géré par M. Joseph HIRN.
Au début de l'année 1944, ce dernier, absent quelques mois pour échapper à l'incorporation allemande, était provisoirement remplacé par M. Paul SAAS, tailleur d'habits. La quantité de lait apportée, est mesurée et versé dans un entonnoir. Le lait coulait ensuite à travers un rideau métallique réfrigérant, et était stocké dans des bidons à lait d'une contenance de 40 litres. Au courant de la matinée, M. KORMANN passait avec son camion pour charger le lait destiné à la laiterie de Strasbourg. Il collectait aussi le lait dans les villages environnants. Pendant toute la durée de l'occupation allemande, les livreurs de lait avaient droit à une quantité de beurre calculée sur la base du volume de lait livré, mais néanmoins payante.
Un ramassage par pluie, vent, neige, ...
De 1946 à 1951, le ramassage du lait se faisait de nouveau à domicile par M. Charles VOEGEL. Pendant cinq années il parcourait les rues du village avec son cheval attelé à un char à bancs pour chercher le lait directement chez les paysans. Le lait collecté était acheminé comme d'habitude par M. KORMANN à la laiterie de Strasbourg. Après le décès de M. Charles VOEGEL en 1951, Monsieur Georges HIRTZ a pris la relève. Il continuait de la même manière à ramasser quotidiennement le lait chez les producteurs et était accompagné, occasionnellement, par Monsieur Xavier FUCHS. Tous les matins à partir de 6h, par beau temps, pluie, vent, neige, froid, verglas, ils sillonnaient les rues pour ramasser le lait que le producteur avait déjà posé devant sa porte. M. Georges HIRTZ mesurait le lait dans un bidon muni d'une jauge et reportait la quantité livrée sur la carte de lait de chaque livreur. Le fidèle cheval, attelé au char à bancs, sans consigne, avançait régulièrement et respectait la cadence imposée par le ramassage. Les ramasseurs vendaient, en même temps, du lait aux particuliers.
Un nouveau local à la Mairie
Pour ne privilégier personne, ils débutaient le ramassage une semaine au village haut et l'autre semaine au village bas. Le 30 septembre 1968 marquait la fin du ramassage à domicile. Après presque 18 années de fidèles services, le maître et son cheval prennent le repos. En effet, Monsieur Georges HIRTZ prend une retraite bien méritée.
Le laitier a fait sa dernière tournée ... (Dernières Nouvelles d'Alsace - 30 septembre 1968)
Dès lors la législation a changé et la coopérative laitière locale était obligée de trouver une autre solution. Il fallait s'orienter vers la construction d'un centre de ramassage. La commune proposait à cette époque trois emplacements à savoir : rue des Flaques, rue Meyer, rue des Forgerons. Le choix de l'emplacement était difficile pour le comité de la coopérative. Finalement le 21 octobre 1968 une décision a été prise pour la transformation d'un local de la mairie en prolongement du dépôt d'incendie. Une porte d'entrée coté Est a été installée. Pendant l'année de construction et d'aménagement du local le lait était collecté dans le hall d'entrée donnant accès à la salle de la mairie et ceci par la petite porte coté Ouest. Le 16 décembre 1968 le contrat de bail entre la commune et la coopérative laitière a été signé et le 27 janvier 1970 la municipalité lui accorde une subvention de 2000 francs pour la construction du local.
Dernière livraison le 31 mars 1994. De gauche à droite : Paul LUTZ, Joseph HIRTZ et Gérard VOEGEL
Depuis le retrait de M. HIRTZ la collecte était confiée à M. Paul SAAS. Celui-ci continuait ce service dans le nouveau centre de ramassage jusqu'en 1972. En raison de maladie, il passait la relève à M. et Mme Florent SAAS qui pendant 10 ans géraient ce centre à la satisfaction de tous. Il y avait toujours possibilité de s'approvisionner en lait et en beurre. Ce nouveau local était équipé d'une citerne réfrigérante en continu. On pouvait apporter le lait le matin et le soir. Journellement, le lait était pompé dans un camion-citerne qui le transportait à la laiterie de Strasbourg.
Victime du progrès
A partir de 1982, les quelques producteurs locaux étaient appelés à se relayer toutes les semaines pour assurer le service de ramassage et l'entretien des installations. Au fil des années, le nombre de producteurs de lait baissait. Les trois plus grands producteurs avaient fait installer des citernes privées. Cette situation obligeait la coopérative de cesser son activité le 31 mars 1994. C'était la fin du « Melichhiesel », la fin aussi de la rencontre quotidienne des paysans habitués à se rencontrer et à échanger leurs expériences personnelles dans le domaine agricole, sans oublier d'évoquer les événements locaux et du pays.
De gauche à droite : Pierre ROSFELDER, Gérard VOEGEL, Joseph HIRTZ, Paul LUTZ, Edouard STUMPF et Antoine MULLER
Dernière livraison en ce 31 mars 1994
Gérard VOEGEL
Paul LUTZ
Joseph HIRTZ
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