- Écrit par : Rémy VOEGEL
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Propriété de Xavier HIRTZ (21, rue Haute, collection Antoine MULLER)
18 juillet 1936, 16h00. Le ciel bleu du matin s'assombrit, des éclairs déchirent le ciel, les lumières s'éteignent. De gros nuages noirs et jaunes retentissent d'un grondement lugubre. Des grêlons gros comme des oeufs de poule s'abattent sur le village et les alentours. Parmi la population c'est l'épouvante. Certaines personnes avec leur attelage se trouvent encore aux champs. Elles subiront la catastrophe sans un abri. Les agriculteurs sont anéantis : nous sommes à quelques jours des moissons !
Après le sinistre s'offre à eux une désolation sans nom. Le blé, l'orge, l'avoine et le tabac sont rasés. Les pieds de 30 hectares de vignes ressemblent à des spectres émaciés. Des centaines d'arbres fruitiers sont déracinés et ceux qui sont restés debout ont perdu leurs feuilles comme en hiver. Les animaux des champs gisent à même le sol. Lièvres, lapins, faisans et perdreaux ont péri dans la tourmente. La cueillette des cadavres se fit en plein champs.
Dans le village, trois hangars et un séchoir à tabac se sont effondrés. La grande cheminée de l'école des filles et son nid de cigogne se sont envolés. Deux cigogneaux passés à trépas gisent sur le pavé.
L'événement fit la Une des journaux locaux et fût repris par des gazettes nationales et internationales. Monsieur NIERENBERGER, Conseiller Général d'Obernai, appela à la solidarité. La reine des Pays-Bas, Wilhelmine d'ORANGE-NASSAU, en villégiature au HOHWALD, touchée par cette infortune, fit un don appréciable.
La reine Wilhelmine des Pays-Bas
Récit d'un témoin occulaire
« A partir de 16 heures il commença à faire nuit. Vers 19 heures 15 et pendant un quart d'heure une tornade s'abattit sur la commune. Des vents avec des pointes autour de 120 km/h arrachèrent les toits. Le jour se transforma en nuit. On ne vit plus rien à plus de 5 mètres. Des grêlons, pour les plus petits gros comme des oeufs de pigeons pilonnèrent les cultures dans le sol. La récolte qui devait débuter lundi était défoncée. Toutes les céréales ravagées, les pieds de pommes de terre disparus, la vigne ressemblant comme en hiver mais avec l'écorce en moins, le maïs tel des piquets hérissés. Les champs un désert. Tout le travail et la sueur d'une année pour rien. Une récolte qui devait s'annoncer comme l'une des plus prometteuse de ces dernières années anéantie en 10 minutes.
A cela il faut ajouter la perte des arbres fruitiers, déracinés, brisés, qui sont bons à être coupés. Des noyers, cerisiers et poiriers presque centenaires à terre surtout côté ouest, le long des routes de Goxwiller et Zellwiller et du Kappelfeld. La grange et le séchoir à tabac, construit que depuis quelques années, de Louis HIRTZ dans la rue Haute s'étaient effondrés comme un château de cartes. Seule la maison d'habitation resta debout. Les hangars de l'agriculteur KORNMANN et du menuisier HIRTZ s'étaient transformés en amas entremêlé de poutres, de tuiles et de briques. Les propriétaires traumatisés se sauvèrent avec leur attelage. La grange d'Albert ROSFELDER s'est adossée à la bâtisse voisine pour ne pas s'écrouler.
Particulièrement les toits de la mairie, l'école, le presbytère et la chapelle Sainte Marguerite furent découverts. La grêle fracassa plusieurs fenêtres. La pluie dense qui suivit s'engouffra dans les ouvertures béantes et l'appartement de l'instituteur GUGUSMUS et des soeurs enseignantes se retrouva inondé ».
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