Le Barrer Kantonsblatt paraît pour la première fois en 1882. Le journal publie les annonces judiciaires. On peut y découvrir les décisions semestrielles du tribunal de Barr avec les noms et les sentences des condamnés essentiellement originaires du canton de Barr. Le journal indique, par exemple, les noms des clients ayant séjourné dans le grand hôtel du Hohwald. Discrétion assurée ! On peut aussi y découvrir quelques rares nouvelles locales, nationales et internationales ainsi que boursières. L'imprimerie se situait à Barr et était régie par le rédacteur en chef Gaudemar. Il paraitra jusqu'en 1918.
Dans cet article, nous allons éplucher les nouvelles de la commune de Valff.
10 mars 1883
Un spectacle ahurissant s'est déroulé devant notre mairie. Une bande de tzigane a commencé à se chamailler entre eux, au point que les femmes s'arrachaient leurs cheveux crasseux et leurs habits pouilleux, tout au plaisir de nos jeunes garçons qui purent ainsi admirer quelques parties charnues. La police locale a eu un mal fou à séparer ces hystériques. Depuis quelque temps, des hordes sauvages traversent les localités et alors que les hommes sont aux champs, entrent dans les maisons, insistent, et ne quittent les lieux avant que la maitresse de maison n'ait accepté qu'on lui lise la bonne aventure ou fournisse du lard, des œufs, du pain, du foin ou de la paille.
24 juillet 1883
Ce matin notre cloche d'alarme (Sturmglocke) a réveillé la population. Le feu avait pris dans la grange de la veuve KLEIBER et s'était étendu à la grange de Florent ROSFELDER de la veuve LUTZ et de mademoiselle RINGEISEN. Grâce à l'intervention rapide de nos pompiers et de ceux des alentours, le feu a pu être maitrisé après une heure. Malheureusement, certains animaux, on périt. On suppose qu'il s'agit d'un incendie criminel (l'incendie a eu lieu aux n° 211, 212, 213, 214 de la rue Principale).
8 mars 1885
Par ordonnance de son Excellence le Statthalter en date du 22 février, le sieur Antoine FREYDER, adjoint au Maire, a été révoqué de ses fonctions.
10 octobre 1885
L'employé communal BARTH a acheté dernièrement aux enchères, après décès, une magnifique robe pour sa femme. Lorsque cette dernière a décousu la doublure, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir à l'intérieur un billet de 100 Mark ! BARTH, homme honnête, s'empressa de retrouver l'héritier pour lui rendre l'argent. Il a été gratifié d'une récompense.
7 avril 1886
12 août 1986
Le géomètre Louis WEIMAR, 38 ans, employé à la révision du cadastre, est mort lundi dans les champs à Valff lors d'une attaque d'apoplexie foudroyante. Il laisse une veuve et quatre enfants.
12 septembre 1886
Une fort triste histoire se raconte dans les chaumières. Une future mariée avait ajusté avec le plus grand soin sa toilette pour ce qui devait être le plus beau jour de sa vie. Le banquet pour 30 personnes était préparé à l'auberge du village. Le cocher avait décoré sa calèche et attendait en costume devant la maison. La mère de la mariée ajuste les derniers plis de la robe. Tout ce monde n'attend plus que le futur époux qui s'est retiré dans sa chambre. Les quart d'heures passent. Les chevaux s'impatientent, la famille souffle. On entreprend de retrouver le marié …
Et oh ! stupéfaction ! on découvre que ce dernier s'est éclipsé par la fenêtre arrière de la chambre ! Comme un malheur ne vient jamais seul, dans l'après-midi, un huissier de justice toque à la porte et entreprend de répertorier tous les meubles pour une saisie. C'est la consternation ! Tard dans la nuit, le malotru essayera de s'introduire dans la maison pour récupérer des biens de valeur. La police mettra un terme à ses agissements. Pauvre fiancée !
2 juillet 1887
Le 24 juin à 13 heures de l'après-midi, dans le domaine de Xavier BAUER, s'est déclaré un violent incendie. Le feu s'est rapidement étendu au bâtiment annexe de François Guillaume LUTZ et à la grange d'Armand WILLMANN. Pour éteindre l'incendie, il a fallu faire appel aux pompiers de Bourgheim, Zellwiller, Stotzheim, Meistratzheim et Goxwiller, etc. La cause de l'incendie pourrait âtre des enfants qui ont été vus en train de jouer avec des allumettes. Les dégâts sont couverts par les assurances. (Armand WILLMANN, boulanger, habitait au n°61 de la rue Principale en 1885 . Xavier BAUER n'a vécu à Valff que le laps de temps de l'incendie, il n'est pas recensé).
13 octobre 1890
Cette semaine, un marchand de céréales de Valff a laissé une ardoise à de nombreux fournisseurs. Il a aussi demandé un emprunt. Les créanciers se sont rendus chez la mère et le frère du fugitif.
2 juin 1891
Un violent orage s'est abattu, mardi, sur la commune. Tout à coup, un éclair s'est abattu sur une grange et le feu s'est étendu sur celle du voisin. Les secours ont pu sauver un cheval et le bétail. La pluie battante a permis d'éteindre l'incendie après 3/4 d'heure.
1893
17 jeunes gens d'Alsace Lorraine sont morts dans les derniers temps à la Légion étrangère, dont Joseph HIRN de Valff.
15 décembre 1894
Une femme et ses deux filles ont été arrêtés alors qu'elles volaient des tissus pour une valeur de 400 Mark chez le marchand Joseph WEIL. Les deux filles étaient employées chez le marchand dont la plus jeune était encore apprentie. Les femmes ont été condamnées à 8, 5 et une semaine de prison. Elles étaient connues, à ce jour, en ayant une bonne renommée.
1er janvier 1894
Notre épicier, spécialisé dans l'alimentation fine, rêvait depuis bien longtemps de déguster un « Hasepfaffer » (lapin au poivre). Des amis en ont profité pour lui cotiser, pour le Nouvel An, le repas de son rêve. Notre épicier salivait abondement quand il entreprit de passer sa fourrure par-dessus les oreilles du lapin. Mais oh ! surprise ! A l'intérieur, la viande du lapin avait disparu ! À la place, surgit un chat enragé qui bondit et disparaît en un éclair ! Fini le rêve du délicieux « Hasepfeffer ». Pour un « Katzepfeffer », notre épicier n'avait pas l'appétit. Inutile de lui reparler de l'histoire, il en ferait tout un plat !
10 septembre 1894
Notre maire a envoyé dernièrement un jeune du village, amené à ses vendangeurs, une cruche de vin. Comme il faisait chaud, notre galopin a pensé : « Pourquoi je ne me désaltérerais pas aussi ? ». Après avoir totalement vidé la cruche, on perdit totalement sa trace. Le lendemain, dimanche, pendant la messe, une main repentante déposa la cruche vide devant la porte de la maison du maire. Faute avouée, faute à moitié pardonnée, dit-on ! Monsieur le Maire avisera.
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19 février 1894
Notre chef de corps des pompiers a organisé dernièrement une parade pour organiser dans les règles la prochaine fête en l'honneur du Kaiser. À l'ordre de « Presentiert den Seeeeebel ! », comme un seul homme, toutes les épées flambantes et reluisantes des pompiers jaillirent de leur fourreau ... sauf celle du chef. Son sabre resta bloqué dans son fourreau ! Malgré l'aide des pompiers les plus costauds, rien n'y fit ! « Nundepip » pesta le chef !
Il est rentré, il faut bien qu'il ressorte. Rentré humilié à la maison, il entreprit une extraction au forceps. « Hohi, hohi ! ». D'un coup, le sabre se dégagea, notre chef, entraîné par son élan, bascula par-dessus le fauteuil de grand-mère et termina son roulé-boulé sous le banc du Karreloffe. « Qui a lavé mon sabre et l'a rangé mouillé ? » tonna le maître pompier en découvrant son arme complètement rouillée !
12 septembre 1896
Notre village a été choisi pour accueillir un détachement militaire. Le fourrier entreprit de recenser les maisons pour le logement des troupes. Mademoiselle L., seule à la maison, apprit ainsi, avec grand soulagement, qui elle allait héberger. Il parait, que débordante de joie, elle serait allée courir chez ses copines et leur annoncer : « Dieu soit loué ! Je ne vais pas héberger un homme, un vrai ! On ne m'envoie qu'un sergent ! ».
27 mars 1897
Dans notre village, la coutume persiste que le gardien de nuit, dans une expression ancestrale, exprime les heures de la nuit. Malheureusement, l'horloge de l'église est tombée en panne à une heure du matin. Professionnel jusqu'au bout, notre gardien a donc entrepris de citer le dicton en rime suivant : « Höret was ich euch will sagen - Ich höre nicht laüten und nicht schlagen - Ich weiss nicht welche Zeit es ist - Drum stehet auf wenn es Tag ist ! » (Ecoutez ce que je veux vous annoncer - Je n'entends ni sonner, ni l'horloge - Je ne sais donc pas quelle heure il est - C'est pourquoi, levez-vous tout seuls, quand vous verrez se lever le jour !).
Source : BNU Strasbourg
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