Depuis la nuit des temps, chaque village portait son surnom. Ces surnoms d'origine inconnue ou du moins d'origine douteuse sont pratiquement tombée en désuétude. Ces expressions souvent outrageantes à l'égard des habitants souvent de villages voisins ont heureusement disparu du vocabulaire.

Personnellement, je garde en mémoire des affrontements inter-villages dans ma jeunesse. Entre garnements, on ne manquait pas de s'insulter avec ces sobriquets moqueurs et le différent finissait souvent par des échauffourées. La guerre des boutons d'ailleurs était remplacée en alsace par la guerre des mots, et si en plus, le village voisin était d'une autre confession... ! Par la présente démarche, je voudrais aider à conserver ou au moins, prolonger le souvenir du passé car, même ces ignominies font parties de notre héritage culturel.  Avec le trop grand recul des temps, toute interprétation serait hasardeuse. Comme pour les « Hofname » (nom et surnom de famille), jadis, les gens du peuple n'étaient connus que par un sobriquet tiré de leur profession, fonction ou provenance. Les commentaires ajoutés aux sobriquets des villages sont le fruit de ma  réflexion, certains sont tirés de l'ouvrage « Elsassische Ortsneckereien » de Hans LIENHART (1927), d'autres m'ont été rapportés par des gens du village.

André VOEGEL

Les villages aux alentours de Valff

Par ordre alphabétique

Andlau - D'Ille (les hiboux)

Est-ce que les citoyens d'Andlau circulaient beaucoup de nuit, comme les rapaces nocturnes ? Je pense que le sobriquet « Les Ours » aurait été mieux adapté. Le symbole de l'ours se trouve dans la crypte de l'église abbatiale d'Andlau et remonterait à la fin du premier millénaire. Cette statue représentant l'ours de Sainte Richarde a semble t'il, un pouvoir magique, curatif. Les enfants incontinents à un âge respectable trouvent remède à cet inconvénient en chevauchant la statue.

Barr - D'Bankrotte Beckel (les banqueroutiers)

Barr était de tout temps la capitale des tanneries. Au siècle dernier cette activité occupait plusieurs centaines d'emplois et Barr comptait parmi les villes les plus industrielles du Centre Alsace. A une exception près, toutes ces entreprises ont fermé et il semblerait qu'une grande partie d'entre elles sont tombées en faillite, d'où le sobriquet « les banqueroutiers ». Dans la première moitié du XXe siècle le proverbe suivant circulait à propos de cette cité : « Wann's in Barr nemm stinkt, noo stinkst in Barr » (Le jour où l'on ne sentira plus les odeurs dégagées par les tanneries, ça va puer à Barr). Barr a aussi été secoué par la faillite de la banque Gaston Lévy en 1925 qui menait grande vie fut condamné pour escroquerie. Il a pris la fuite en Allemagne où il a été arrêté. Avec son frère, il sera condamné à 2 ans de prison et 500 francs d'amende pour un préjudice estimé de près d'un demi-million de francs. il serait mort en déportation en 1944.  Pour plus de détails: https://www.barr-memoire.com/faits-divers

Benfeld - D'Müreschisser (les chieurs sur les murs)

Cette expression rappelle en principe la prise par surprise de la ville par le Duc de Würtemberg en l'an 1431. La chronique nous apprend que déjà en 1575, Benfeld était un lieu où l'on sait boire. Il existait à cette époque une corporation des vignerons de Benfeld. Le « Stubehansel » est considéré par les citoyens de Benfeld comme symbole de la ville. C'est la représentation d'un gardien qui se trouve au-dessus de l'horloge de la mairie. Pendant la guerre de trente ans, et plus particulièrement pendant la présence des Suédois, le Stubehansel avait été sentinelle d'une des portes des fortifications. Il promit, contre une somme d'argent, d'ouvrier la porte à l'ennemi, quand l'angelus sonnerait. Sa nièce se trouvant dans une pièce voisine entendit tout, et donna l'alerte. Depuis, l'image du Stubehansel est là en guise d'avertissement et de mauvais exemple, et à chaque coup de cloche, il ouvre la bouche et secoue la bourse.

Bernardvillé - D'Moore (les traies / cochons)

Bernardvillé fête son saint le 17 janvier, dit « D'r Säu Doni » (Antoine au cochon) d'où le sobriquet. D'après la légende, Saint Antoine vivait en ermite et était toujours accompagné d'un cochon. Très souvent il fut tenté par le diable et son cochon grognait à chaque tentation. Le saint avait un pouvoir exceptionnel de guérison d'une maladie appelée « mal des ardents ou le feu de Saint Antoine » nom donné au moyen âge à une sorte de peste avec gangrène. Un beau poème dialectal, épique un peu satirique qu'on a cité jadis à propos du village :

D'Batschwillemer Moore, Han Drack en der Ohre,

Spitzigi Schueh, Un läufe alli em Daifel rue

Bischoffsheim - D'Raabmasser Hangst (les étalons de serpettes)

Le sobriquet en question n'est pas très flatteur pour le village. Apparemment, les rixes se terminaient souvent par des blessures de serpettes. Cet outil qui servait à couper le raisin est connu comme une arme blanche dangereuse et redoutable surtout quand elle est maniée par des fins connaisseurs comme l'était dans le tempe la corporation des vanniers.

Blienschwiller - D'Moore (les truies)

A propos de ce sobriquet, je constate à ma grande surprise le nombre important de villages portant ce surnom. Blienschwiller étant typiquement un village viticole, je pense qu'une explication faisant allusion à des élevages de truies, la femelle du verrat, serait complètement fortuite. Les villageois même, sont devant cette énigme sans interprétation. Autre sobriquet : « Offetrotter » (fouleurs de raisin), car ils avaient l'habitude de presser le raisin derrière le poêle.

Boersch - D'Berscher Essle (les ânes boerschois)

Boersch se trouvant en flan de colline, l'utilisation de la force animale comme l'âne dans l'agriculture ou viticulture était certainement très usitée. Est-ce l'explication ? Conseil d'ami que je donne : ne passer jamais le village de Boersch en vélo - par exemple, en laissant flotter de votre poche un bout de votre mouchoir. Vous pouvez être sûr que les Boerschois n'apprécieront pas votre désinvolture. Autre petite historiette un peu moqueuse et piquante se raconte sur le compte d'un conseil municipal du village qui aurait tenu séance il y a très, très longtemps pour débattre d'un sujet d'enlèvement d'un tas d'ordures. Le conseil ayant délibéré sur cet important problème depuis des heures sans avoir trouvé la solution, le Maire proposa finalement une idée géniale qui consistait à creuser un trou et d'y enfouir les ordures. Cette idée trouva l'assentiment général du conseil et le lendemain matin le Maire chargea le cantonnier local d'exécuter ce travail. Mais, très vite le Maire constata que l'idée n'était pas tellement géniale, car après enfouissement des ordures il resta toujours un tas, de terre celui-là. Le Maire commanda de recommencer l'opération et chaque fois le même phénomène s'est manifesté. Casse-tête, le Maire ne trouva jamais le dénouement à cette difficulté.

Bolsenheim - D'Schnacke (les escargots)

Il semblerait, d'après la Vox Populi, que ce sobriquet a été donné à cause de leur lenteur de leur démarche et dans le travail. Est-ce vrai ? J'ai des doutes sérieux, mais sait-on jamais !

Bourgheim - Di Gnelsle (les moucherons)

Ces petites mouches se manifestent surtout en été quand il fait très lourd. Tourbillonnant par nuées autour de la tête elles ne se gênent pas de vous attaquer en rentrant dans les orifices comme la bouche, le nez, les oreilles et les yeux. Je ne vois absolument aucun rapport entre les activités des moucherons et les gens de Bourgheim.

Châtenois (anciennement Kestenholz) - D'Wandele (les punaises) - D'Kastanier (les châtaigniers)

Un ancien proverbe dit : « In Keschteholz sin alli stolz » ou encore « Keschtehelzer - Beerestelzer - Epfelbisser - Bettschisser ». La punaise, cet insecte à corps aplati et d'odeur infecte, était elle plus répandue à Châtenois qu'ailleurs ? En langage dialectophone on appelle cette bestiole « di Dabeede Antilope » (les antilopes du papier peint). Le sobriquet « les châtaigniers » découle de l'ancienne dénomination Kestenholz qui signifie bois de châtaignier.

Eichhoffen - D'Schnacke (les escargots)

Les escargots des vignes sont en principe très appréciés par les fins gourmets. Ce mollusque terrestre à coquille arrondie en spirale faisait il jadis la renommée du village ? La légende voudrait que les escargots d'Eichhoffen se nourrissaient des ails de Mittelbergheim (l'ail était le sobriquet de Mittelbergheim).

Epfig - D'Riebsand Lecher (les trous de sable fin)

A Epfig se trouvait encore fin du siècle dernier des carrières de sable très fin, dont certaines galeries existeraient encore de nos jours. Ces fines particules, entrainées par les eaux et déposées en principe sur le lit et rives des fleuves, remontent probablement à l'ère quaternaire. Ce sédiment a été exploité comme produit abrasif (d'où la dénomination « Riebsand ») pour le nettoyage des ustensiles de cuisine et trouvait son application en faïencerie. A propos d'Epfig et quelques villages des alentours, je voudrais citer un petit poème qui m'a été aimablement communiqué par un citoyen de Saint Pierre :

Apfig am Rain, Sankt Peter esch klein,

Stotze esch grogs, en Zalwiller esch der Daifel los

Mais au fait, connaissez-vous la provenance de l'appelation Epfig ? Non, alors je veux vous la raconter. L'histoire se passait vraisemblablement à une époque où les villages ne portaient pas encore de nom. Il y a donc, très longtemps, le conseil municipal du village se trouvait confronté à un problème grave et ardu. De l'herbe poussait sur le clocher de l'église paroissiale, et il fallait trouver la solution adéquate pour l'enlever. Le maire convoqua son conseil et on délibéra pratiquement toute la nuit pour trouver la solution la mieux adaptée. La seule solution valable était de faire monter une vache pour brouter l'herbe. Dès le lendemain matin, Maire en tête, on mettait à exécution la délibération. Une belle vache de la race des « Simmedalee » (race alsacienne) attendait devant le parvis de l'église. Entretemps, l'ouvrier communal avait fixé une grande poulie au sommet du clocher et la vache fut montée à la force des bras des hommes du conseil à l'aide d'une solide corde. A mi-chemin, la panique s'empara de la pauvre bête qui lâcha inopinément une grosse quantité de bouse directement sur la tête du Maire. Au reçu de cette douche particulièrement odorante, il s'écria « A-pfoui ». Le parler dialectal transforma par la suite ce cri émotif du Maire par « Apfig ». !

Gertwiller - Die Zünne Hübser (les sauteurs de clôture)

Quand on saute une clôture, c'est en principe avec une intention malveillante. Ce sobriquet ne reflète certainement pas les principes et la conduite conformes à la morale des habitants de ce lieu. Toute fois, il semblerait que celui qui voulait être bourgeois du village devait sauter une clôture avec un sac de pommes de terre sur le dos.

Goxwiller - D'Btiberechuter (intraduisible)

« Büber » est synonyme de postérieur, du cul. Je ne pense pas que ce soit la bonne explication et je ne me permettrais pas un écart mal à propos du sujet que je traite. Autre explication plus plausible : « Wheri » est synonyme de vin de mauvaise qualité. Est-ce que les viticulteurs du village produisirent dans le temps un vin d'une si mauvaise renommée ?

Heiligenstein - Di Traametzler (les porteurs de vestes spéciales) - D'Rekerwler (les porteurs de hottes)

Le « Traamutze » est la veste sans bras capitonnée spécialement aménagée pour les porteurs de hottes pendant les vendanges. A propos de ce village qui soi-disant aime le « Bibbelekäs » (fromage blanc) on cite l'adage suivant : « Hochzitt von Heljestein traye alli Schessele larr heim » (mariage de Heiligenstein, tous portent les écuelles vides à la maison).

De tout temps, il a été de tradition dans les villages viticoles de se servir de la hotte. Elle servait notamment à transporter à dos d'homme, du fourrage, du fumier, du bois, du foin, des outils de travail dans le vignoble, mais surtout le casse-croute et le « Löyele » (le tonnelet) rempli de vin pour se désaltérer pendant les durs labeurs dans le vignoble. Ce sobriquet est bien adapté aux traditions du village.

Innenheim - D'Korianderseckel (couillon de coriandre)

La coriandre est une épice aromatique qui s'emploie chez nous pour la conservation domestique de la viande de porc. A propos des gens du village, on employait souvent la maxime suivante pour parler de personnes dans un groupe spécial: « Koriander einer wie der Ander » (coriandre, l'un comme l'autre).

Itterswiller - D'Imme (les abeilles) - D'Exakte (l'exactitude)

Les deux sobriquets font honneur aux gens du village. L'abeille est le symbole de l'activité féconde et ordonnée. L'exactitude est la politesse des rois. Chapeau !

Kertzfeld - D'Dornhecke (buissons de ronces)

Le massif forestier de Kertzfeld est assez important, les buissons de ronces sont assez fréquents. Les gens de Kertzfeld nomment les montagnards « die Geberis-hütschle » (les porcs montagnards) et les habitants du Ried « d'Riedi ».

Kientzville - D'Rain Beckele (les champs bossus)

A vrai parler, Kientzville n'est pas un village autonome mais rattaché administrativement à Scherwiller. Le village a été créé en 1948 par l'industriel en textile Monsieur KIENTZ. Depuis très longtemps l'entreprise a fermé les portes. Les locaux se trouvant à Scherwiller abritent actuellement la cité Emmaüs. Les alentours de Kientzville étaient un paradis des chasseurs. Des milliers de lapins sauvages déferlaient sur les champs bossus, terrain propice à la prolifération de ce petit mammifère rongeur.

Kintzheim - D' Schnooke (les moustiques)

Aux abords du Giessen se trouvait jadis une zone inondable, marécageuse, très bien adaptée au développement de ces insectes dont la piqure est assez douloureuse et peut même véhiculer diverses maladies. C'est vraisemblablement l'étymologie de ce sobriquet.

Krautergersheim - D'Krütkepf (tête de choux)

La capitale choucroutière de l'Alsace peut porter fièrement ce sobriquet qui est tout à son honneur. D'ailleurs depuis des années on a francisé ce village en l'appelant simplement Chouville.

Meistratzheim - D'Galeruewe Wadel (queue de carotte) - D'Basche Nikle

« Basche Nickel » n'est pas en soi un vrai sobriquet puisque Basche est la dénomination dialectale de Sébastien et Nickel de Nicolas. Par contre « queue de carotte » semble être le vrai surnom, mais la toponomie de l'expression ne m'inspire aucune explication valable. Y avait-il une grosse consommation de carottes ou des plantations importantes de ce légume ? Il semblerait toutefois, que la forme effilée du clocher serait la cause de ce sobriquet ? Une expression typique du parler de ce village « Baatz » qui signifie tarte ou galette de grande taille.


Mittelbergheim - Di Knewli (les ails)

L'ail est une plante bulbeuse, d'une odeur très forte et utilisé comme condiment. Très souvent on trouve cette plante qui pousse eu état sauvage en foret comme dans les vignes et dégage une très forte odeur. La tulipe jaune, de la même famille des liliacées, poussent également à l'état sauvage mais surtout dans les vignes. Au printemps, on peut admirer des champs de vigne magnifiquement colorés par ces tulipes jaunes dans la région de Mittelbergheim. C'est à cette particularité que le sobriquet est rattaché. L'ail coulée la tulipe sont des plantes bulbeuses donc des « Knewli ». Il semblerait, toutefois, que les villageois adorent manger du fromage blanc avec des ails et des échalotes. C'est la raison pour laquelle le village porte le surnom de « Schalottenburg » et ses habitants les « Schalotteburjer ».

Niedernai - D'Bohne Bich (ventre à haricots) - Süffe en der Katze d'Dettle üss (vident les tétines des chats)

Sans nul doute, nos voisins de Niedernai étaient de grands consommateurs de cette plante légumineuse comestible en gousses ou en graines. Histoire un peu loufouque, n'est ce pas ?

Nothalten - Schisse verhewer (se retenir pour chier) - D'Platte schlacker (lécheurs de plats)

Etymologiquement parlant de Nothalten, ce sobriquet signifie vulgairement « se retenir de chier » et qui en allemand s'écrit normalement en deux mots « Not Halten ». La toponymie de « lécheurs de plats » est particulièrement ardue et je ne saurais donner aucune explication quant à l'origine et le sens du terme. Nothalten était jadis constitué de deux quartiers distincts : Nothalten et Zell.

Obernai - D'Bischtole (les pistolets) - D'Saneft Bich (les ventres de moutarde)

Les pistolets sont soit disant en rapport avec une anecdote légendaire. C'était lors de la visite de l'Empereur Ferdinand 1er où Maximilien 1er qui offrit au Stettmeister d'Obernai deux pistolets à l'occasion d'une réception où sa Majesté a très apprécié le vin qu'on lui semait. Encore de nos jours le vin du pistolet est commercialisé à Obernai. Depuis très longtemps on se moquait des Obernois quant au « Saneft Bich ». Il n'y a jamais de fumée sans feu, les Obernois étaient ou sont encore des fervents amateurs de moutarde ?

Reichsfeld - D'Wilde (les sauvages) - D'Rawalle schisser (les chieurs de fagots de sarments)

Etymologiquement parlant, la dénomination du village se traduit par « Terre d'empire ». Quand on évoque le nom de ce village, on le situe à la fin du monde, là où le monde est cloisonné par des planches (« Dert wo d'Walt met Bratter zue genagelt esch »). Reichsfeld est un village sans issue. La toponomie du sobriquet « les sauvages » m'a été donné par un authentique citoyen de Reichsfeld. De part la situation géographique particulière du village sans issue, les gens vivaient jadis en marge de la modernité et l'évolution de la population avait un certain retard. Les gens gardaient des manières plus rustres, d'où ce sobriquet. Ce village que je connais particulièrement bien, garde toute ma sympathie et je peux assurer le lecteur qu'il y trouvera un site magnifique et une population accueillante.

L'expression « les chieurs de fagots de sarments » est apparentée à l'activité viticole qui est toujours pratiquée dans ce village. Autre explication de la provenance du nom de Reichsfeld, en alsacien « Rissfald ». C'est près de ce village que Caïn tua son frère Abel. Le crime une fois perpétré, Dieu conseilla à Caïn de s'enfuir en lui disant en dialecte « riss üsa ess Fald » d'où Rissfald.

Saint-Pierre - Sankt Petermer Essel (Les ânes de Saint Pierre)

Les villageois eux même n'ont pas pu me donner la moindre explication. Mystère et boule de gomme ? Le mystère se trouve t'il peut être dans le proverbe dialectal bien connu dans le village : « Stupf der Essel, no gehter » (Pique l'âne et il avancera) ? Je me garderai de prétendre que ce village n'avance pas dans la modernité.

Schaeffersheim - D'Moore (les truies)

L'activité agricole étant très développée dans ce village. Je pense que ce surnom était certainement adapté aux anciennes traditions d'élevage de porc. Un adage piquant qui taquine : « Ech geb der a Sü fer der Schaferschmer Johrmarik un käuft d'r a Ross Ei » (je te donne un sou pour aller au marché annuel de Schaeffersheim pour acheter un œuf de cheval). Il n'y a jamais eu de foire dans ce petit village. Une expression typique de parler dans ce village « D'r Bräili Quatschelbrätili » (la tarte, tarte aux quetsches).

Scherwiller - D'Raabmasser Hanget (les étalons du sécateur)

La confrérie des Rieslinger de Scherwiller portent comme symbole le sécateur. Cet outil toujours encore utilisé en viticulture pour couper le raisin, était aussi l'outil des vanniers sui l'employait pour couper l'osier qui poussait abondamment sur les rires du Giessen. Cette corporation se servait de cette arme blanche pour se défendre lors des nombreuses rixes au sein de cette communauté mais aussi en dehors.

Sélestat - Zewelle Treppler (piétineurs d'oignons)

Sans équivoque ce sobriquet fait allusion à la forte activité maraîchère autour de la ville, et dont la spécialité est la culture des oignons et spécifiquement aux petits oignons dites « bulbe d'oignon de printemps », Steckzewele en dialecte. A propos de cette ville, on cite le petit poème suivant : « Schissbolle un Drack, dess macht Schlettstadter fatt » (des crottes et de la terre font engraisser les Sélestadiens).

Stotzheim - D'Loderi (allure désinvolte)

L'expression alsacienne « Lodel » (le singulier de Loden) est synonyme d'une personne mal habillée, pas trop sérieuse, de laisser aller, de s'en foutre etc. Ce sobriquet n'enchante certainement pas les habitante de ce beau village qui sont, autant que je sache, des gens sérieux et travailleurs.

Uttenheim - D'Spackmumpfle (les bouts de lard)

Le Vendredi Saint, les cloches ne sonnent pas, alors on raconte aux enfants qu'elles sont parties pour chercher du lard. C'était certainement pour fêter Pâques à la choucroute et au lard. Bon appétit !

Valff - D'Hadri Stiedle (mauvaise herbe dénommée : « Moutarde des champs »)

Cette mauvaise herbe était effectivement très répandue dans le ban de Valff et était synonyme d'un laisser aller de la part des agriculteurs du village, ce qui était loin d'être un compliment.

Westhouse - D'Kaasputzer (nettoyeurs de fromage)

La tradition raconte qu'il y avait jadis un moulin au bord de la Scheer. Ce dernier avait depuis longtemps disparu quand lez gens de Westhouse trouvèrent une meule très peu épaisse. Pensant et croyant que c'était un gruyère, ils se mirent à nettoyer espérant dégager ainsi le fromage de sa gangue terreuse.

Zellwiller - D'Hecke Frasser (les bouffeurs de haies) - D'Rote (les rouquins / rouquines) - Branwiller (village aux incendies)

« D'Hecke Frasser » est un surnom difficile à interpréter, fait allusion à l'avarice ? Un autre sobriquet symbolise encore de nos jours les ressortissants de ce village. La « Vox Populi » prétend également que les rouquins et rouquines de nos jours sont les descendants d'un vicaire qui œuvrait dans la paroisse, il y a fort longtemps. Enfin, le village fut très souvent l'objet d'embrasement, d'où ce surnom.

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.