L'alcool est considéré comme un élixir de vie (voir l'article : Boire un petit coup c'est agréable ... lalalala). Ne considère-t-on pas tous les tord-boyaux comme de l'eau de vie ?

C'est ce que pensait sûrement également Aloyse SCHIRMANN, 53 ans, de Niedernai, tailleur d'habit de son état. Le 8 janvier 1839, il décide de rendre une petite visite de courtoisie à son frère François Joseph qui vit à Valff répertorié au n° 201 ( il y a un décallage avec les n° actuels).  Il est tailleur d'habits comme lui. L'accueil est chaleureux. On l'aime bien le tonton Aloyse, François Joseph a même appelé son fils aîné Aloyse. Les deux frères discutent :

  • « Trinch'sch eins ? » demande François Joseph
  • « Ah yon ! Esh hanb doncht ! » répond Aloyse sans hésiter

On boit un premier verre, un second ... et ... après on ne compte plus ! Il y a tellement de chose à se raconter entre tailleurs d'habits ! Et le temps passe ! Il passe si vite qu'il fait déjà nuit.

Oups !  Il est grand temps pour Aloyse de filer direction la maison. Surtout qu'il est à pied le Aloyse ! Il se fait tard et il est urgent de retrouver sa chère et tendre Elisabeth, enfin encore tendre quand il l'avait quitté !. Les retrouvailles risquent d'être aussi froides que les températures de ce jour de janvier... ou alors ça risque au contraire de bien chauffer ! On verra bien ! 

- J'y vais parce que sinon elle va me tailler un costard ! un comble pour un tailleur d'habit déchiré !

Quittant son frère, sa belle soeur Madeleine Voegel et leurs 5 enfants, il emprunte tant bien que mal la rue Basse que les anciens appellent d'Arggass et poursuit déambulant par le chemin Hohweg du Langenveld.

Aloyse ne saura jamais quel accueil lui aurait réservé sa chère Elisabeth. Jacques BAPST, passant par le même chemin le lendemain après-midi, le découvrira raide mort à quelques encâblures seulement de Valff. Le maire alerté dépêche le médecin cantonal. Entre temps, sa femme, Elisabeth ROHRBACH, qui s'est quand même inquiétée de l'absence prolongée de son cher Aloyse, s'est déplacée pour le chercher à Valff. Le texte ne précise pas si elle était armée d'un rouleau à pâtisserie. On lui pardonnera.

Elle aura la lourde responsabilité de reconnaître le corps. Le médecin conclura au décès par hypothermie des conséquences d'une ivresse excessive. Il est mort de froid notre Aloyse ... par excès de combustible, un comble !

 

Sources: registre d'Etat-Civil des décès de Valff

 

 

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.