La première mention d'un messager passant par Valff date du 29 juin 1760. Ce dimanche d'été règne une chaleur suffocante ...
La canicule plaque sa chape de plomb sur la région. Un homme habillé d'un juste au corps bleu garni de petits galons de soie rouge, noir et jaune, des boutons en étain, un gilet de satin blanc, d'une culotte de peau, de guêtres de toile blanche, d'un ceinturon de peau noire qui maintient un couteau de chasse en corne de cerf paré de laiton, s'écroule raide mort. Après avoir traversé le village, il se dirigeait en direction de Meistratzheim. L'autopsie et la fouille des affaires personnelles du quidam permettront de dévoiler sa profession : messager.
A cette époque, les nobles, le clergé et l'administration territoriale faisaient livrer leur courrier par des coursiers privés. Ce n'est que progressivement, avec l'apparition des messagers à cheval avec des passages réguliers, que la distribution du courrier pris son essor. Les diligences postales ou des cabriolets remplacèrent peu à peu les cavaliers. Les premiers bureaux de poste de la région virent le jour à Sélestat en 1708, à Molsheim et Benfeld en 1725 et faisaient parties des 10 bureaux de Basse-Alsace. On les appelaient : la Grande Poste. Les tarifs d'envois étaient proportionnels à la distance. Le coût d'envoi d'un mot doux d'un romantique poète amoureux, par exemple, était équivalent au salaire d'une journée de travail d'un ouvrier. Mais quand on aime on ne compte pas n'est-ce-pas ?
Ce n'est qu'en 1779 que le Conseil d'Etat du Roi créa ce que l'on appelle : la Petite Poste. 140 boîtes aux lettres sont installées dans le Bas-Rhin et servent à :
- recevoir le courrier du client
- apporter le courrier au domicile du destinataire
- et espèrent d'être vidées au moins une fois par jour
Sur les 140 boîtes aux lettres du Bas-Rhin, Valff pouvait s'enorgueillir d'en posséder même deux : la première était installée à côté de l'église Sainte Marguerite et la deuxième dans l'enceinte de l'église St Blaise. La Grande Poste à l'église pour les Seigneurs d'Andlau, la Petite Poste pour le peuple ! Ce n'est pas de la discrimination ça ? Cela ne mériterait il pas une petite révolution, pardi ?
Nomenclature des boîtes aux lettres du Bas-Rhin, où l'on note l’exception des 2 boites aux lettres à Valff (1779)
Poste et épicerie Martz Biecher dans la rue Thomas1883
Le 28 avril 1883 est ouvert le bureau de poste pour la première fois, dans les locaux de l'épicerie Martz dans la rue Thomas.
La popularisation
Le XIXe siècle est le siècle du chemin de fer. La ligne Strasbourg-Bâle, via Barr ou Benfeld, sonnera le glas des diligences postales régionales. Seules les liaisons transversales seront maintenues. C'est aussi à cette époque que les timbres font leur apparition. Le maire Henri BIECHER reprit le bureau de poste que détenait son beau-père Michel François MARTZ dans la rue Thomas (à lire : La famille MARTZ). BIECHER fit construire en annexe du restaurant au Soleil, un bureau de poste et de télégraphe en 1895.
En 1920, après la cessation d'activité postale de son successeur GYSS au restaurant au Soleil, ce sera au tour de HALMENSCHLAGER Edmond de reprendre la fonction de receveur des Postes. Le bureau de poste sera donc transférée au numéro 229 de la rue Principale.
Plan de 1904. Implantation du bureau de poste au restaurant du Soleil. Le rectangle dans le local après l'escalier d'entrée au coin de la rue des Flaques et de la rue Principale est la salle d'accueil. Vu l'affluence grandissante dès 1904, il est projeté de reculer le guichet d'un mètre pour gagner de la place.
Attestation de caution de 200 Marks reçu par le postier Henri BIECHER pour la gestion du bureau de poste
Le bureau de poste dans la rue Thomas de la famille MARTZ était déjà équipé d'un télégraphe. Le transfert des bureaux au restaurant du Soleil en 1904 obligera aussi le transfert des câbles de la ligne.
En bleu l'ancienne ligne en provenance de Barr, en rouge le nouvel raccord vers le restaurant du Soleil
Les rapports de clientèle ont parfois été tendus avec certains habitants de Valff à la poste de Henri BIECHER. Nous approfondirons la question dans la seconde partie ...
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