L'année 1911 marquera pour les habitants de Valff l'année de lumière avec l'arrivée du courant électrique. Pourtant, pour d'autres, cette année restera, dans leur mémoire, comme l'année où ils ont bien broyé du noir contre les élus municipaux. 1929, on n'en peut plus ! C'est la gadoue, la gadoue… la gadoue. Voyons ce qui s'est passé !
Alors que les ampoules électriques illuminent depuis peu la rue Principale, la mairie et le poste de garde, deux membres du Conseil municipal fulminent. Ils enragent tellement qu'un incident va défrayer les journaux. Le « Strasburger Post » parle de certains membres au tempérament de feu ! Il semblerait, d'après le « Barrer Kantonsblatt » qu'après s'être bien époumoné à l'encontre du Conseil Municipal qu'il venait de quitter, un des deux ex-conseillés aurait tellement frappé de colère sa choppe de bière sur le comptoir du bistrot que la choppe aurait éclaté et lui aurait gravement entaillé la main. Une intervention rapide du médecin a été la bienvenue. Suite à cette incartade, notre révolté devra se justifier devant le tribunal local.
Mais qui peut bien être cet enragé ? Nous n'avons naturellement pas pu nous empêcher d'aller fouiller dans le registre des délibérations. Le 16 août 1911, le secrétaire de mairie note qu'en présence du Maire ANDRES, les membres JORDAN, KLEIBER, de l'instituteur LEYBACH, ROSFELDER, SCHMITT, SCHULTZ, SPECHT et WERCK, non présent et sans excuses BUNTZ, le Conseil prend connaissance de la demande de retrait du « Gemeindeweisenrat » JORDAN Joseph et du « Hilfgemeindeweisenrat » JORDAN Blaise. Les membres Florent SCHMITT et Joseph BUNTZ prendront leur place. La raison n'est pas évoquée.
Le 6 novembre 1929, quelques années ont passé, mais on continue de râler dans notre petit village des irréductibles alsaciens.
Une lettre ouverte est envoyée au journal « L'Alsacien », émise par un correspondant local de VALFF, il écrit :
« Durant cette période humide et pluvieuse, il est approprié d'interpeller notre Conseil Municipal pour le rendre sensible à l'état pitoyable de nos rues, et surtout celle en face de la toute nouvelle mairie rénovée récemment et repeinte. Avec le passage de plus en plus intense d'usagers motorisés en direction du Ried et retour, par temps de pluie, les chaussées boueuses sont de plus en plus défoncées et sales. À cela, ajoutons le passage de lourds camions et attelages. Plus personne ne nettoie devant sa porte et pourquoi le feraient ils puisque la commune ne montre pas l'exemple. Il faudrait au moins balayer deux fois par semaine les communs. La rue des forgerons mériterait d'être rebaptisée : "rue du marécage" ou "rue du passage à ornières de bus" ! En plus, les paysans laissent s'amonceler leurs détritus devant leurs maisons, n'ont-ils pas un fumier ? ». C'est dit !
Les doléances se poursuivent avec le cloaque de la Kirneck : « Après les promesses non tenues en 1928 et printemps 1929 de Mr le Maire, d'interdire aux tanneries de Barr de déverser leurs colorants et rejets pestilentiels et empoisonnants dans la Kirneck, leur réclamation a enfin porté ses fruits ! Maintenant, au moins en été, quand il n'y a plus d'eau et que seules quelques flaques subsistent, on profite au moins, au vu de la couleur et de la consistance de l'eau, de myriades de palabres et discutailleries au sujet des millions de bacilles contagieux et des énormes microbes pathogènes qui y pullulent ! ».
On avait au moins de l'humour à l'époque ... même s'il était noir... à l'ère de la lumière !
Moi, ? fâché ?, mais non, mais non, mais non ! 🤢
La Kirneck en 1938 (Fond BLUMER, archives de Strasbourg)
145 de la rue de Forgerons
Photo de 1904 (Fond BLUMER, archives de Strasbourg)
Sources :
- Fond Antoine MULLER
- Fond BLUMER, archives de Strasbourg
- Archives de la mairie
- Gallica