« Hinaus mit dem welschen Plunder », affiche Alfred Spaety, 1941 (Collection BNU de Strasbourg) ( traduction : dehors le pillage français)

1940

 l'Alsace est occupée. Les Allemands ont pour ambition de supprimer toute trace d’influence française [en savoir plus]. Dès juillet, la langue allemande est la seule autorisée. Le droit allemand est appliqué. Tout ce qui rappelle la France est interdit ou détruit. Pour nazifier les Alsaciens, les autorités multiplient les groupements visant à embrigader et alémaniser les différentes couches sociales et professionnelles et en particulier la jeunesse.

Dans notre village, comme d'ailleurs dans toute l'Alsace, la germanisation des prénoms s'impose. Par exemple Antoine dévient Anton - Jean, Hanns - Roger, Rudiger - Claire, Klara - Madeleine, Magdalena - Henri, Heinrich - Jeanne, Johanna - etc. Le nom de Valff devient Walf, Sélestat devient Schlettstadt, Colmar devient Kolmar, Rhinau devient Rheinau. D'autres expressions et inscriptions doivent présenter un visage allemand.

Quelques exemples de prénoms et noms qui ont été germanisés à Valff, pardon Walf !

 

 

 

Maison commune devient « Gemeindehaus », fermer la porte devient « Türe zu », sonnez fort « fest klingeln », école « Schule », église « Kirche », restaurant « Wirtschaft ». D'autres détails ont leur importance. Sur les robinets, il n'y aura plus « chaud » ni « froid » mais « warm » et « kalt ». La poivrière ne contient plus du poivre, mais du « Pfeffer », la salière du « Salz » et la farine se désigne par « Mehl ».

Les expressions courantes sont épurées. Pour « Au revoir », on emploie maintenant « auf Wiedersehn », pour merci, on utilise « danke schön » et pour s'excuser, gare à celui qui ne dit pas « Entschuldigung ».

En aucun cas, on se dit bonjour ou salut dans la rue. Ce salut est puni de 3 marks d'amende et remplacé par un joli « Guten Morgen ». Ces consignes ont été plus ou moins respectées, au début, à l'encontre des autorités allemandes, mais rapidement, elles seront scrupuleusement respectées après des nouvelles, bien répandues, de répressions et de punition. Refuser de saluer, sur demande, par le signe nazi pouvait valoir un séjour au camp de Schirmeck.  Par contre, entre Alsaciens, les habitants passaient outre. Dans beaucoup de foyers, même en mairie, le drapeau tricolore était bien caché, car croyait toujours à un revirement rapide de la situation…

Les journaux, qui étaient déjà lus, pour la majorité des alsaciens de la campagne, en langue allemande, furent épurés naturellement de toute édition en langue française. 

Édition der " Strasburger Neueste Nachrichten, journal officiel de la NSDAP ou Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei ou Parti national Socialiste appelé aussi, en abréviation, le Parti Nazi.

 Édition du 28 février 1943 

 

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.