Dans cette quatrième et dernière partie consacrée aux comptes des autorités régissant la vie d'un village au XVIIIe siècle en Alsace, abordons maintenant la comptabilité communale. Nous sommes sous la réglementation de l'Ancien Régime avec à la tête du Conseil communal, le Schultheis ou écoutète représentant le seigneur, le Heimburger, représentant la communauté et juge des petits délits, du secrétaire ainsi que des membres du Conseil. Les comptes sont supervisés par le bailli d'Andlau envoyé par le seigneur et son assesseur fiscal.

Le premier document de comptes en notre possession date de 1732. Le Schultheis a pour nom Adam SCHRODER et le Heimburger Blaise HIRTZ. Le bailli Jean-Antoine SCHECK était le demi-frère de Jean et d'André SCHECK, curés qui vont se succéder à Valff.

Les comptes

Les recettes (entre-autres)

  • La commune enregistre des revenus provenant de la vente de grains moitié froment, moitié orge : 35 florins
  • La location de terres communales : 2082 florins 4 schillings
  • Droit de manance, sorte d'impôt sur les nouveaux arrivants : 3 florins
  • Location de la boulangerie communale [en savoir plus : Comme du bon pain ...] : 12 florins
  • Revenu sur les juifs : 5 florins 5 schillings
  • Revenu de la taille : 81 quarterons en grains (droit de protection)
  • Revenu des corvées : 87 florins 6 schillings

En ce qui concerne quelques-unes de ces recettes, elles étaient reversées directement au seigneur d'Andlau, comme la taille, le revenu sur les juifs, la manance, la location des terres ou les revenus des corvées [voir dans la Partie 2]. Seule la location de la boulangerie communale tombait dans la caisse communale ou la production des rares terres communales. Il incombait donc en plus aux responsables de la commune de collecter l'argent dû aux seigneurs.

Dépenses (entre-autres)

  • Pour l'Intendant Royal de Strasbourg (En 1733, l'Alsace appartenait à la France) : 1320 florins (somme colossale). 
  • Au Directoire de la Noblesse de Basse-Alsace (juridiction qui réglementait les litiges de la noblesse d'Alsace) : 199 florins 1 Schilling 10 pfennigs
  • Aux Seigneurs d'Andlau : les 81 quarterons récoltés dans la colonne recettes etc
  • Les intérêts de prêts concédés auprès de Madame la Maréchale du Bourg, du baron de Reinach de l'abbaye d'Andlau et de particuliers : 3560 florins + les intérêts 177 florins soit un taux de 22 % !
  • Le Maréchal Léonor MARIE du Maine du Bourg a épousé en seconde noce Marie Anne de KLINGLIN, veuve d'Antoine d'Andlau d'où le rapport avec Valff

Puis, on notera des dépenses de frais de bouche et de boisson consenties, par exemple, lors du renouvellement du tribunal, à l'occasion de la fête « Corpus Christi », de la procession des habitants de Meistratzheim, de la « Scheidfurch fahren » de la nomination des gardes-champêtres, aux bergers pour l'écornement des bêtes, de la nomination des gardiens des chevaux, du passage de l'évêque, de l'adjudication des terres communales, de la perception de la taille, de la tenue des registres, l'achat d'une corde en cuir pour les cloches, pour l'huile pour l'horloge, pour le ramonage des bâtiments communaux, pour le chasseur de Meistratzheim Franz Edighoffen pour avoir abattu le dernier loup d'Alsace dans la forêt de Meistratzheim (ce qui a conduit les habitants de cette localité à organiser une procession à Valff) ou encore trois fois pour les archers.

Sources :

  • Archives communales
  • Archives départementales du Bas-Rhin

Autres parties :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.