Jean Georges de Brandenbourg de Jägerndorf

Nous sommes en 1592. L'évêque catholique Jean IV de Manderscheid-Blankenheim décède.

Les responsables catholiques n'arrivent pas à s'organiser pour élire un nouvel évêque. Les protestants sont plus réactifs et élisent un jeune étudiant en théologie âgé de 15 ans : Jean Georges de Brandenbourg de Jägerndorf. Les catholiques présentent alors Charles III de Lorraine,  déjà cardinal, âgé de 25 ans. Deux évêques pour un évêché, il y en a un de trop : et c'est la guerre !

Les nobles protestants strasbourgeois mettent à la disposition de l'évêque protestant une petite armée de 60 cavaliers, 4 détachements d'infanterie et une artillerie de 6 canons. L'évêque catholique envahi l'Alsace à la tête de 200 cavaliers et 2000 mercenaires. Il occupe Saverne puis Wasselonne et Barr le 10 août, pillant et incendiant au passage les villages et les châteaux. Obernai essaye de garder une stricte neutralité mais prend des mesures de défense. 400 familles des villages environnants dont 31 de Valff se réfugient dans ses murs. Les réfugiés doivent payer pour leur protection un dédommagement collecté tous les 15 jours. En sus ils sont astreints à la corvée pour la construction de nouvelles tours et de nouveaux remparts. 

Les malheureux villageois qui avaient choisi de rester dans leurs demeures subirent dévastations, vols, incendies et viols. Au mois de décembre 1592, les moissons sont restées à l'abandon dans beaucoup de champs. Après 12 années d'hostilités, une transaction vint mettre fin à la guerre. Le Cardinal Charles de Lorraine est reconnu seul titulaire du siège épiscopal. Son rival est dédommagé de 30 000 florins. Pendant ces années le pays s'était infesté de brigands et de voleurs de tous bords.

Charles III de Lorraine Vaudémont

A partir de 1595 il fut atteint d'une maladie arthritique. Il mourut à 40 ans après avoir 3 ans auparavent s'être fait exorciser. Un bouc-émissaire innocent fut accusé de lui avoir jeté un sort et fut brûlé au bûcher.

En 1609, un nouvel litige entre catholiques et protestants embrase le pays. Valff est occupé par les troupes catholiques du Baron de Créhange. Jusqu'en 1611 ces troupes campèrent à Valff, Zellwiller et Niedernai. La population est exsangue !

Lorsqu'elles lèvent le camp, les habitants poussent un ouf de soulagement qui ne dura qu'une brève période. La guerre de Trente Ans allait se déclarer quelques années plus-tard. Une situation pire que tout ce qu'ils avaient vécu ou pouvaient même imaginer ... et encore une fois ... ce fut une guerre de religion !

Liste des habitants de Valff réfugiés à Obernai qui devaient payer le « Warchtgeld » (Impôt de droit de protection), année 1592, après la présentation de la Vierge Marie (source : Archives de la ville d'Obernai) :

  • Hans ANDLAUER
  • Gall ANDLAUER, le Schultheiss
  • Gall ANDLAUER, mère (veuve du Schultheiss)
  • Barthel BÜHLSTEINER
  • Eberhardt COPERT
  • Arbogast DECK
  • Mathis FREYDER
  • Diebold FRITCH
  • Hans HEUTZ
  • Ulrich HÜRTZ (Hirtz)
  • Michel KLÜPFELL
  • Martzolfs KLÜPFFEL
  • Jörg KLÜPFFEL (Klipfel)
  • Diebold KORMANN
  • Hans KORMANN
  • Peter LANDMANN
  • Diebold PETER
  • Hans PETER, le vieux
  • Lorentz PETERMANN
  • Waren PFISTER
  • Clauss PFLEGER
  • Vix ROSSFELDER (veuve)
  • Vix ROSSFELDER
  • Jacob SACHS
  • Hans SACHS
  • Michel SUMMER
  • Hans SÜR
  • Hans VALFF
  • Diebold WACHSHECKL
  • Jacob WÜRTHER
  • Michaël, le charpentier

Puits aux six sceaux, Obernai, 1579

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.