Le Bundschuh (soulier à lacet, en opposition aux bottes des Seigneurs)    ou  Guerre des paysans

Quelle corvée ! Combien de fois avons nous utilisé cette expression ! L'expression avait une toute autre signification au XVIème siècle. Des hommes sont morts pour avoir essayé de les alléger. Transportons nous un instant en 1599 ...

Les paysans de Valff se révoltent. Les corvées écrasent le peuple. L'abbesse d'Andlau qui n'a pas digéré l'installation d'un prêtre luthérien à Valff par les seigneurs d'Andlau, attise la rébellion. Les paysans se sentent réconfortés. « C'est maintenant ou jamais ! ». Ils exigent :

  • d'avoir moins de corvées de charroi (transport à faire gratuitement pour le Seigneur)
  • de pouvoir utiliser les bois et les prés de la commune
  • de limiter les animaux du Seigneur qui broutent les prés des paysans au détriment de leurs propres maigre cheptel
  • de ne plus laisser les porcs des nobles se promener partout
  • de pouvoir faire moudre les grains dans les moulins extérieurs pour ne plus avoir à payer des prix oppressants
  • de virer le Schultheiss et l'aubergiste luthérien qui chante des chansons anti-catholiques, mange de la viande le vendredi et se moque en insultant les catholiques et de les remplacer par de bons catholiques.
  • de finir avec les menaces, maltraitances et brimades du Seigneur

Peine perdue, mais même pas peur ! On se souvient encore de la révolte des paysans qui a embrasé tout le Saint Empire Romain Germanique de 1525. 5000 y ont laissé leur vie à Scherwiller. 20 000 à Lupstein, Saverne et Neuwiller. Les archives ne nous permettent pas d'affirmer si des habitants de Valff aient fait parti des mutins. Une légende prétend que les ossements exposés dans l'ossuaire de la chapelle Saint Sébastien de Dambach la Ville proviendraient des rustauds massacrés à Scherwiller. On peut lire sur une plaque au dessus de la grille : « Ce que vous êtes, nous l'étions - Ce que nous sommes vous le deviendrez ».

Ossuaire de Dambach la Ville

28 ans plus-tard, rebelotte, en 1628 on remet ça ! Le Seigneur d'Andlau fait emprisonner 25 personnes pour 3 jours à Benfeld dont le Schultheiss (maire) de l'époque, Hans ANDLAUER et un nommé Oswald SCHWING. Ce dernier est le meneur. Il est condamné à mort et exécuté. 

Liste des prisonniers : Hans ANDLAUER, Barthel REEB, Veltin JEHNER, Hans SACHS, Hans KORMAN, Oswald SCHWING, Bastian SACHS, Weiss BUCK, Georg SCHEFER, Hans SOMMER, Arbogast DECKART, Bastian HURST, Vogel Hans, Hans SCHEUERMEYER, Hans SCHMIDT, Poll HEISSEN, Nick ROSFELDER der Jung, Hans ABERHARD, Diebold AUEIG, Hans SACHS der Jung, Hans ABERLE, Georg METZ, Hans HIRTZ, Michael BOMER et Hans SACHS der alt.

1651, une dernière couche ! La Révolution française mettra un terme aux corvées. Et ceci n'est qu'une infime partie des contraintes qui reposaient sur les épaules des sujets. En Alsace on dénombra pas moins de ... 120 types de taxes et impôts ! On oserait presque ... ne plus se plaindre aujourd'hui !

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.