Dans le premier volet de la biographie de François Xavier MULLER nous avons découvert une famille éprouvée par les deuils. Xavier est le seul homme adulte qui reste. Malgré cette situation, l'armée allemande l'envoie en Basse-Saxe à Osnabrück en Allemagne. Une correspondance soutenue est instaurée entre sa mère et lui.
Marie-Anne MULLER, née ANDRES
Joseph MULLER, le père de Xavier, décédé en 1908 , deux mois après la mort de son fils de 10 ans
Un échange de correspondance
Photographie prise à Osnabrück chez le photographe Otto SHULTZ
D'abord basé à la caserne d'Osnabrück Eversburg, un quartier de la ville, Xavier est transféré vers le front de l'Est à Baranavitchy (Baranowitschi en 1916) en Biélorussie. Ses compagnons de régiment allemands seront transféré dans les Ardennes. Ils combattrons à Verdun.
Le 23 novembre 1915, Xavier écrit : « Je vais bien. Nous sommes allés à l'église. Materne HIRTZ est avec moi et un de Zellwiller. Nous sommes maintenant en chemin vers la Russie. On s'occupe bien de nous. On vient de passer Berlin. Il y a plein d'alsaciens avec moi, le Griess de Bourgheim est aussi avec moi. Je n'ai pas pu récupérer votre paquet, il va vous être retourné, vous pourrez m'envoyer plus tard le miel et le chocolat. On va voyager encore huit jours et je vais recevoir une paire de chaussettes et des gants tout neufs ». Il poursuit le 15 décembre 1915 : « Baranavitchy. [ ] Avant-hier, j'ai reçu 4 paquets : 1 avec du miel, 1 avec du lard, 1 avec des chaussures fourrées et 1 avec du chocolat à la menthe, du pain d'épice et des gâteaux ».
Il faut faire attention au contenu des lettres. La censure de l'armée veille et lit tous les courriers provenant des deux sens, il ne faut pas décourager les soldats et à l'inverse, il leur est interdit de parler des combats ni de leur situation réelle. Le 29 décembre 1915 : « Cher frère. J'ai reçu ta lettre et tes 2 cartes, surtout la carte de Noël. Elles m'ont fait très plaisir. Je l'ai lu avec des amis. J'ai plaisir d'apprendre que vous allez bien. Je n'ai pas encore reçu le paquet avec le rosaire, j'en ai reçu un du curé de campagne. Le temps n'est pas encore trop froid, c'est comme chez nous ». La correspondance suivante dont nous avons connaissance interviendra le 10 mars 1916 : « Je suis à nouveau à Baranavitchy. HIRTZ est toujours avec moi. J'ai reçu les lettres n°19 et 20 et les paquets n° 40 et 41, celui avec le sucre, le beurre, les pommes et la viande de lapin, et celui avec le sucre, le chocolat, le vin Portmann et les petites bouteilles de Porto. Le biscuit était excellent, je ne pense pas que c'est toi, mère, qui l'as fabriqué ».
Carte de Baranowitschi en 1916
Le 24 juin 1917 : « Je me réjouis que tout le monde et le jeune veau sont en bonne santé. Je n'ai plus rencontré Joseph VOGEL. Ici, il faut très chaud et il pleut beaucoup. Le bonjour à Franziska HALMENSCHALER. Signé Xavier et de bientôt retrouvailles ». En juillet 1916, une offensive russe dans la région de Baranawitschi se solde par de nombreuses pertes russes. L'offensive est repoussée. L'échange de courrier s'interrompt. La lettre de Marie-Anne revient à son destinataire. Elle lui parlait de chose banale et des activités dans l'exploitation agricole.
Lettre au front adressée « Au recrut Xavier MULLER, Landes Infanterie Regiment 46, 3 Landes Division, Landes Armeekorps, 2 Bataillon, 5 Kompanie im Osten (à l'Est) »
Au court de l'année à une date inconnue, Xavier est fait prisonnier par les Russes. Il sera rendu en qualité de prisonnier de guerre à l'armée française en 1917 et incarcéré au Château-Fort de Lourdes avec d'autres alsaciens-lorrains. Vous découvrirez la suite et la fin triste de son histoire dans notre troisième volet.
A suivre ...
Source : archives familiales de la famille Antoine MULLER
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