Valff, a comme de nombreux villages catholiques d'Alsace contribué à la vocation de nombreux religieux et religieuses. Un de ces religieux est le père Florent KOENIG.
Florent KOENIG est le deuxième fils de Florent et de Françoise HIRTZ. La famille très religieuse encouragea sa vocation qui le mena d'abord du collège des jésuites de Thieu en Belgique jusqu'à Enghien où il fut proclamé prêtre en 1927. Afin d'éviter d'être incorporé dans l'armée, il se cacha pendant la première guerre sous une fausse identité. De professeur dans un collège de Metz, il est appelé à servir dans le diocèse de Fianarantzoa à Madagascar. Équipé d'une Jeep hérité de son prédécesseur le père DUVAL, il sillonna l'immense région tout en se familiarisant avec les multiples dialectes malgaches. Il retourna à Valff deux fois : la première en 1963 après 34 ans d'absence et la seconde en 1970, peu avant sa mort.
Une autre religieuse alsacienne, sœur Adelphine, écrivit à son sujet : « Il n'avait de cesse de ramener le plus de personnes possible vers Dieu ». Florent KOENIG s'éteignit le 8 novembre 1974.
Une de ses grandes fiertés fut la construction de chapelles, de missions locales, d'écoles, de routes et de ponts. Malheureusement les tourments climatiques mirent à rude épreuves les bâtisses. Mais non seulement les bâtiments mais également l'homme. Par deux fois il tomba gravement malade, plusieurs fois les révoltes et soulèvements enrayèrent son action : tempêtes, inondations, troubles ...
Des nouvelles du pays furent donc les bienvenues : « Wie geht's der Vanlffer ? » demanda t-il à Charles SCHULTZ venu lui rendre visite durant son service militaire à Madagascar. Mais laissons à Charles le soin de relater lui-même les événements : « Après mes classes à Fréjus dans l'Infanterie de Marine, j'ai été affecté pour une durée de 16 mois à l'Escadron de Reconnaissance de la Subdivision Sud de Fianarantsoa. Mes parents m'avaient informé que le père KOENIG était missionnaire dans la région. Après avoir pris contact avec l’Évêché, je fis la rencontre avec un solide gaillard à longue barbe blanche : c'était le père KOENIG. Parti de son village natal depuis près de 30 ans, il me posa toutes sortes de questions sur Valff. Que devient donc untel, comment va unetelle ? Que de questions pour un jeune comme moi ! Je ne sais combien de réponses restèrent sans réponses ! Malgré tout il m'invita dans son hameau d'attribution : Ankaramenna. Son district était grand comme le Bas-Rhin ! La piste qui nous y mena était desservie par un car. Je me souviens que l'engin traînait derrière lui une poussière rouge qui se voyait encore après plusieurs kilomètres. Quelques caisses, le dessus d'une vieille table, trois ou quatre chaises et voilà le bureau du missionnaire. KOENIG remplissait les fonctions de curé, d'infirmier, de conseiller et de juge ... accompagné d'un jeune indigène, il sillonnait la brousse avec sa Jeep pour s'atteler à son oeuvre missionnaire. Ce qui faisait sa grande fierté était la chapelle d'Ankarmena qu'il avait contribué à faire construire ».
Après la déclaration d'indépendance de Madagascar, les aides financières des religieux se vit sérieusement amputées. La chapelle d'Ankaramena menaçait ruine, le toit s'étant envolé. Des quêtes furent donc organisées en Alsace : la famille du Père Koenig y contribua amplement. Finalement, une somme de 308 000 anciens francs fut récoltée et envoyée en 1960.
Sous son impulsion ainsi que celle d'autres missionnaires, le nombre des catholiques avait gonflé rapidement à plus de 10 000 dans le district de Basoa. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Environ 41% des malgaches se disent chrétiens. Beaucoup d'entre-eux pratiquent un syncrétisme religieux, c'est à dire pratiquent un mélange de croyances chrétiennes à celles de leurs anciennes croyances païennes. L'église d'Ankaramena n'existe peut-être même plus. A la place, on trouve une église luthérienne. Mais même cette dernière n'est pas plus respectée : en 2016 des individus avaient même trouvé le moyen d'en voler la cloche !
Vue satellite d'Ankaramena. On ne distingue pas de clocher d'une église
En souvenir de Florent KOENIG, laissons à Charles SCHULTZ le soin de parler de lui : « J'ai eu la chance de faire des tournées dans la brousse dans le secteur d'attribution du Père KOENIG. Les pistes étaient souvent très mauvaises. Il est venu un soir me chercher avec un Land Rover pour dîner avec les missionnaires dans le grand réfectoire de l’Évêché. Assis à côté de l’Évêque mangeait, impressionné et timide, un jeune militaire de 20 ans en tenue militaire, c'était moi ! Ce que je me souviens est que le Père KEONIG n'était pas copain ni avec les feux rouges ni avec es stops de Fianarontsoa. Il préférait les grands espaces, et de grands espaces il en avait à perte de vue ! et à volonté ! Là était son bonheur... ».
L'équipe de foot militaire de la Subdivision Sud (photo du 6 avril 1958, Charles SCHULTZ est le deuxième à gauche de la rangée du bas)