Souvenez vous : Marthe FREYDER est connue pour avoir fait partie de la bande des Apaches à Paris et d'avoir assassinée son amant par jalousie. Pendant cette période troublée apparaît un autre FREYDER. C'est Marcel. Lui, est un extrémiste nationaliste antirépublicain d'extrême droite. A croire que les FREYDER de Paris sont tous des révoltés. Marcel est royaliste. Son objectif : restaurer la royauté en France. Pour ce faire il distribue les journaux de l'Action française d'où son attribut de camelot.

A l'eau, le camelot !

Janvier 1910, c'est la crue du siècle à Paris. La Seine atteint 8,62 mètres au pont d'Austerlitz.

Le dimanche 30 janvier, Marcel FREYDER avec quelques collègues viennent en aide aux sinistrés du quai de Javel particulièrement inondé. En face d'eux se présente le commissaire de police BORDES, franc maçon et républicain opportuniste qui s'était ligué pour l'occasion avec un groupe d'une cinquantaine d'Apaches. BORDES ordonne à ces derniers de jeter à l'eau les camelots. Les coups de poing, les coups de pieds et les coups d'avirons pleuvent au cris de : « A mort ! A l'eau ! ». Les assaillants reçoivent l'assentiment du commissaire. « On peut vous casser la gueule » dit-il aux camelots. « Je ne ferais rien pour vous protéger ! ». Voilà, c'est dit ! Marcel FREYDER aura la jambe démise, son compagnon perdra de peu un oeil et un autre recevra un coup de poing du commissaire lui-même qui lui fendit la lèvre et se retrouva à l'eau. On crève leur bateau avec lequel ils avaient ravitaillé la population depuis 2 jours et on pille leurs biens. Les républicains détestent les royalistes, BORDES en particulier.

Deux ans plus tard, le commissaire Louis BORDES essayera de faire tomber les Camelots en leur proposant par le biais détourné et l'aide d'un de ses hommes de main nommé WEBER, d'acheter des armes de guerre. WEBER roulera BORDES et disparaîtra avec le gros des armes. Le tortueux BORDES sera démasqué. Désavoué par ses pairs, il démissionnera de son poste de commissaire et se consacrera à la politique. Humilié par un candidat d'un parti opposé qui avait refusé de lui serrer la main, il le provoquera pour un duel par les armes. L'affaire finira par s'apaiser. Mais BORDES teigneux, essayera de blanchir sa réputation en placardant sa version partout dans les rues. Ce fait témoigne du tempérament de va-t-en-guerre du personnage.

Dans un article que Marcel FREYDER signera en 1926, on append qu'il avait été Camelot du Roi depuis la fondation de l'Action française en 1899. Conférencier, il en sera le délégué et commissaire du 16e arrondissement de Paris. Il subira 17 arrestations et sera blessé 3 fois. L'organisation des Camelots du Roi sera officiellement dissoute en 1936. Certains groupuscules subsistent de nos jours.

Mais qui était Marcel FREYDER ?

Marcel naît le 9 janvier 1892 à Paris dans le 13e arrondissement. Dès son plus jeune âge, il distribue la revue de l'Action française. Vraisemblablement, c'est son père Aloïse originaire d'Andlau qui l'y encouragea. Sa mère Marie JACOBI est originaire du Luxembourg. Aloïse et Marie s'étaient rencontrés à Paris et s'y étaient mariés. Le grand-père Antoine était tisserand à Andlau. La famille vivait dans ce village alsacien depuis des décennies et habitaient dans la rue « Hinter der Sinn ». Leur ancêtre Blaise était, lui, originaire de ... Valff. Charpentier de métier, il avait quitté Valff pour Andlau vers 1700 en épousant Marie KUHLMANN. Marcel devint imprimeur et typographe. Il épousa Germaine Augustine Pauline PLUVERT, couturière à Paris. On recense trois enfants. Après la Première guerre, il reçut la croix de guerre avec le grade de maréchal des logis. Il décédera à Saint Nazaire, Loire Atlantique en 1969.

Et voilà ! La boucle est bouclée. Les FREYDER de Paris, turbulents et engagés ont retrouvé leur origines. Marthe l'Apache ou Marcel l’extrémiste ont comme supposé des racines alsaciennes. L'enquête touche enfin à sa fin. Des expatriés aux noms de famille familiers dans notre charmante commune finissent par retrouver leurs origines. Le village produisit bien des phénomènes... la chasse passionnante aux histoires insolites peut continuer... à notre grand bonheur !

Crédits :

  • Gallica
  • Remerciements à Mike FREYDER et Evelyne WEISER pour leur aide généalogique

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.