Dans un premier article, nous avions rapporté les conclusions d'un descendant sur l'histoire de la famille TAUFFLIEB. Dans un second article sur le destin particulier de certains membres de cette famille illustre. Après avoir relaté l'exceptionnelle effervescence qui accompagna le baptême chrétien des membres juifs de la famille, étudions l'exceptionnelle ascension sociale de quelques descendants.
Première génération
- André Antoine, le père, marchand, à l'origine de la conversion, né à Valff (?) est décédé le 11 novembre 1801 d'hydropisie, au 13 rue des Veaux à Strasbourg. Son épouse dont le nom de Beylé LEIB changea en Marie REICH (à ce jour on ne connait pas la raison, s'était elle fait baptisée ?) était déjà décédée.
Deuxième génération
- Marie « François » Claude est né le 11 avril 1777 à Valff, baptisé en 1881 et mort le 28 janvier 1866 à Barr. Au début marchand négociant, engagé dans l'armée révolutionnaire, il transforma sa carrière en banquier. Il épousa à 20 ans Marie Geneviève FALLER d'une grande famille catholique de Barr en 1797. Leur union se déroula dans le secret dans une chambre d'Epfig par un prêtre non assermenté. François fait ses études à Strasbourg. A 9 ans, il prononce une allocation en latin devant le Cardinal de ROHAN, évêque de Strasbourg à l'occasion d'une remise des prix. Il est appelé à la prêtrise, mais pour fuir les affres de la Révolutions il s'engage dans l'armée où il est nommé sous-officier à 16 ans. De retour à Barr il travaille chez son parrain de baptême François BEDEL qui le prend comme associé dans l'épicerie et à qui il succède en 1808. Il fait prospérer l'entreprise et ajoute un bureau de banque. La banque TAUFFLIEB est née. Elle fusionne avec la banque du Rhin, puis est reprise par le Crédit Industriel d'Alsace Lorraine (CIAL). François et Geneviève FALLER auront 5 enfants : François, Geneviève, Auguste, Édouard et Séraphine qui ne vivra qu'un an.
Peinture du XIXeme intitulée « Mademoiselle TAUFFLIEB »
- Marie Joseph est née le 18 avril 1773, baptisé en 1881 et décédé 26 mars 1864 à Strasbourg. Marchand de tabac et épicier dans la rue d'Or à Strasbourg. Marié le 18 avril 1803 avec Marie Sophie WILHELM. Ils eurent 3 enfants : Marguerite Joséphine, Auguste André et Anastasie Rosalie. Commis chez un marchand grainetier à Barr, il s'engage pendant la Révolution dans l'armée du général MARCEAU dans la Forêt Noire. Il décéda, paralysé, à 95 ans d'une pneumonie. Son fils Auguste décéda de la choléra en 1854, de même que la femme de ce dernier Marie Vacant et ses deux deux filles. Joseph allait tous les matins à la messe à la cathédrale. Il était membre du Conseil de Fabrique.
Joseph TAUFFLIEB
- Marie Élisabeth : (23 décembre 1770 - 30 septembre 1818 à Strasbourg) elle épousa Jean Marie JEHL, boulanger à Strasbourg. Ils habitaient 13 rue des Veaux
- Marie Marguerite : (1771 - 30 août 1814 à Strasbourg au 10 rue d'Or)
- Catherine Joséphine : (1780 - 1844) mariée avec Gervé ( Gervais) Breitenbach, cordonnier , le 20 pluviose de l'an 9. Elle a accouchée au n°91 puis sont recensés en 1836 au n° 112.
- Madeleine : Fille aînée, se fit baptiser en 1811 avec son fils Étienne qui pris à cette occasion le nom de MUTTERFREUND, né hors mariage. Une descendante partage aujourd'hui avec nous ses recherches généalogiques.
Troisième génération
Enfants de Madeleine
- Jean Baptiste Mutterfreund : Fils naturel de Madeleine TAUFFLIEB d'un père inconnu juif, né le 26 juillet 1803 à Valff et décédé le 23 mai 1860 à Guebwiller. Préposé des douanes. Marié le 16 novembre 1835 à Meyenheim avec Catherine SENGER. Jean Baptiste a tiré le numéro 57 lors du conseil de conscription et a du partir à l'armée. Il exerçait le métier de tricoteur.
- Marie Louise : (1812-1878) de Jacob Klugenhertz , tisserand à Valff . Marie Louise se mariera à Jacob SCHMUTZ
Enfants de Catherine Joséphine
- Jean George BREITENBACH : Fils de Madeleine , né le 29 juin 1806 sans profession a tiré le numéro 88 pour rejoindre l'armée lors du conseil de conscription. Père Gervé Breitenbach , cordonnier à Valff décédé prématurément en 1817.
- Anne Marie née le 1er floréal an 10 (1802-1849)
- Catherine née le 3 septembre 1809
- Marie Thérèse née le 13 août 1813 +1880
Recensement à Valff de 1836 : famille BRESTENBACH avec Catherine TAUFFLIEB, veuve
Enfants de François Claude et Marie Geneviève FALLER
- Marie Antoine « Auguste » (née le 21 juillet 1807 à Barr, décédée le 15 août 1892 à Barr). Banquier, adjoint au maire, créateur de la banque TAUFFLIEB. Il est le créateur de l'hôpital de Barr et d'une Caisse d'Épargne. Il fonda avec son frère médecin la société Saint Vincent de Paul. Il racheta les ruines de l'abbaye de Niedermuster au pied du Sainte Odile pour la restaurer et reconstruire la chapelle. En souvenir de son travail pour la commune dans le domaine de l'industrie, le conseil municipal décida en 1893 où se trouvait le siège de la banque TAUFFLIEB, de rebaptiser la rue de l'Ours à son nom. Il épousa à Turckheim Anne « Marie » Agnès, fille du docteur BLANCK dont l'autre fille Rose « Agnès » épousera le frère d'Auguste, Édouard. Le couple eu 10 filles et 1 garçon.
- Marie Henry « Édouard » (né le 15 janvier 1809, décédé à Barr le 14 octobre 1867). Édouard était médecin. Il possédait 5 diplômes universitaires, écrivain médical, il était aussi membre de la société de science chimique et recherches médicales du Grand Duché de Bade. A Barr, il était surnommé « le médecin des pauvres » ou encore le « Saint docteur ». Il assistait tous les jours à la messe et était secrétaire de la Conférence Saint Vincent de Paul. Il a épousé la fille cadette d'un docteur de Turckheim, Rose « Agnès » BLANCK dont la fille aînée avait déjà épousée son frère Antoine Auguste. Il a eu un rôle prépondérant dans la restauration de l'abbaye de Niedermunster au pied du mont Sainte Odile. Il décéda des suites d'une grippe typhoïde. A ses obsèques, toute la population de Barr accompagnée de 18 prêtres, 2 pasteurs et tous les notables des environs étaient venus lui rendre un dernier hommage. Il a même été question d'introduire sa cause en béatitude mais le début de la deuxième guerre mis fin à ce projet.
Édouard TAUFFLIEB (1809 - 1869) le médecin et Agnès BLANCK
- Marie « François » Joseph (né le 21 décembre 1798 et décédé le 12 septembre 1833). Prêtre. Il fut ordonné le 17 juin 1821 à Strasbourg. Il occupa une chaire au collège royal de Strasbourg mais sa santé fragile ne lui permis pas de continuer sa mission. il fut nommé curé de Nothalten. Malgré une nouvelle proposition de promotion au collège « La petite Sorbonne » il continua à desservir ses paroissiens. Malade il retourna chez ses parents pour décéder à 34 ans. Sa tombe se trouve à l'entrée du cimetière et non dans le caveau familial.
- Geneviève (1802 - 1874) mariée avec Georges Bernard ROHMER
- Marie Joseph Florent (1810, mort à l'âge de 5 mois)
- Marie Séraphine Richarde (1811 - 1816)
Rue de l'Ours, le marché (1910)
Quatrième génération
Enfants de Joseph (père Marie Joseph) et Marie Sophie WILHELM
- Auguste André (1806 - 1854), marié avec Marie Vacant, employé aux Recettes de Hospices Civils. Décéda de la choléra
- Marguerite Joséphine (1804 - 1877), célibataire
- Anastasie Rosalie (? - 1864 à Strasbourg), célibataire
Enfants d'Auguste (père François Claude) et Marie BLANCK
- Adèle (1837, mort à l'âge de 4 mois)
- Adélaïde (1839 - 1867), parents Auguste et Marie BLANCK, décédée à 28 ans, religieuse. Congrégation des soeurs de la Charité.
- Augustine (1840 + 30 jours)
- Marie Caroline (1841 - 1917 à Shanghaï Indochine), parents Auguste et Marie BLANCK, religieuse. Congrégation des soeurs auxiliatrices du purgatoire.
- Marie Charles (1843 - 1902 à Strasbourg), marié à Marie Antoinette Thérèse MOHLER, banquier, 6 enfants.
- Marie Augustine (1844 - 1879), célibataire
- Marie Philomène « Rosalie » (1843 - 1929), parents Auguste et Marie BLANCK, religieuse
- Marie Philomène « Mathilde » (1845 - 1874), parents Auguste et Marie BLANCK, religieuse, Congrégation de la charité, décédée à 28 ans comme sa soeur religieuse Adelaïde
- Marie Anne Odile (1846 - ?)
- Marie Louise (1847 - ?), mariée à Jean Victor BENCKARD
- Marie Hélène (1852 - 1863 à 11 ans)
- Marie Françoise Joséphine (1835 - 1915 à Sélestat), parents Auguste et Marie BLANCK, mariée avec Jean Baptiste SPIES, 3 enfants
Enfants d'Édouard (père François Claude) et Agnès BLANCK
- Marie Philomène « Lucie » (1840 - 1887 à Strasbourg à 47 ans), religieuse, congrégation de la charité
- Marie « Joséphine » Philomène (1841 - 1845 à Barr à 4 ans)
- Marie Philomène « Rosalie » (1843 - ?), religieuse, congrégation des soeurs auxiliatrices du purgatoire
- Marie François « Jules » (1842 - 1852 à Barr à 7 ans)
- Marie Caroline Philomène « Eugénie » (1847 - ?), mariée avec Théodore RISS, 5 enfants. Elle fut la seule parmi les 6 filles à se marier. Elle épousa Théodore RISS dont le cousin germain avait épousé 9 ans plus tôt sa cousine Odile. Le mariage a été célébré par Auguste, alors adjoint au maire à Barr. Son fils Édouard a épousé la soeur de l'évêque de Nice.
- Marie Caroline Philomène « Eugénie »
- Marie Philomène « Pauline » (1849 - 1925), religieuse, Congrégation des soeurs Réparatrices
- Marie « Joseph » (1851 + le même jour)
- Marie « Clotilde » Philomène (1852 - ?)
- Marie « Léon » (1855 - 1935 à Barr), marié avec Jeanne COLLINET, médecin, Chevalier de la Légion d'Honneur, sans postérité
Marie « Léon », médecin
- Marie Philomène « Thérèse » (1858 - ?)
Cinquième génération
Enfant Auguste et Marie VACANT
- Marie « Adolphe » (20 avril 1829 Strasbourg - 18 août 1896 Paris), grand parents Joseph et Sophie WILHELM. Directeur de la Compagnie d'Assurance « l'Aigle ». Marié en 1856 avec Marie Emilie SCHAEFFER, 5 enfants. Enfant légitimé au mariage de ses parents il s'engage à 18 ans au 8e Régiment des Hussards. A la mort de ses parents, il retourne à Strasbourg et reprend l'entreprise de son beau père. Après la guerre de 1870 il opte pour la nationalité française et s'installe à Paris comme économe de l'hôpital de Sèvres.
Adolphe, directeur d'assurance « L'Aigle »
Sixième génération
Enfants de Adolphe et Emilie SCHAEFFER
- Adolphe Emile « Le général » (22 mai 1858 à Strasbourg - 1er décembre 1938 à Cannes). Polytechnique puis militaire à Saint-Cyr, commandant du 37e Corps d'Armée, général de division (juin 1916). Croix de guerre 1914-1918, Légion d'honneur en juin 1916, puis Sénateur du Bas-Rhin de 1920 à 1924. Sur sa tombe on peut lire : « Ils ne sont pas passés Verdun mai 1917 ».
Discours d'Adolphe Emile Tauflieb devant le « Mort-Homme » à Verdun
On ne peux parler du général sans esquisser la biographie de sa deuxième épouse Julia Hunt Catlin Park DEPEW TAUFLIEB. Née en 1864 elle était la petite fille du 29e Lieutenant-gouverneur du Connecticut. Durant la première guerre elle a transformé son château de Longueil d'Annel en hôpital militaire de 300 places. Après avoir du fuir après l'avancée des troupes allemandes, elle ne retrouvera son château que fin 1917. Pour avoir ouvert le premier hôpital américain en France, Catlin fut distinguée de la Légion d' honneur, la médaille d'Or des mains du Président Poincaré et de la Croix de guerre, première femme américaine a obtenir cette distinction. Sa vie sentimentale a tout aussi été mouvementé. Veuve en 1907, mère de 3 enfants dont une fille a vécu 3 jours et un garçon qui s'est tué à 10 ans en tombant dans une verrière. En 1911 elle épouse un certain Mitchell DEPEW avec qui elle divorce en 1916. En 1918 elle épouse finalement Adolphe TAUFFLIEB. Elle décéda en 1947 à Cannes.
Julia CATLIN et Adolphe Emile TAUFFLIEB
Premier mariage en 1883 avec Jeanne Pétronille REDON sans postérité, veuf en 1912. Deuxième mariage avec Julia CATLIN, américaine, infirmière et ambulancière. Le mariage fut célébré dans un château et ce dernier, avec toute la localité autour fut détruit les jours suivants lors de violents combats. Le couple est resté sans postérité.
- Anna (1860 - 1952), mariée avec Charles Edouard GUILLAUME, physicien, 3 enfants
- Auguste (1861 - 1943), industriel
- Jeanne (1865 - 1961)
Un choix de vie et de croyance a définitivement changé le destin de toute une famille. Quel aurait été leur vie sans cette démarche ? Timothée TAUFFLIEB n'aurait sûrement jamais porté le maillot de l'équipe de football du Paris St Germain !
« Le destin existe. Mais seulement pour ceux qui y croient », Mickaël VEUILLET