L'hôtel des Invalides à Paris a accueilli de nombreux militaires en retraite ou blessés (voir l'article Jean-Jacques ROSFELDER, mercenaire du Roi !). C'est en 1761 qu'est recensé un alsacien du nom de Blaise ROSFELDER. On peut lire « Blaise ROSFELD alsacien, agé de 48 ans natif de Falff près Schelestatt en alsace Sergent au Rég de Walones Comp Ohoggnes ou il a Servy 28 ans dont 10 ans serg et 2 ans Enseigne surnuméraire ancienne blessure est catholique ».

Petit texte mais que de pistes de recherches ! Déjà nous savons que Blaise a séjourné dans cet hôpital comme son cousin militaire Jean Jacques ROSFELDER de Valff. Se sont-ils rencontrés ? Il y a de fortes chances car ils y ont séjourné pratiquement à la même période. Les registres paroissiaux nous éclairent un peu sur son passé. Il est né le 17 août 1712. Fils premier né de Blaise et de Anne Marie FREYDER. Il est durement éprouvé par la mort prématurée de sa mère alors qu'il n'a que 10 ans. Avec son frère Sébastien et sa soeur Suzanne, la vie est dure.  Leur père s'est remarié avec une fille de Zellwiller, Elisabeth EBEL, en 1723, mais on ne remplace pas une maman. C'est donc sans avenir que Blaise se laisse séduire par les sirènes de l'aventure : il s'engage dans l'armée. Doué, il grimpe les échelons militaires et est nommé sergent dans le fameux Régiment de Wallons.

Le Régiment Wallon

Appelé le Régiment des « Nouveaux Gueux » créé en 1600, il est composé de Flamands et de Hollandais. C'est une unité d'infanterie d'élite composée d'une compagnie de grenadiers et de six compagnies de mousquetaires. Le régiment est généralement appelé du nom de son commandant colonel. C'est ainsi que nous découvrons le nom de la Compagnie Ohoggues. On peut supposer que Blaise fut blessé lors de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) à laquelle sa Compagnie a participé. Il a de toute évidence voyagé jusqu'au centre de l'Europe.

Il servit comme mousquetaire au service du Roi Louis XV qui avait épousé Anne LESZCYNSKA,  fille du roi de Pologne exilé à Wissembourg. Mariée à 23 ans alors que Louis n'en avait que 16, la cérémonie de mariage eu lieu par procuration dans la cathédrale de Strasbourg. Une mariée mais pas d'époux. Que c'est romantique ! 

Blaise, comme indiqué, est promu sergent au bout de 12 ans de service. Vers la fin de sa carrière il titille même le grade d'officier. Le terme militaire d'Enseigne désigne généralement un soldat porte drapeau. C'est un grade légèrement en-dessous de celui de Lieutenant. Dans le texte il est spécifié : Enseigne surnuméraire. Il s'agit ici du titre de soldat de réserve dans lequel Blaise aurait servi pendant ses 2 dernières années (je tiens à remercier Denise RAY pour son aide et ses recherches aux archives des Invalides). 

Mousquetaire Wallon

Puis nous perdons la trace de Blaise. S'est-il marié ? A-t-il eu des enfants ? Par cet article nous tenions à honorer la mémoire du mercenaire ROSFELDER au service du Roi Louis le XVème, Roi de France et de Navarre. Dans les registres de décès est cité un autre Blaise ROSFELDER : Fils de Joseph et Catherine HIRTZ. Né le 28 mai 1730, il s'était engagé comme son homonyme, mais dans l'armée appelée Régiment d'Alsace. Il meurt à 28 ans à Valff, muni du sacrement de pénitence et de l'extrême onction « ... mais à cause de la douleur de sa gorge il ne voulait pas avaler l'hostie sacrée et le second jour des mêmes mois et année a été enseveli au cimetière ordinaire ... » indique le curé Jean SCHECK dans l'acte de déçès.

Après Jean Jacques et les deux Blaise, ne manquez pas l'article consacré à l'histoire de Vincent Rosfelder décoré de la Légion d'Honneur. Les ROSFELDER avaient, sans conteste, la fibre militaire ! A suivre...

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.