Le 10 mai 1871 est signé à Francfort le traité qui rattache l'Alsace et la Lorraine à l'Empire allemand, et qui oblige la France à verser une très lourde indemnité de guerre. La France perd L'Alsace et la Lorraine. Les Allemands enrôlent les jeunes recrues dans son armée. Mais la gentille invitation n'est pas du goût de tous. De nombreux jeunes de Valff prennent le gauche ... et disparaissent !
Après l'ordre de présentation à la Commission d'enrôlement d'Obernai (die Kreis Ersatz Commission), suivie d'une sanction pécuniaire pour non présentation, l'administration allemande procédait à la perquisition du domicile du déserteur. Comme ce dernier avait généralement pris les devants, on ne le retrouvera plus. De nombreux jeunes sont passés côté français, soit pour y élire domicile, soit pour poursuivre leur fuite jusqu'en Amérique. Dans le canton d'Obernai, 52 jeunes ne se sont pas présentés.
Acte de perquisition au domicile de Joseph LUTZ (1876)
A partir de 1872 le service militaire devient obligatoire pour une période de 3 ans. Un des premiers des séditieux de Valff est Joseph LUTZ, fils de Martin, journalier à Lunéville et habitant la commune. Le 22 novembre 1876, un policier et l'huissier Friedrich BRAUN d'Obernai, sur ordre du tribunal de Saverne et en présence du maire ANDRES font irruption dans l'appartement des LUTZ. LUTZ écopera d'une amende par contumace pour commencer de 10 Marks + 3 Marks 47 de frais. Il sera condamné en 1874 puis en 1876. Chaque année on procédera à une perquisition. Des pistes le situent déjà en Amérique.
Les autres compagnons d'infortune de LUTZ sont les jeunes Christian CALION fils du chaudronnier Christian CALION ainsi que Samuel et Julius HEUMANN fils du boucher Jacob, 182 rue Principale. Pour ce dernier l'amende avait grossi à 300 Marks. En 1880, ils sont à nouveaux recensés à Valff. Ont-ils payés ? Les a t'ont oublié ? Ajoutons Blaise MULLER, fils de Jean George, 283 rue Principale, Antoine ULM, fils du vannier François ULM, 1 rue du Lemgässel (anciennement rue Mühlmatt) et Wilhelm ANDLAUER, journalier, fils du laboureur Etienne. Ils subiront tous le même sort : perquisitions, amendes, ...
Maintenant l'administration a fini de rire, ils seront recherchés pour effectuer des peines de prisons, tenez vous de ... 3 jours ! Il faut reconnaître que les Allemands se montrèrent cléments. La politique de l'intégration, non de la répression. De nombreuses recrues finirent par apprécier leur séjour militaire. Discipline, ordre, fierté et instillation subtil ou à coup de burin selon les casernes du germe nationaliste teuton ! Deutschland über alles !
Carte postale d'Auguste MEYER de 1896