Ecole ménagère de Strasbourg dans les années 30 (Archives de Strasbourg - Fond BLUMER)

Les femmes ne sont-elles bonnes qu'à faire des travaux ménagers ? C'est ce que nous pourrions conclure au regard des premiers documents historiques. Prenons le thème de la couture. Que dirait  aujourd'hui une citoyenne si l'administration lui donnait l'ordre : « Va coudre ! ».

C'est pourtant ce qu'imposèrent pour la troisième fois, en 1794, les membres du conseil municipal à ces dames de Valff. La délibération ordonnait qu'un nombre plus important de couturières participe à l'effort républicain et consacre son dimanche aux travaux de couture pour la Nation. Et le secrétaire de préciser :« gare à celles que l'on choppe en train de danser ce jour là !  ».

Arrêté municipal ordonnant aux femmes de coudre (18 Messidor An 2 - 6 juillet 1794)

De tous temps, le rôle de l'épouse a été établi comme femme au foyer. Etre une femme capable se résumait à savoir préparer les repas, faire le ménage, s'occuper des enfants et ...et , tout le reste. Le système était bien rôdé.

A Valff, avant la première guerre a été immortalisé par un cliché, le souvenir d'une journée d'initiation à la couture. Les machines étaient sponsorisées par l'entreprise Erbs et Muller, concessionnaire des machines Winter & Adler. Et voilà comment on fait la promotion de machines à coudre, bientôt indispensables, et qui finiront par envahir petit à petit, tous les foyers. Les marques les plus diffusées dans notre région a été Singer « le Singerle » (petit chanteur), Gustave Eglinsdorfer, fabriquée à Colmar, Pfaff, Kayser, etc. Il en reste plein les greniers. Les anciens se souviennent encore du « tac tac tac » caractéristique régulé par le mouvement du pied, ou des deux, ou mieux, déjà avec une pédale électrique.

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Petite anecdote. Le journal Unterländer Kurier de 1937 s'insurgea de la complexité d'une notice d'utilisation d'une de ces machines en écrivant : « ... et les yeux de la bonne ménagère s'écarquillent lorsqu'elle lit :"Die Armwelle der Schwing-schiffchen-Machine ist gekröpft: um diese Hubstelle der Welle greift ein Schaukelhebel " ». Rien compris ! On leur parle de nos manuels d'utilisation des portables ?

Entre les deux guerres certaines demoiselles avaient la chance d'aller à l'école Ménagère de Strasbourg, rue de l'académie de la Krutenau. On y enseignait :

et tout naturellement la couture !

Mesdames et mamans, grâce à votre grand coeur et à vos petits doigts agiles et précis, nous, les enfants, avons bénéficié des plus beaux habits que vous nous avez confectionné et qui sont passés de l'aîné au dernier. Nous vous disons un grand : MERCI !

Sources :

  • Archives de la commune
  • Archives de Strasbourg
  • Gallica
  • Fond Antoine MULLER

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.