Rue Thomas

Un facteur doit avoir une bonne mémoire. Quel casse-tête lorsque la suite des numéros de maisons semble aléatoire ou illogique. Au cours des années, avec la construction de maisons neuves, un charmant méli-mélo et décalage s'est lentement installé.

Dans certains villages, particulièrement dans les Vosges et encore de nos jours, les numéros dans les rues perpendiculaires à la rue principale sont attribués d'un chiffre qui est calculé selon la distance mesurée en mètres à partir de la rue principale. Il n'est donc pas surprenant de trouver à côté du 43, par exemple, le numéro 112. Il semble qu'une pareille situation confuse ait poussé le maire Andres de Valff d'établir un arrêté municipal en 1879.

Les débuts de la numérotation

Le premier registre de dénombrement disponible pour Valff avec une esquisse de numérotation date de 1836. Avant cela, déjà à partir de 1811, les enregistrements de naissance et de décès spécifiaient un numéro de maison. Les registres étaient préremplis avec la mention : « né (ou décédé) dans la maison numéro ... ». Cette bonne habitude disparue en 1830.

Acte de naissance de Caïn Léopold LEVI le 20 mai 1811. Maison où l'accouchement a eu lieu : n°139

Dans le registre de dénombrement de 1836, les noms des rues ne sont pas mentionnés. Cette indication supplémentaire ne figurera qu'à partir de 1870. Le dénombrement débutait à l'entrée de la route de Zellwiller. Par exemple, en 1836, le charpentier Michel GOETZMANN habitait avec sa femme et ses enfants au n°1 :

L'arrêté municipal de 1879

Loi sur l'administration municipale de 1837

Dans son arrêté, Monsieur le Maire se réfère à la loi de 1837. Le premier décret concernant l'obligation de numéroter les maisons date du 4 février 1805 et s'appliqua à la ville de Paris [en savoir plus].

Monsieur le Maire rappelle que l'indication d'un numéro visible sur toute maison incombe à chaque propriétaire et que tout le village doit ainsi être répertorié. Il semble qu'il y aurait eu un léger laisser-aller.

Article 1

Les propriétaires auront un délai de huit semaines pour fixer une plaque numérologique visible de la rue.

Article 2

La numérotation doit se suivre dans une suite croissante et logique selon l'attribution donnée par le conseil municipal.

Article 3

Les plaques seront constituées en métal laqué. Le chiffre est affiché en blanc sur fond bleu. Afin d'uniformiser les plaques, la commune en fera la commande à une entreprise compétente. L'accrochage et l'achat de la plaque incomberont à la responsabilité des propriétaires. 

Article 4

La police locale veillera au bon respect de l'arrêté.

Article 5

Une copie du décret a été remis au Kreisdirector d'Erstein.

Valff, le 26 décembre 1879

Rue Haute

Source : Archives de la commune

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.