Le pèlerinage du Puy et les scouts

Au XXe siècle, la vie paroissiale, avec ses nombreuses fêtes religieuses, rythmait l'année et l'imprégnait de profondes traditions locales. En tant que servant de messe, chantre et sacristain, j'ai beaucoup de souvenirs de ce temps passé. La conviction religieuse de mes parents m'encourageait d'assumer ces différents services dans la paroisse.

En pleine seconde guerre mondiale, les Scouts de France sous l'impulsion du Père Marcel Forestier appellent les jeunes gens de France à prendre la route du Puy-en-Velay pour le 15 août 1942. C'est toute la jeune France catholique qui répond présent : JOC, JAC, JEC, Pénitents blancs, ... et bien sûr 5 000 routiers. Campant autour du Puy-en-Velay, ils prirent la route parfois nus-pieds quelques jours avant le 15 août pour converger à Notre-Dame le jour de la célébration de l'Assomption.

La célébration fut grandiose. 10 000 jeunes sont rassemblés. Bannières, étendards et capes flottent au vent. Chemin de Croix, processions, messes en plein air, se sont suivis. Le Maréchal Pétain était représenté par un Préfet. Pour l'occasion, 25 statues de Notre-Dame ont convergé vers le Puy, notamment celle de Notre-Dame de Strasbourg (en zone annexée) portée par les délégués alsaciens et Notre-Dame de Boulogne-sur-mer (en zone occupée) qui passa la ligne de démarcation dans un camion à légumes. Les routiers chantèrent « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine ».

La statue de Notre-Dame de Boulogne

L'histoire de cette Vierge de Strasbourg n'est pas banale. Dès la déclaration de guerre, en exécution de décisions gouvernementales, nombre d'Alsaciens et de Lorrains ont été évacués dans le Centre et le Sud-Ouest. L'exode de 1940 a accru l'importante communauté alsacienne regroupée dans la capitale de l'Auvergne où était repliée l'Université de Strasbourg. Ils avaient fait serment, en pleine guerre, de rapporter un jour cette statue en bois habillée de tissu dans leur Alsace libérée. La promesse a été tenue. Après la libération, la statue a été transportée de ville en ville, par Chartres, Paris, Reims, Domrémy, puis à travers ne nombreux villes et villages d'Alsace. En tant qu'adolescents, nous jeunes de Valff, à pied, nous avons accompagné cette statue portée par des scouts, de Schaeffersheim à Meistratzheim. Puis d'autres jeunes ont pris le relais. Le 15 août 1946, une cérémonie l'installait pour plusieurs mois dans la cathédrale de Strasbourg.

En 1947, elle était mise en place au Dompeter à Avolsheim. Depuis la route départementale allant de Molsheim à Saverne, on aperçoit en plein milieu des vignes et des champs, juste avant Avolsheim, cette belle église du Dompeter que la plupart des Alsaciens connaissent bien et dont le passé donne prétexte à mélanger savoureusement l'histoire et la légende. Il faut d'abord évoquer la légende qui laisse entendre que la fondation de cet édifice religieux serait due à Saint Materne, l'évangélisateur de la plaine rhénane.

La statue subira malheureusement le même sort que les reliquaires et les statues polychromes qui furent victimes de cambrioleurs, mais sa copie retrouve sa place pour chaque célébration qui réunit les scouts. La Vierge de Strasbourg a été volée en 1971 ...

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.