Veuve, paralysée, le témoignage poignant d'une mourante laisse songeur. Thérèse WAGNER de Valff a vécu une vie de souffrance. Pourtant, avant de mourir elle a laissé un témoignage empreint de foi. Récit.
Une vie de souffrance et de morts
« Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion », Jacques 5:11. Nous ne savons si Thérèse WAGNER connaissait ce passage de la lettre de Jacques contenue dans le Nouveau Testament ou Ecritures grecques chrétiennes. Sa vie n'a été que suite de tourments et de souffrances. Thérèse est née à Obernai, fille d'un modeste remmouleur du nom Jean-Pierre WAGNER. Sa mère Marie Anna WiRY, était décédée depuis 25 ans lors de son mariage avec le cordonnier François Antoine VOEGEL de Valff. A l'époque Thérèse avait 8 ans. Le début des malheurs !
Son futur mari, Antoine, n'était pas mieux loti. Lui aussi avait déjà perdu ses parents : sa mère à 18 ans et son père à 19. Sa mère Anne Marie SCHULTZ décéda 2 mois après la mort de son fils Pis Aloïse, nourrisson de 4 mois en 1817. Elle avait déjà perdu des jumeaux et un autre fils peu avant. Son père se remaria et décéda 4 ans après. Le décor est planté !
Acte de mariage de François Antoine VOEGEL et Thérèse WAGNER en 1835
La famille
La famille habitera au n°253 de la rue Meyer. Le couple aura 7 enfants. Leur premier enfant, François Joseph, décèdera après 6 jours. Marie-Anne, la seconde, après 18 jours, l'année après. Puis Thérèse mis au monde 3 garçons : Auguste, François-Antoine et Aloyse ; et deux filles, Madeleine et Thérèse. Son mari François Antoine ferma définitivement les yeux en 1869 à 62 ans.
253 de la rue Meyer
On retrouve Thérèse sur son lit de mort. C'est le journal « Oberehnheimer Anzeiger » qui dévoilera les dernières années de sa vie. Le rédacteur fut manifestement touché par les dernières années de souffrances de Thérèse. Mais ce qui l'a encore plus ému, sont les dernières paroles et recommandations qu'elle transmis à la fin de sa vie à ses enfants.
Sa mort le 10 août 1894
Extraits : « (Alles Irdische nimmt ein Ende). Hier, est décédée Thérèse WAGNER, née à Obernai et veuve d'Antoine VOEGEL, cordonnier. Elle était atteinte d'une maladie incurable des jambes depuis 1867. Elle souffrait le martyre depuis une opération ratée, après quoi elle est restée partiellement paralysée. Son plus grand souhait est enfin arrivé, celui de s'endormir dans la mort. Encore la veille, elle avait fait rassembler ses enfants en leur commandant : "Restez en paix entre vous, élevez vos enfants dans la crainte de Dieu afin de recevoir tout leur soutient dans l'âge. Choisissez le chemin de la justice comme je vous l'ai enseigné depuis votre jeunesse et ainsi le Seigneur ne vous abandonnera pas ». Une heure plus tard elle perdit l'usage de la parole, et après encore de nombreuses heures d'agonies, elle remis son esprit à son créateur, à une heure du matin, le vendredi 10 août 1894. Le Seigneur a proclamé », écrit le journaliste, « Je vous ai aménagé une demeure où il n'y aura plus de dangers ni souffrances pour l'éternité, pour vous, qui avez enduré la chaleur du jour jusqu'à la fin ».
L'enterrement eu lieu dimanche, le 12, en présence d'une grande foule de Valffois. Thérèse avait 82 ans. Elle était paralysée depuis 27 ans et veuve depuis 25. A partir des années 1880, vers la fin de sa vie, elle habita avec ses deux fils au n°280, dans l'enclave, au coin de la rue Principale et la « Argsgasse » (rue Dauphin), chez François Antoine, cordonnier, sa femme Thérèse HARLEPP et enfants, et son autre fils Auguste, marchand de céréales. Pour les assister, ils disposaient d'une servante et d'un employé.
Plan XIXe siècle. Les parties peintes en rose représentent les maisons et les surfaces grisées, des dépendances
Malgré trois fils, la lignée s'éteindra lentement. Son petit fils, Victor, tombera sur le champ de bataille durant la Première guerre mondiale. Il avait 30 ans. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune. Leur maison a été détruite lors du bombardement du 6 septembre 1943.
Photo prise dans la rue des Dauphins le 6 septembre 1943. Vue sur les maisons de la rue Principale avec au centre la maison n°289
Sources :
- BNU
- Fond Antoine MULLER