Dans son dernier courrier qu'Edouard SCHULTZ envoya à sa famille en Alsace nous avons appris qu'il se posait la question si Maria, sa sœur restée à Valff allait le rejoindre lui et ses trois frères aux Etats-Unis. Le destin de Maria se jouera avec le contenu d'une simple lettre. Curieux ? Alors suivons ensemble la suite de la saga des enfants de la famille SCHULTZ.
Pine Valley, 15 décembre 1895
Edouard envoie une lettre à sa soeur Marie de Pine Valley. Dans cette lettre il indique qu'il a quitté Cincinnati. Il argumente qu'il ne s'y plaisait plus. Il philosophe à ce sujet : « Que celui qui reste toujours au même endroit n'apprend plus rien de neuf et ne voie plus rien de neuf ». La région de Pine Valley où s'est rendu Edouard est difficile à situer. Il existe en effet de nombreuses localités de ce nom. Mais ce qui motive la lettre d'Edouard à sa sœur est le fait que ses frères lui ont écrit et conseiller leur soeur. Elle a un choix crucial à prendre : se marier à Valff ou partir en Amérique. Marie est partagée. Née le 28 décembre 1859, elle va déjà sur ses 35 ans. Edouard lui fait savoir que son choix final sera respecté. Elle fréquente Mathias OERTHEL et si elle décidait d'émigrer elle serait confrontée à plusieurs problèmes :
Marie Anne connait déjà l'Amérique. En 1882 elle avait rejoint Jean Pierre sur le SS Canada en partance du Havre. A l'époque, elle était célibataire et avait 23 ans . Elle n'était pas seule, sur le même navire voyageait avec elle SAAS Marie âgée de 16 ans , la fille d'Etienne et de Marie Françoise SCHENCKBECHER ainsi que Catherine SAAS, 62 ans, déjà (?) installé à Cincinnati avec ses frères ? Pour Catherine ce fut la dernière fois qu'elle verra son village de naissance.
Marie SCHULTZ , quand à elle , embarque avec un terrible secret. Elle serre contre son sein un frêle nouveau-né. C'est un garçon. Quand et où est né cet enfant, nous l'ignorons. Quelques temps après, Marie reviendra en Alsace... seule...
S.S CANADA
La barrière de la langue
Revenons à la lettre d'Edouard à sa soeur Maria. Avec tout le tact d'un frère gauche et bien rustre , il rappelle à sa soeur qu'elle est déjà vieille, voilà, ça c'est fait ! Il explique que, vu son âge, il lui semble qu'elle aura beaucoup plus de mal à apprendre l'anglais. Lui par contre maîtrise maintenant cette langue et pourrait éventuellement l'aider à l'apprendre. Mais dans la suite du texte, il lui souhaite un enfant tous les ans et une foule innombrable de petits-fils. Etait-il au courant de l'enfant qu'elle avait emmenée en Amérique en 1882 dont nous avons perdu la trace ? Comme il va vite en besogne le Edouard ! C'est comme s'il disait : tu peux venir ... mais je te souhaite un bon mariage. Elle se mariera finalement à Valff et enfantera un garçon et un fille. Le carrefour routier du destin est un échangeur à sens unique ...
La correspondance des garçons Schultz se poursuivra ... mais nous étudierons le contenu plus-tard, en attendant, laissons les encore un peu s'installer tranquillement dans leur Nouveau Monde ! A suivre !