Un donateur à titre posthume ? Est-ce possible ?  Suivons l'enquête qui débute avec un don d'un donateur anonyme.  C'est en 1864 qu'un bienfaiteur anonyme de Valff offrit la modique somme de 20 centimes pour les sinistrés d'un immense incendie qui ravagea la ville de Limoges. Quel est le lien entre Valff et Limoges penserez-vous ! Comme nous avons la même curiosité, il ne nous faut pas plus pour débuter une enquête.

Le contexte

La seule information qui nous est parvenue est celle d'une annonce dans le « petit journal » de 1864. On y découvre des offrandes aussi diverses que 3 Francs d'un Franc-Maçon de la Loge Rose écossaise, les 20 francs et 23 centimes d'un atelier de Passementier, les 1 francs 60 d'un inconnu, les 1 francs de X.X de Carpentras, et ... les 20 centimes d'un Victor de Valff.

Avant de dévoiler qui est cet énigmatique Victor, parlons un peu de la catastrophe de Limoges. Le 15 août 1864, la ville célèbre, par un grand feu d'artifice, la fête de l'Empereur. En marge de cette fête, la femme du Sieur CANCE jette au hasard un lumignon de chandelle dans un panier rempli de chapeaux de paille. Le feu en se propageant, ravagera une grande partie de la ville. Citation : « La tempête, la destruction et le chaos semblaient s'être liguées pour faire le sac de notre malheureuse ville ». Des maisons en bois construites le long de ruelles étroites, peu de personnes sur place occupées à admirer le feu d'artifice, des puits à sec suite à la sécheresse : le scénario du pire est enclenché.

Pire : un marchand de vin voisin apercevant le feu courre avertir les soldats de garde du poste de la préfecture. Les soldats de garde décident ... rien ! Alerte au poste militaire ... toujours rien ! C'est finalement au poste des pompiers qu'il se fait entendre. Manquant d'eau, ces derniers décident de jeter du fumier frais sur l'incendie. Le fumier sèche et ... s'enflamme ! Des témoins racontent : « Le feu fut comparable à un large fleuve qui roule ses vagues de feu sur les toitures. Il y eu des heures de douleur. Quatre-vingts maisons brûlaient à la fois. Une lumière immense noyait la ville dans ses sinistres clartés. Le feu semblait être sous nos pieds et sur nos têtes. On entendait les toitures s'effondrer ; on voyait des maisons entières s'incliner ».

Heureusement aucune victime ne sera a déplorer. Un pompier est miraculeusement sauvé par son collègue alors qui se retrouva prisonnier dans une cave. La France entière fut émue par cette catastrophe. Les journaux relayèrent amplement l'événement ... jusqu'à Valff.

Limoges après l'incendie

Mais qui est donc finalement notre Victor de Valff ? Des recherches généalogiques permirent de filtrer les potentiels prétendants. Le prénom Victor ne sera populaire à Valff que vers la fin du XIXe siècle. Le seul Victor recensé vers 1864 est le petit Charles Victor né à Dijon en octobre 1852, fils de la cuisinière SCHIBI Françoise et de père inconnu. Son grand-père Joseph est tisserand à Valff. Malheureusement Victor décédera dans notre village cinq mois plus tard. Est-ce donc en souvenir posthume que sa mère ou son grand-père envoyèrent cette modique somme en mémoire du petit Victor ? Nous aimons à le penser.

Merci petit Victor !

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.