Les établissements HEYWANG à Bourgheim étaient spécialisées dans la construction de machines agricoles. Edgar HEYWANG fonde officiellement sa société en 1939 et est à nouveau inscrit au registre du commerce le 2 novembre 1945. A partir de 1947, il entreprend la construction de logements ouvriers. Dans les années 70, on comptabilise 55 logements avec jardin d'une superficie totale de 15 000 m². Edgar HEYWANG employa jusqu'à 20 maçons à plein temps dans son entreprise. Mais qui était Edgar HEYWANG ?

De son vrai nom, Hermann Edgar HEYWANG, il naît à Bourgheim en 1906 d'une fille-mère et d'un père allemand, receveur des Postes à Barr durant la première guerre allemande. Il décède à 55 ans en 1961. De nombreux ouvriers et ouvrières de Valff ont fait leur carrière professionnelle dans l'usine de Bourgheim. Il est donc de circonstance de tracer quelques dates marquantes.

Histoire

1930

Edgar HEYWANG crée avec son associé Joseph JOST, un atelier de mécanique du nom de « JOST & Cie » au n°87 à Valff (anciennement garage JOST). On y fabrique des moulins-concasseurs, des machines à laver et des déchargeurs à griffes. Un moulin sera le symbole de la société. Les deux associés se sépareront pour incompatibilité politique et Edgar HEYWANG s'installe à Bourgheim dès 1939. Le nouvel atelier produira, comme à Valff, des concasseurs, des déchargeurs à griffes et des scies à rubans. Après l'évacuation en 1940, de nombreuses machines agricoles traînent et rouillent dans les villages évacués d'Alsace. Sous l'occupation allemande, on ordonne à l'atelier JOST de réparer ces centaines de faucheuses en vue de les restituer aux agriculteurs qui rentreront au pays. JOST choisira de fermer son commerce pour ne pas participer à l'effort de guerre allemand. Quant à l'atelier de Bourgheim, il est mis sous tutelle allemande et HEYWANG, germanophile et qui a plus de facilité morale à s'adapter aux besoins militaires, produira des obus de petits calibres. Après la guerre, HEYWANG se lancera dans la fabrication en grande série de distributeurs d'engrais chimiques. L'atelier compte alors une vingtaine d'employés.

Pendant ce temps, Joseph JOST, francophile, avait choisi de fermer son atelier à Valff pour ne pas participer à l'effort de guerre. Pour le surveiller, on lui imposa la présence d'un nazi qui s'installera dans sa maison. Malgré l'allemand, JOST cachera quatre malgré-nous dans sa cave de l'atelier dont il avait obstrué l'entrée avec une grosse machine-outil. L'allemand sera dupé jusqu'à la fin de la guerre. Les malgré-nous reviendront régulièrement lui rendre visite après la guerre pour le remercier dont Emile Voegel de Valff.

Poumon industrielle de Bourgheim

1950 voit naître la fabrication de scies circulaires et des pompes à purin. 1951 est lancée la vente d'arracheuses de pomme de terre. La première série d'épandeurs de fumier sort en 1953. Il faudra 10 ans pour que cette machine soit considérée comme indispensable par les agriculteurs. En 1954, la société entreprend la construction d'une moissonneuse-lieuse sous licence danoise. 15 000 machines seront vendues en quelques années. L'usine devient une entreprise industrielle.

Les années suivantes verront la création de ramasseuses-presses, de remorques auto-chargeuses ou basculantes, des faucheuses rotatives, de grues hydrauliques ou de pulvérisateurs pneumatiques. En 1970 l'usine se placera au premier rang des constructeurs d'épandeurs de fumier en France, le fameux épandeur Mistral, soit un parc de 40 000 exemplaires. Plus de 40 tonnes de machines prêtes à l'expédition sortaient chaque jour des usines. 4 sites étaient concernés : l'usine de Bourgheim, une fonderie à Erstein, une scierie à Barr et une maison-soeur, la S.E.T.A, à Elsenheim.

A son apogée, l'usine employait jusqu'à 600 personnes et transformait annuellement plus de 3000 tonnes d'acier, 1000 tonnes de fonte et 4000 m3 de bois. L'usine fermera définitivement ses portes en 2003. 

Postes de travail dans l'usine dans les années 70

Quelques exemples de machines proposées à la vente 

Photo d'entreprise dans les années 50

Photo d'entreprise dans les années 60

Photo d'entreprise dans les années 70

Sources :

  • Mémoires d'André VOEGEL
  • Archives familiales de la famille BURGSTAHLER / FRINDEL

Grand merci à Bernard FRINDEL pour le leg des documents

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.