Photo prise à la fin 1945 en Lorraine avec cinq soldats ayant participé à la libération de Valff le 28 novembre 1944 et qui appartenaient au 2e groupe de la 1ère section, 7ième Cie du RMT, 2e DB. De gauche à droite : KERMANEC J.L. (bazooka), OBÉ R. voltigeur), HUNTER Pierre (caporal, chargé du groupement), JOUBERT A. (conducteur), HUBERT E. (caporal, prenait la photo). Les trois autres soldats sont des renforts qui venaient d'arriver : GAIZAMPI, GERMAIN et PICO
Pierre HUNTER a participé le 28 novembre 1944 à la libération de Valff. Voici son témoignage (lettre adressée à Antoine MULLER, reçu de Sainte Geneviève le 20 février 2002).
Je vais essayer de vous raconter les quelques souvenirs qui me restent de cette journée du 28 Novembre 1944. Agé de 23 ans alors et engagé volontaire en 1939, je faisais partie du 2e groupe de la 1ère section de la lie Compagnie du 2ie Régiment de marche du Tchad, seule unité d'infanterie du Sous-Groupement MOREL-DÉVILLE : intégré ce jour-là au Sous-Groupement MINJONNET. Après Strasbourg et une nuit à Duppigheim, je voudrais ici dire combien nous avons apprécié l'hospitalité des Alsaciens.
Juchés sur les plages arrières des chars du peloton Catala : la section était ce jour-là de tête, ce qui dans l'action ne signifie plus rien, car il faut bien dire crue cela tourne vite à une situation pagaïe. Par Duttlenheim, Innenheim, libérés par nos amis Américains, nous sommes contraints d'éviter Meistratzheim : pont détruit; donc par Niedernai et les traverses, je ne me vois plus que dans Valff où nous trouvons le pont de la route de Benfeld détruit, en ferraillant, nous suivons la rivière direction sud-ouest à l'abri des maisons désertes - et arrivons au pont également impraticable - pour les chars - de la route de Zellwiller.
Nous passons sur les vestiges et je me trouve à 150m environ dans un creux - genre carrière - où gisent des Allemands tués par nos tirs - mortier entre autres - il me semble que c'étaient des gendarmes militaires. Nous nous terrons dans ce trou et allumons la crête vers Zellwiller que les Allemands occupent. Je me souviens vaguement avoir réajusté la hausse de la 30 à 3 ou 400m pour stopper un véhicule léger en vue : ce devaient être des officiers, car peu de temps après les Allemands ont cessé le feu et se sont rendus. Une trentaine sortent de leurs trous dans les champs de betteraves. Entre temps, le passage étant rétabli et les chars disponibles, nous avons poursuivi vers Zellwiller, perdant en cours de route « Le Tardenois », char Sherman M4A2 - N°48 du 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique.
Son chef était le Maréchal-des-Logis LAUNNOIS, originaire des Ardennes. A Zellwiller, nous avons allumé un Jagd-panther et un camion de munitions dans une montée du village. Nous passerons la nuit aux lisières Sud de ce village après avoir miné nos approches. Le lendemain, nous ferons Stotzheim : on ne peut pas dire que nous étions à la fête et, nous, fantassins, n'avons pas beaucoup vu les habitants à ces occasions. En d'autres circonstances, vous nous avez accueilli vraiment à bras ouverts : chaleureusement, merci.
Il ne me reste aucune photo de l'Alsace, j'ai dû les perdre en cours de route. Mais voici une du groupe prise en février 1945 en Lorraine, nous ne restions que cinq ayant participé à la libération de Valff.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées et mon cordial salut à l'Alsace et aux Alsaciens.
Pierre Hunter 18, rue du Vieux Perray 91700 Ste Geneviève des Bois