Forte mobilisation devant la Mairie le 10 Janvier 1937

Quand on pensait aux porcs dans les années 30, on rêvait de saucisses, de jambon ou autre lard fumé. Mais voilà, quand le porc n'a plus de valeur c'est le producteur qui trinque !

La crise du porc en 2020 n'est pas la première. Au court de l'année 1933 le prix de la viande de porc a fortement baissé, chutant au prix d'achat du boucher au producteur à 3 francs 80 les 500 grammes, soit l'équivalent de 2,74 euros actuels. Les bouchers revendaient cette même viande 7,50 francs soit 5,42 euros les 500 grs. Si ce constat est alarmant, il n'est pas nouveau : les producteurs rouspètent et font savoir que leur activité n'était plus rentable. Même constat pour les oeufs. Vendus seulement 0,30 frs la pièce (22 centimes d'euros), les producteurs crient au scandale !

Et les producteurs de fruits ? Une gelée tardive a détruit la floraison. Il n'était pas bon d'être éleveur ou producteur à cette période. Seuls les agriculteurs planteurs de tabac faisaient un tabac. On estima qu'en 1933 la production totale de la vente de ces feuilles au nom scientifique de « Nicotiana tabacum » sur le ban de Valff rapporta la somme vertigineuse de 1 million de Francs, soit 722262 euros actuels !

 

1936

La filière des producteurs de lait est en crise ! Les éleveurs de Valff, Bourgheim, Zellwiller, Stotzheim, Niedernai, Meistratzheim, Krautergersheim et Kertzfeld se sont unis pour refuser de ne plus vendre leur lait aux grossistes en dessous de la somme de 70 centimes de Francs (0,51 euros). Le prix du lait était descendu à 55 centimes (0,40 euros). Trop c'est trop ! Les grossistes plient, la guerre du lait a pu être momentanément repoussée.

10 janvier 1937

La mairie de Valff est trop petite ! Plus de 500 membres du tout nouveau Syndicat des producteurs de lait du Ried et des villages de montagne se sont réunis dans notre commune. Le président EBEL de Zellwiller anime les débats : on ne peut plus tolérer que les paysans soit volés du fruit de leur labeur. Le ton est donné ! Le prix de 80 centimes par litre est un minimum (0,47 euros). Le prix de l'alimentation animale ne fait que croître. Monsieur EBEL rappelle à l'assemblée que la grève des producteurs de Barr-Obernai avait porté ses fruits. Solidarité ! Voilà le mot d'ordre. Monsieur VETTER de Krautergersheim enfonce encore le clou. La laiterie Centrale de Strasbourg qui récolte le lait à Valff et à Krautergersheim pratique des prix à la carte. On vous promet 80 centimes et on vous paye 75 : c'est du n'importe quoi ! Le syndicat doit montrer un front uni ! Voilà la solution. Monsieur OHRESSER d'Obernai donne un tuyau : la loi interdit le droit de grève, alors déclarez que « L'agriculture locale est en vacances ! ». Monsieur ROHMER, maire de Kertzfeld, ajoute : « c'est le capitalisme qui fait la loi ! ».  Les résolutions suivantes furent votées à l'unanimité :

  • Les producteurs membres du Syndicat laitier ne livreront plus désormais leur production en-dessous de 80 centimes le litre.
  • Demande au Syndicat de faire le nécessaire auprès de la Sous-préfecture pour qu'elle mette tout en oeuvre pour qu'elle évite un affrontement qui pourrait mettre en péril l'existence des producteurs.
  • De ne pas renoncer à ses droits sous risque de devoir engager un bras de fer avec comme conséquence le refus de ne plus livrer une seule goutte de lait.

Deux ans plus-tard, la Deuxième Guerre fera flamber les prix. Le marché noir enrichira bien des producteurs : à chacun son tour. Une nouvelle page de l'histoire de Valff et le lait se tournera le 31 mars 1944 avec la fin du Melichhiesel. Souvenirs ...

Le laitier a fait sa dernière tournée ... (Dernières Nouvelles d'Alsace - 30 septembre 1968)

Dernière livraison en ce 31 mars 1944

Dernière livraison le 31 mars 1994. De gauche à droite : Paul LUTZ, Joseph HIRTZ et Gérard VOEGEL

Sources :

  • Journal Der Elsässer
  • Fond d'images d'Antoine MULLER

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.