16 octobre 1908. Le conducteur de la locomotive à vapeur reste prostré : un inconnu vient de se jeter sous son convoi ! Le temps d'arrêter la rame, le corps déchiqueté est loin en arrière. Que va-t-il découvrir ?

C'est sans doute ce qu'ont pensé le machiniste et son assistant dans la nuit du 15 au 16 octobre 1908, lorsqu'ils ont assisté impuissants à la vue de l'homme qui s'est jeté devant la rame au passage de la station de Bischheim. Il était 10 h 51, sur la ligne ferroviaire reliant Hoenheim à Souffelweyersheim. Le malheureux est retrouvé avec le bras droit et le pied gauche sectionnés et la jambe droite broyée. Il décédera une heure plus tard. Son corps est transporté et déposé dans la tour de l'église d'Hoenheim. Dans ses poches, on découvre une lettre inachevée adressée à un certain A. HIRTZ de Valff...

Qui est l'homme ?

Les autorités lancent des recherches pour identifier le malheureux. Avec la lettre trouvée dans sa poche, elles parviennent à établir qu'il s'agit d'Auguste SCHULTZ, un quadragénaire de Valff. Ce dernier, employé journalier vivant à Erstein, est soupçonné d'avoir dérobé 1000 Mark dans la Caisse d'épargne d'Erstein, le dimanche 11 octobre (en réalité, il aurait retiré cette somme). Le lendemain, il quittait son domicile et disparut dans la matinée.

C'est donc sur les rails d'Hoenheim que s'achève sa vie. Dans sa veste, on découvrit un revolver et dix cartouches. L'argent a disparu. Des 1000 Mark, il ne reste que 2 Mark 73. On suppose qu'il aurait envisagé de mettre fin à ses jours, par remords, avec l'arme. Il laisse derrière lui une femme et cinq enfants. Plus tard, son épouse écrira une lettre à la commune d'Hoenheim pour indiquer qu'elle ne sera pas présente à l'inhumation.

Personnel de la filature d'Erstein

Qui était Auguste SCHULTZ ?

Il avait 46 ans à son décès. 

Né le 29 juillet 1862, il est le fils du cultivateur Jean-Pierre SCHULTZ et  ROSFELDER Marguerite de Valff. La famille habitait au n°279 de la rue Dauphin. Après le drame, les parents SCHULTZ décèderont tous les deux en 1889, en l'espace de six mois.

En 1901, Auguste avait épousé Madeleine HAAS, originaire de Bindernheim. Le couple s'installa d'abord à Bindernheim, puis déménagea à Erstein, où Auguste dénicha un emploi à l'usine de filature. Le couple aura deux garçons et trois filles, tous nés à Erstein. Quel a été leur vie ? Cela reste un mystère. Le suicide d'Auguste SCHULTZ laissera une femme et des enfants avec un profond sentiment d'abandon. Les enfants seront les victimes.

Madeleine HAAS, employée servante, décédera à Strasbourg en 1923, à l'âge de 43 ans.

Femmes à l'usine

Source : Gallica

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.