3 avril 1919, l'administrateur du territoire d'Erstein reçoit une lettre d'appel au secours postée de Valff par agriculteur en détresse : Valentin SCHAHL. Que lui arrive-t-il ? Lisons la lettre.

« Je demande avec la plus grande soumission à Monsieur l'administrateur de porter attention à ma requête. Je vis seul avec mon épouse. Je suis né le 27 janvier 1871, mon épouse est née en 1862. Elle est depuis des années dans un état maladif, mais particulièrement depuis le début de la guerre où elle a dû s'occuper seule de notre exploitation agricole suite à mon incorporation dans l'armée, ce qui a également nuit à ma santé. Je souffre maintenant d'un blocage du bassin ainsi que de rhumatismes. Pour ajouter au malheur, nous avons subi un incendie causé par le cantonnement de soldats Hongrois. Toute notre provision de céréales est partie en fumée. Mon humble requête s'adresse donc à ma famille militaire pour une aide vitale. Suite à une investigation profonde de l'urgence de ma situation, je vous remercie à l'avance avec toute ma considération et soumission. 

Votre serviteur, Valentin SCHAHL, cultivateur à Valff

Adresse du service militaire : Landsturmmann Valentin Schahl, 3ᵉ Compagnie Landsturm Recruten, Ausbildungs Depot, Bataillon 15, 9ᵉ Corps d'Armée à Oberhoffen » 

Dans le lettre, le Maire ANDRES a annoté : « Je certifie que les époux Schahl jouissent d'une bonne réputation jointe à une bonne conduite et en possession d'une carte d'identité (A) ».

L'administration donne suite, mais demande la date de la libération de SCHAHL. Le Maire explique que le susnommé a été libéré le 18 novembre 1918 et que la femme SCHAHL perçoit déjà une indemnité depuis le 31 décembre 1918. L'administrateur du territoire autorise exceptionnellement une rallonge du payement provisoire de l'allocation militaire jusqu'au 31 mai 1919.

Que savons-nous sur la famille SCHAHL ?

Comme nous l'avons appris dans la lettre envoyée par Valentin, il est marié. Après quelques recherches, nous découvrons qu'il est originaire de Krautergersheim. Son épouse s'appelle Catherine ANDRES. Ils se sont unis par le mariage le 27 août 1900. Catherine avait 36 ans et Valentin  29. Ils n'auront pas d'enfants. Catherine décédera en 1931, Valentin en 1940.

Acte de mariage de Valentin SCHAHL et Catherine ANDRES

Valentin SCHAHL

Où habitaient-ils ? La question est difficile à ce stade : s'ils ont repris l'exploitation familiale de l'épouse, ils auraient vécu au n°102 de la rue Principale en compagnie de Blaise, le frère de Catherine, dont l'épouse, Adelaide STOEFFLER est décédée en 1912. Malheureusement, nous n'avons pas connaissance à ce jour d'un incendie dans cette ferme durant la Première Guerre et Valentin ne parle que de la destruction des céréales.

Ce que nous savons, par contre, c'est que le n°102 a subi des ravages et la destruction de la grange, celle de Blaise, le frère de Catherine mais le 8 mai 1945 [en savoir plus : Quand les festivités de l'armistice tournent à la catastrophe] !

Fausse piste pour la maison n°102 ! Après des renseignements pris auprès de la famille, Valentin habitait au n°146 de la rue des forgerons !

Nous savons maintenant que la ferme avait été occupée par des soldats hongrois lors du conflit 14-18. Quel ne devait pas être la peur qu'a dû supporter Catherine qui vivait seule à ce moment ! 

Source : archives communales

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.