Après le premier article consacré aux évènements qui ont marqué les villageois de Valff après la Première Guerre, poursuivons notre quête d'information à partir de l'année 1922.
1922
Janvier. Après une douloureuse maladie, l'ancien curé SPEHNER n'est plus. Les paroissiens de Valff regrettent qu'il ne soit pas enterré dans la commune. Il a servi la paroisse pendant 16 ans.
Mai. Les hospices civils de Strasbourg renouvèlent leurs baux de location. Des terres situées à Valff et Meistratzheim seront alloués à la mairie de Beinheim.
Juin. L'agriculteur E. Haag a, pour des causes inconnues, chuté de son attelage entre Valff et Westhouse. La roue de sa charrette chargée lourdement de bois de construction a écrasé son pied. Le docteur BARTHELME de Benfeld a ordonné une admission urgente à l'hôpital. On ne sait s'il pourra conserver sa jambe.
La commune de Valff a offert la somme de 100 frs pour la construction d'un mémorial des batailles au Hartmanswillerkopf (Vieil Armand).
Enterrement d'une centenaire. La veuve du feu boulanger Schmitt a fermé les yeux pour toujours.
Juillet. L'exposition et le concours de chiens de race qui s'est déroulé à Strasbourg dans les locaux des anciens abattoirs a vu le sacre et premier prix des chiens airedale terrier de Messieurs KANZER et BURGSTAHLER de Valff. Au soir du 22 juillet, Florent MULLER s'était couché frais et en bonne santé. Le matin, il était décédé. Ainsi va la vie !
Septembre. C'est grâce au zèle de deux agriculteurs qui s'étaient cachés à l'orée de la forêt qu'il a été possible de mettre fin au braconnage d'un voisin qui ne possédait pas de carte de chasse. On suppose que leurs relations seront tendues prochainement !
Octobre. Les marchands BLUM et Salomon WEILL ont été délestés de biens en tissus d'une valeur de 4000 frs. Les voleurs ont traversé le lit de la Kirneck puis sont passés par le grillage de la propriété qu'ils ont découpée et se sont introduit dans la demeure. David BLOCH a vu son poulailler vidé de ses poules et du coq.
Novembre. Un cambriolage résolu ! Alors que le père et le fils DONATH sont en prison pour d'autres faits, les gendarmes ont perquisitionné et retrouvé des sacs de céréales dérobés chez un marchand local. DONATH avait pris soin de bien découper le tampon du propriétaire des sacs.
1923
Janvier. On se souvient que l'année passé le village a été le théâtre de nombreux vols et cambriolages. Le marchand WEILL avait été délesté de 7500 frs de tissus, le marchand de fruits et céréales Blum de quatre sacs de blé et d'autres biens. La gendarmerie a immédiatement soupçonné le père Xavier et le fils Eugène DONATH. Une perquisition a permis de récupérer certains biens cachés sous la paille de la grange. Il fut découvert également de nombreuses armes et fusils. Les deux individus nient les faits et avancent que ce serait un vagabond errant qui aurait caché les affaires dérobées à leur insu. Le tribunal ne les a pas crus et a condamné chacun à un an et un jour de prison. L'épouse DONATH a écopé de six mois et 300 frs de préjudice (on découvrira plus-tard que la version de DONATH était en partie vraie).
Mars. Le secrétaire de mairie Kleiber Guillaume a été retrouvé mort à la mairie des suites d'un arrêt cardiaque, assis dans son fauteuil. Il était actif dans la commune depuis 1884. Jean-George KLEIBER est l'actuel maire de Valff.
Trouvé beau caniche à la gare de Strasbourg. À Récupérer chez Jean MAUSCH à Valff
Avril. Le cantonnier Joseph NEFF a reçu la médaille d'honneur des cantonniers.
Joseph NEFF et Eugène ROSFELDER en 1934
Décembre. Joséphine SPECHT a eu le doigt croqué par un cochon qu'elle était en train de nourrir. Le médecin a dû lui amputer le reste.
1924
Janvier. Dans le jardin de l'agriculteur B. un malotru a coupé 11 des plus beaux arbres fruitiers. Le propriétaire soupçonne un membre de la famille avec qui il est depuis quelques années en froid au sujet de l'héritage du terrain.
Mars. On ne se méfie jamais assez des blessures ! Il y a quelques jours, un éleveur a été mordu par son cheval. Ne voulant pas consulter de médecin, la blessure du malheureux s'est infectée. Il est décédé des suites d'une septicémie.
Avril. Le curé Joseph MULLER, originaire de Valff, est décédé à Muttersholtz. Sa dépouille a été transportée à la gare en présence de membres de toutes les confessions pour rejoindre son village natal et y être inhumé.
Le malheur a frappé la famille Eugène SAAS. En se rendant dans sa grange, le père a trouvé son fils Alfred, 12 ans, gisant mort sur le sol, la nuque brisée. Il était le second d'une fratrie de six enfants. Il a probablement chuté du haut de l'édifice.
Eugène SAAS
Mai. Des précisions sont maintenant dévoilées au sujet du décès du jeune Alfred SAAS. En fait, il se serait pendu accidentellement ! Le père l'aurait trouvé attaché à une échelle, le cou, dans un nœud coulant. Sous le choc, le pauvre père resta paralysé pendant un temps. On suppose un jeu stupide qui aurait mal tourné. (À l'époque, les suicidés n'avaient pas droit à un enterrement chrétien, ainsi tout le village fit circuler l'information comme quoi, il ne pouvait s'agir que d'un accident). Le curé et le maître d'école témoignent d'un enfant intelligent et volontaire. Son éducation est aussi connue pour être exemplaire. Le matin même, il était sorti en forêt avec son père. Aucun signe de dépression pouvait prévoir la catastrophe. Les parents ont élevé six enfants. La mère, Joséphine HIRTZ est décédée en 1933, Eugène en 1948.
Juin. Affaire BOTTIN-OTT [à lire dans la cour d'Assises du Bas-Rhin, jeudi 13 novembre 1924]. Le journaliste du Strasburger neueste Nachrichten, concernant l'affaire, citera le dicton suivant :
« Quand des hommes se battent blêmes,
« Ils vont jusqu'au duel,
« Nous, vanniers, nous nous battons de même,
Mais nous poignardons cruels »
Septembre. Nouvelles. Enseveli. Un habitant de Valff serait mort enseveli dans une carrière de sable à Still. On ne connait pas les circonstances du drame.
16 septembre. Encore un fait-divers dans une sablière ! S'agit-il de la même information remise à jour que la précédente ? C'est le garde-chasse Michel HEINRICH qui est concerné. Avec son fils, il est entré dans une sablière creusée entre Valff et Zellwiller. Sous les yeux de son fils, Heinrich a été brusquement enseveli par le mur de sable ! Après avoir désespérément déblayé et tenté de sauver son père, il réussit à le ramener à la maison. Malheureusement, ce dernier décédera des suites d'une hémorragie interne.
Octobre. Insubordination. Après avoir signalé à un couple d'éleveurs que leurs bêtes paissaient sur le pré d'autrui, les contrevenants n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'injurier le garde-champêtre qui ne faisait que son travail. Les malotrus ont écopé d'un mois de prison avec sursis et de 16 Frs d'amende, plus les frais. Bien fait !
Novembre. Accidents avec une automobile. Une automobile avec à son bord Mr WEISENBURGER d'Obernai est entrée en collision avec l'attelage du conducteur HEINRICH au croisement entre les routes au haut du village de Valff Bourgheim et de Goxwiller. Le jeune cheval de l'attelage a été abattu après s'être brisé le pied dans une ruade.
Un deuxième accident a eu lieu vers Niedernai en venant de Valff. Une automobile avec à son bord un homme de Thann et sa fille de trois ans ont percuté à trop grande vitesse un bloc de pierre dans le virage à l'entrée du village. La voiture a dévalé la berge, sauté par-dessus l'Ehn et s'est retrouvée à l'envers de l'autre côté de la rive. Les passagers s'en sortent avec la peur de leur vie. S'ils étaient tombés dans le lit de la rivière, s'en était fini du voyage !
Excuses : « Je retire avec les plus grands regrets, les accusations et brimades que j'ai lancées à l'encontre du maître boucher EHRHARDT Guillaume de Cronenbourg, Route d'Oberhausbergen n°7 ». Signé Marie GAUTSCH
À droite de la mairie le n° 179
Décembre. Une camionnette appartenant au moulin de l'Ehn avait chargé un chargement de sacs de blé chez Auguste ANTZ au n°179. Lorsqu'il a traversé le petit pont qui enjambe la Kirneck devant sa maison, le pont s'est effondré. La camionnette s'est retrouvée le nez dans l'eau. Une partie du blé est partie flotter dans le lit de la rivière au grand bonheur des oies et des canards. On se précipita pour le repêcher. La camionnette a pu, après avoir été en partie déchargée, retrouver saine et sauve la chaussée.
