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Ce récit est la mémoire imaginaire de l'ancêtre commun de l'auteur inspiré de faits réels.

Je m'appelle François Joseph VOEGEL, comme mon père. Ce dernier s'est marié en 1828 avec ma mère Thérèse KLEIBER ; je suis né la même année ... le dernier jour de l'année en plus ! Maintenant que je suis âgé, je me remémore les moments forts d'une vie : mon mariage avec Anne Marie RIEGLER, nos 7 enfants dont 3 sont morts en bas âge, et surtout mes années à l'école communale de Valff. Notre maître d'école s'appelait François Antoine LEYBACH (1). Le curé Aloïse LEYBACH était l'oncle du maître d'école et officiait au village (2). Tous les matins, après une nuit bercée de rêves d'enfant sous mon plumon garni de duvet d'un autre âge, ma mère nous préparait une soupe d'avoine épaisse. Sur le chemin de l'école, nous longions la rivière, der Bach, en évitant religieusement les oies lunatiques et agressives. Trop dure la tentation de ne pas leur lancer quelque projectile ! Parfois, des femmes attelées à décrasser leur linge avachi dans l'onde régulier de la KIRNECK, nous houspillaient copieusement.

En parlant d'oies, mon grand-père m'a rapporté une histoire que les anciens se transmettent de génération en génération. En 1753, des crapules malveillants, avaient de nuit, dérobé et tordu le cou à 70 oies dodues et bien appétissantes qui dormaient paisiblement le long des berges de la Kirneck. Ni le veilleur de nuit, qui jura ne point avoir roupillé, ni la populace ne s'aperçut de rien ! La maraude avait tellement traumatisé les habitants, que certains, voulant protéger leurs anatidés se sont contraints à partir de ce jour, de les enfermer toutes les nuits dans leur cave. Les soupçons se portâmes sur un certain Jean Michel WALTER et consorts, mais sans preuves. Il fut plus tard condamné pour d'autres méfaits et brûlé au fer rouge sur l'épaule d'un V, l'initiale des voleurs, battu de verges dans les rues de Valff puis banni.

La leçon de grand-père avec un semblant de sévérité pour me faire peur : Lehr e de Schuel sons guet's der we em Walter ; (apprend surtout à l'école sinon tu risques de finir comme le Walter) ! Les jours d'école s'écoulèrent monotone du lundi au samedi, de 7 heures à 10 heures et de midi à 15 heures. Le jeudi était libre (3). L'école débutait et se terminait par une prière. La classe se composait de trois niveaux, garçons et filles mélangés. Au programme :

Les livres de classe se composaient :

Photo de classe Années 1890

Des tableaux de lecture accrochés au tableau noir complétaient l'enseignement pédagogiques. Les enfants juifs désertaient l'école communale et cela malgré la proposition du comité supérieur d'instruction d'Obernai de les dispenser de l'enseignement religieux catholique (le sujet sera traité dans le second épisode).

Classe 1925 – 1926 – 1927 – 1928 – 1929, école de garçons

De gauche à droite et de haut en bas

A suivre ...

(1) François Antoine LEYBACH est né le 9 mai 1791 à Rhinau ; fils de François Joseph et Odile SONNTAG, lui aussi instituteur à Valff de 1805 à sa mort en 1819. La famille LEYBACH, originaire d'Oberbergheim (Haut-Rhin), établit une dynastie d'instituteurs et d'ecclésiastiques. Il fut nommé instituteur le 16 juin 1819 après le décès de son père. Il se maria avec Madeleine HIRTZ (1786-1895) de Valff et eu 3 enfants : François Antoine mort à 6 mois, Madeleine qui épousa le nouveau maître d'école Thiebaut HILSZ et Félix qui sera agriculteur.

(2) Aloïse LEYBACH est né à Altorf en 1788 et décéda à Valff le 15 juin 1866. Il administra la paroisse de Valff de 1816 à 1866.

(3) Le jour de libre, le mercredi, fut instauré à la rentrée de 1972. Le XIXe est le siècle de l’alphabétisation de masse au sein du réseau des écoles primaires communales. La loi GUIZOT du 28 juin 1833 rend obligatoire pour chaque commune de plus de 500 habitants l’entretien d’une école primaire de garçons ; la loi FALLOUX du 15 mars 1850 étend cette obligation aux écoles primaires de filles pour les communes de plus de 800 habitants ; la loi du 1er juin 1878 oblige chaque commune à construire un bâtiment d’école et enfin les « lois FERRY » de 1881 et 1882 rendent l’école gratuite, obligatoire et laïque.

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