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Vous connaissez les Anonymus ? Sûrement par les actualités. Il s'agit d'un groupe d'informaticiens qui sévissent sur le net et qui ont récemment dirigé leurs actions contre des groupuscules intégristes. Mais il y a aussi, enterrés dans le cimetière de Valff, d'autres ... Anonymus (terme latin qui signifie "sans nom").

Rappel des faits

Lorsqu'un enfant naissait, il était tout à fait normal qu'il soit baptisé. La famille, un témoin ou la sage femme venaient trouver le curé pour déclarer la naissance. Ce dernier se déplaçait alors au domicile du nouveau-né. Si l'état de la mère ou de l'enfant l'imposait il leur administrait l'onction. Parfois malheureusement le pauvre nouveau-né ne passait pas la journée. Quel détresse pour les parents ! Déjà qu'ils étaient privés de la joie d'une naissance, mais l'enfant n'était pas autorisé, d'après la croyance, à rejoindre le ciel. Il était censé se retrouver dans un lieu que l'on appelait les limbes. Un endroit intermédiaire ! Pourquoi ?

Tout repose sur l'idée du péché originel. Le baptême est censé effacer cet état. Mais les enfants morts non baptisés n'avaient pas encore eu l'occasion de commettre de péché d'où le dilemme. On entre là dans un débat théologien. Où passent alors ces enfants avec leur âme immortelle ? En enfer ? Dans des ténèbres situés entre nulle part appelés limbes ? La question est toujours d'actualité mais on préfère ne pas trop l'aborder, c'est un mystère.

Afin de rassurer ces parents croyants déjà désemparés et effondrés, les curés procédaient à un rite appelé « l'ondoiement ». Si l'espérance de vie de l'enfant était mis en doute, le curé faisait couler rapidement de l'eau bénite sur sa petite tête en prononçant les paroles « Je te baptise, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Lorsqu'une naissance était en vue le curé se devait donc d'être sur le qui-vive, il fallait intervenir en toute vitesse, même la nuit, au cas où ! 

Les enfants qui décédaient avant cette pratique ne recevaient pas de prénom et étaient enterrés anonymement dans un carré à droite en entrant au cimetière. Le coin des « sans baptêmes ». Un seul curé a mentionné ces enfants dans ses registres : c'est Aloïse LEYBACH. On trouve ainsi, par exemple, en 1836 l'enfant « Anonÿmus » de Joseph BECHT et Marguareth ANDLAUER.

Acte d'ondoiement du curé Aloïse LEYBACH

Les sans nom ou anonymus reposent ainsi en terre. Ils ont été anonymes tout comme le sont aujourd'hui les milliers de décédés qui reposent dans nos cimetières depuis la nuit des temps et dont la stèle avec leur nom a disparu ou s'est effacé ... sauf dans la mémoire de Dieu !