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Dans les mémoires que nous a laissés André VOEGEL en 1987, il revient sur ses longues années chez HEYWANG à Bourgheim. De son entrée dans l'entreprise [lire l'épisode 1], son accession dans la hiérarchie [lire l'épisode 2], en passant par ses voyages professionnelles : découverte de la vie d'André chez HEYWANG.

Souvenir d'un voyage exceptionnel au Pays du Soleil Levant

De tous les voyages de ma vie professionnelle, c'est celui de mon déplacement au Pays du Soleil Levant qui m'a le plus marqué. Je pense qu'il serait intéressant de donner un petit aperçu de ce pays à l'époque de mon déplacement, ne serait-ce que pour permettre plus tard au lecteur de comparer. Le voyage s'est déroulé dans le cadre d'une mission économique organisée par la Chambre de Commerce de Strasbourg du 7 au 22 avril 1972. Mission à laquelle une trentaine de chefs d'entreprise ont participé en vue d'une étude de marché en Extrême Orient. A partir de l'aéroport Paris-Orly, nous avons emprunté un Boeing 747 pouvant transporter 360 passagers à une vitesse de croisière de 950 km/h. C'était l'avion le plus grand du monde. Première escale après 8h10 de vol, à Anchorage (Alaska) où d'énormes masses de neige bordaient encore la piste d'atterrissage. Survolant le pôle Nord à 12000 m d'altitude, nous avons fait connaissance avec les effets d'attraction magnétique du Pôle Nord. Par la mer de Béring, l'Océan Pacifique, après une nouvelle étape de 8h30 de vol, nous avons enfin atterri sur l'aéroport de Tokio-Haneda, notre destination finale. L'archipel nippon est situé à 9 fuseaux horaires de Paris, plus de 3000 îles, 160 volcans dont 50 encore en activité, une superficie de 2/3 de la France, plus de 100 millions d'habitants, 3ème pays mondial pour un produit national brut (PNB) des puissances économiques du monde. Tels sont les données de ce pays en 1972, vingt-cinq années après la bombe atomique d'Hiroshima. Le périple m'a permis de découvrir une partie du Japon moderne et du Japon traditionnel. On constate de suite les perpétuels contrastes et paradoxes de ce pays. On change complètement de monde.

Le Japon moderne c'est essentiellement Tokyo et Osaka. Tokyo : 12 millions d'habitants, la plus grande ville du monde. Osaka : 7 millions d'habitants, centre industriel et financier. C'est dans cette dernière ville que j'ai eu rendez-vous avec les clients japonais. Tokyo et Osaka sont distantes d'environ 550 km. Elles sont reliées per une ligne de chemin de fer, un super express, dénommé « Hikari », le train le plus rapide du monde. Il franchit cette distance en 3 heures avec des pointes de 220 km/h. A partir de Tokyo on a l'impression que la ville ne s'arrête jamais sur l'ensemble du parcours, très peu d'interruption d'immeubles. Une vision très spectaculaire s'offre au voyageur du « Hikari » à l'occasion du passage devant le Mont Fuji-Yama (3778 m) avec son capuchon de neiges éternelles et dont tout japonais rêve de le voir au moins une fois dans sa vie. Tokyo, comme Osaka, ont été presque entièrement reconstruite après la guerre, à l'américaine, avec un souci d'urbanisme contestable. Au coeur du centre urbain, des flots de maisons japonaises en bois à un étage, mystérieusement conservées ou reconstruites, écrasées par des buildings. La ville de Tokyo a sa « tour Eiffel » un peu plus haute que celle de Paris. C'est une ville très imposante avec les sièges de grandes banques, ses centres commerciaux extrêmement animés comme Ginza et Asaka et très pittoresques. La circulation y est très danse : pour absorber le trafic croissant, l'on a construit dans les villes des autoroutes, des lignes de métro et des chemins de fer sur pilotis. Le tout s'enchevêtre sur plusieurs niveaux en pleine ville. Que ce soit au « Prince Hôtel » de Tokyo ou au « Royal Hôtel » d'Osaka, les chambres sont aménagées à l'américaine, les cartes de menus rédigées en anglais et en japonais. La nuit les rues deviennent des mers de lumière, offrant des spectacles de toute beauté. La circulation est très dense mais l'on ne remarque que très peu de voitures européennes. Le japonais donne la préférence aux produits fabriqués dans son pays. Les pays occidentaux ont toutes des balances commerciales déficitaires avec ce pays. J'ai eu de la chance de pouvoir visiter ce pays pendant la saison des cerisiers en fleurs. C'est la période le plus jolie et les japonais en sont très fiers. Le climat permet également la culture des arbres à thé, on y trouve des champs de riz en espaliers ainsi que la culture de bambous. Le Japon traditionnel est vraiment impressionnant à découvrir, la civilisation est très différente de la nôtre. C'est dans la région de Nara-Kioto que s'est forgé la civilisation japonaise à partir d'apports étrangers : Sibérie, Corée, Chine; Indonésie. Il y a coexistence des deux religions les plus importantes, l'une le bouddhisme et l'autre le shintoïsme. Certains temples, comme ceux de Nikko sont shintoïstes et bouddhistes à la fois. Le christianisme compte près d'un million d'adeptes et compte près de 6.000 églises. Le shintoïsme est un culte strictement japonais, et jusqu'en 1945, la religion d'état. Le temple bouddhique, très majestueux à Nara, abrite la statue en bronze de Bouddha, la plus immense du monde (25 m) et qui pèse plusieurs centaines de tonnes. Enfin, quelques souvenirs, parfois amusants et en tous cas insolites, me viennent à l'esprit. Dans les rues, sur les chantiers, devant les arrêts d'autobus et dans les gares, il est fréquent de voir les japonais faire des exercices physiques d'assouplissement. J'ai assisté à Osaka à côté de mon hôtel, sur un énorme chantier de construction à un exercice sportif de l'ensemble du personnel employé sur le chantier. Sur un coup de sifflet du chef de chantier, tout le monde descendit de l'immeuble en construction, s'aligna et suivit les mouvements dirigés par un responsable. Le taxi, dont le chauffeur porte des gants blancs et dont la porte arrière s'ouvre automatiquement, est un mode de déplacement très bon marché.

Le premier acte d'un entretien avec un interlocuteur japonais est l'échange de cartes de visite. J'en avais emporté une provision assez importante, imprimées en français et en japonais. Il semblerait que le nom y soit inscrit phonétiquement. La pratique des courbettes est courante au Japon. En fonction de leur nombre, de l'amplitude et de la distance où elles se produisent, on peut déterminer qui est l'inférieur ou le supérieur de l'autre. Dans ce pays, qui est à la pointe de l'industrie électronique, le boulier est couramment utilisé dans les magasins. Les caissières ont une dextérité formidable dans la manipulation des boules. Les jeunes filles apprennent dans des instituts spécialisés l'art de préparer des bouquets de fleurs et d'offrir le thé selon le rituel ancien. La cérémonie du thé est sacré. Le kimono se porte beaucoup (surtout dans les cérémonies) mais il semblerait que les jeunes ont tendance à lui substituer le costume occidental. Dans les rues de Tokyo on voit encore énormément de femmes portant ce costume traditionnel. Dans les restaurants, les baguettes sont utilisées, mais on peut aussi manger à la fourchette. Tous les poissons, qu'on sert en général crus, ne sont pas toujours adaptés au palais occidental et particulièrement français. Les repas sont en principe arrosés de Saké, l'alcool de riz japonais qu'on boit chaud. Le pourboire est totalement inconnu au Japon. Dans les chambres d'hôtel, un poste de télévision en couleur est à la disposition du client et on peut choisir 5 à 6 chaînes, ce qui est totalement inconnu chez nous. Dans les grandes villes, la vie s'arrête à 23h45, heure de fermeture de la presque totalité des quelques milliers de bars, cabarets et boîtes de nuit. Il y en a 10000 à Tokyo. Au Japon, les affaires se traitent dans les bars, on ne reçoit pas chez soi.

Un ressortissant français des îles françaises du Pacifique, dont nous avons fait la connaissance dans un bar, nous a proposé une virée nocturne dans cette immense ville. Il y a bien sûr des lieux qui sont ouverts toute la nuit et notamment les bains orientaux avec massage. Dans ces lieux insolites la fréquentation des japonais est impressionnante, mais les étrangers occidentaux ont la priorité. Une activité très spectaculaire s'exerce sur l'île de Mikimoto. Il s'agit de l'élevage de perles de culture. Des femmes plongeuses descendent en apnée au fond de la mer pour remonter des corbeilles d'huîtres perlières. Mikimoto est l'inventeur de la culture à perles qui consiste à greffer dans le muscle de l'huître un morceau de nacre. Le greffon déclenche la formation d'une perle qui mettra plusieurs années, au fond de la mer, pour atteindre une taille suffisante. L'empereur est un souverain constitutionnel, comme la reine d'Angleterre, et depuis 1945 (sous la pression américaine) il n'est plus considéré comme un Dieu. Les américains sont mal côtés au Japon, surtout Mac-Arthur, commandant en chef allié au Japon de 1945 à 1951. C'est lui qui a contraint les japonais à circuler à droite comme en Amérique ce que la population a mal accepté. Ce n'est qu'actuellement que la femme japonaise est en train d'évoluer vers plus de liberté. Elle est encore soumise aux contraintes ancestrales. Au Japon, il est impensable d'embrasser une fille sur le trottoir ou dans le métro. Pour illustrer un peu cette situation, je voudrais citer l'anecdote suivante qui m'a été confié par un ami japonais, Monsieur INADA d'Osaka, directeur de l'entreprise Taihe Trading Co Ltd, avec laquelle HEYWANG était en relation d'affaires. Il m'a fait le récit suivant : INADA est bien sûr marié à une japonaise, mais ne sort pratiquement jamais avec elle. Si jamais il l'accompagne en ville pour faire des courses, sa femme marche derrière lui à une distance de 5 à 8 m. Si lui il s'arrête, sa femme s'arrête également à cette même distance. Il n'admettrait jamais que sa femme marche à côté de lui. Le soir, elle l'attend et ne se couche jamais avant son retour, même s'il est 4 ou 5 heures du matin. A son retour, elle a toujours préparé un bain chaud. Le bain est une tradition respectée par tous. Sa femme ne se permettrait jamais de lui demander des comptes quant à ses occupations, ses fréquentations. Cet état d'esprit reflète bien la situation particulière de la femme au sein de la société japonaise. Il semblerait, toutefois, que la nouvelle génération est en train d'évoluer.

La Corée du Sud

Pour terminer définitivement ce chapitre « Voyage en Extrême Orient », je me dois encore de parler de la Corée du Sud, où j'ai fait un court séjour. Arrivé de Tokyo par avion, j'ai atterri à Séoul, capitale de la Corée du Sud. Ce qui m'a frappé à l'aéroport de Séoul c'est la présence de batteries antiaériennes. Monsieur l'Ambassadeur de France en poste à Séoul, où j'ai été reçu, m'a fait savoir que la Corée du Nord (communiste) faisait souvent des incursions militaires jusque devant Séoul, à partir du 38ème parallèle qui forme la frontière entre les 2 pays. La périphérie de la ville de Séoul est catastrophique, pas de canalisation, une odeur nauséabonde se répand dans l'air, les routes ne sont pas goudronnées, les gens semblent être très pauvres. Le soir, je me suis promené un peu en ville, j'étais pratiquement le seul européen présent dans la rue. Les ruelles sont très étroites, comme dans les souks du Moyen-Orient, 1 mètre ou 1m50 de large, avec de chaque côté des boutiques et un monde inouï. Il était difficile de se frayer un chemin à travers cette marée humaine. J'ai été pris d'un sentiment de frayeur en me voyant tout seul la nuit au milieu de ce monde chinois. Je suis rentré à l'hôtel, le Chosum-Hôtel de Séoul.

Avant de clore ce chapitre, il me semble intéressant de citer l'anecdote suivante : Monsieur WATANABE de la Société Agricole Iseky avait une fille malade, très malade, une leucémie en phase terminale. A travers Monsieur INADA, cité plus haut, j'ai été sollicité de transmettre au Japon de l'eau de Lourdes. WATANABE avait eu connaissance par un missionnaire français en poste au Japon des pouvoirs miraculeux de cette eau. Bien que de religion shintoïste, il faisait appel à tous les moyens possibles afin que sa fille puisse recouvrer sa santé. J'ai chargé notre représentant du secteur de Lourdes de faire le nécessaire. L'administration du pèlerinage de Lourdes étant parfaitement outillée pour ce genre d'intervention a exécuté la demande dans les meilleurs délais. Les frais consistaient essentiellement par les frais de transport et d'emballage. Comme je l'ai su plus tard, la fille est décédée malheureusement 6 mois plus tard. Quelques temps plus tard, en 1972, pour me remercier du service rendu, j'ai été destinataire de la part de WATANABE d'un cadeau très particulier. Il s'agissait de deux statuettes en bois très légères, représentant des divinités japonaises. D'après les renseignements que j'ai pu obtenir, il s'agirait d'un vieux couple d'Ainu qui fait partie d'un clan natif du Japon, vivant essentiellement à Hokkaïdo, îles de Salhalini et de Kuril (ces deux dernières sont actuellement soviétiques). Il aimait et respectait leurs ancêtres qui priaient pour la paix et une vie heureuse.

Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai eu l'occasion non seulement de visiter les pays occidentaux, mais également les pays d'Europe Centrale, dans la zone d'influence russe et par conséquent sous un régime totalitaire. Certains de ces pays m'ont laissé des souvenirs que je tente de relater ci-après.

RDA, Foire de Leipzig

J'ai visité cette foire importante pour la première fois au mois de mars 1965. L'entrée en DDR (Deutsche Demokratische Republik) était subordonnée à un visa. Arrivé par train à la frontière entre les deux Allemagnes, le train marqua un arrêt, d'une durée assez longue, à la dernière station ouest allemande pour permettre à la plupart des voyageurs de quitter le train. Après avoir changé la locomotive, la police ouest allemande diffusa par haut-parleurs toutes les recommandations aux voyageurs qui s'apprêtaient à transiter en Allemagne de l'Est. Il nous était formellement interdit d'ouvrir les fenêtres, de prendre des photos ou tout simplement de se mettre à la fenêtre, pendant la traversée de la zone frontalière militarisée est allemande. Contrevenir aux prescriptions était considéré comme un acte d'espionnage, avec les conséquences qu'on peut imaginer. Venant d'un pays démocratique reposant sur le respect de la liberté, je ne pus me soumettre à une telle tracasserie ridicule, à mon sens. Je me suis mis à la fenêtres pour observer tranquillement les choses qui vont passer, mon collègue, qui m'accompagnait, prenant, entre-temps, des photos. Le train avançait à la vitesse de 4 à 5 km/h, ce qui me permit de voir à l'entrée de la DDR les miradors, occupés par des soldats armés de mitrailleuses, la frontière rendue reconnaissable par un grillage, du barbelé électrifié par une ligne à haute tension. Pour rendre complètement imperméable la frontière, une bande de terrain minée longeait le grillage et un chemin de ronde clôturait le dispositif de protection.

En 1961, des visiteurs du Togo à la foire de printemps de Leipzig étaient très intéressés par les machines agricoles de la RDA

J'observai avec un certain amusement les gardes accompagnés de chiens tout étonnés de voir un voyageur se permettant de contrevenir aux prescriptions obligatoires. La réaction ne se fit pas attendre très longtemps, déjà le train s'arrêta et toute une section de policiers armés fit irruption dans notre compartiment. Ne parlant pas un mot d'allemand, comme d'habitude, nos passeports furent confisqués, le train resta à l'arrêt pendant un minimum de 20 à 30 minutes, pour contrôle des pièces d'identité. Nous ne fûmes pas inquiétés pendant ce temps et pûmes rester en place sous la vigilance des gardes. Lorsque notre innocence fut enfin établie, le train put repartir. Les quelques allemands qui partageaient le compartiment et qui savaient que nous parlions leur langue, nous firent comprendre qu'ils avaient eu très peur et que le pire aurait pu nous arriver. Heureusement que nous étions de nationalité française, ce qui nous permit de nous tirer d'affaires à si bon compte. A Leipzig, je logeai chez l'habitant. Je n'ai eu aucun contact avec les gens qui m'ont hébergé. La chambre à coucher était décorée d'une photo d'un soldat allemand du 3e Reich, qui semblait avoir été un officier. Etait-ce le fils ou le mari ? Je ne le sus jamais. Le système politique était tellement répressif dans les pays totalitaires, que les gens n'osaient même pas s'entretenir avec un ressortissant occidental.

Pologne

En 1968, une mission économique de la Chambre de Commerce de Strasbourg se rendit en Pologne et j'en fis partie comme d'ailleurs le Député Maire de Strasbourg, Pierre PFLIMLIN. La Chambre de Commerce essaya par tous les moyens de nouer des contacts, des relations d'affaires, avec les pays de l'Est, en vue de vulgariser nos produits manufacturés et d'autres. Les besoins étaient, dans ce pays, énormes, par contre les devises faisaient cruellement défaut. Devant un important parterre de personnalités du monde politique et économique, PFLIMLIN tint un vaste exposé oratoire magistral à Varsovie qui a été longuement et chaleureusement applaudi et qui fit même écho dans la presse régionale. Toute la mission était hébergée dans un immense hôtel en pleine ville avec plus de mille chambres. De ma vie je n'avais vu une carte de menus aussi variée, raffinée et distinguée, digne d'un restaurant de grande classe en France. Le peuple polonais vivait par contre dans la misère. Ce qui m'a particulièrement frappé dans ma chambre, ce fut la constatation que la baignoire et le lavabo avaient en commun le bouchon attaché à un long fil en nylon. Était-ce par esprit d'économie ou pas prévu au plan ?

Foire de Novi-Sad en Yougoslavie

Ce pays pluri-ethniques, république socialiste fédérale, dirigé après la dernière guerre par le Maréchal TITO, connut les mêmes avatars que les autres pays socialistes. J'ai visité à deux reprises la foire de Novi-Sad où nous avions exposé des machines. J'évoque ce déplacement pour la simple raison de pouvoir exposer la répression exercée sur la population. Par manque d'hôtels, je fus hébergé chez un médecin parlant parfaitement la langue française. Des heures durant, il m'a expliqué la situation politique désastreuse de son pays, des droits de l'homme et du citoyen outrageusement bafoués. J'ai senti que cet homme s'est déchargé intérieurement d'un poids qu'il supportait depuis des années sans pouvoir se confier à une personne en toute confiance.

1500 exposants étaient encore réunis en 2018 à la foire agricole de Novi Sad

Un soir, je l'invitai au restaurant. Il a d'abord voulu décliner mon invitation, mais après un temps de réflexion, il accepta sous certaines conditions. Elles étaient les suivantes : il avait peur d'être vu en compagnie d'un étranger, par conséquent il voulait choisir lui-même le petit restaurant qu'il connaissait bien. La condition sine qua non de ne pas parler de politique pendant le repas. Je pense qu'il était marqué par l'appareil politique yougoslave du sceau (Politisch unzuverlâssig) comme aurait dit les allemands pendant l'occupation, « politiquement douteux ». Son métier de médecin, il ne pouvait pas l'exercer libéralement. Il devait assumer des heures de présence au dispensaire pour un salaire ridicule. Il envisagea de s'expatrier dans un pays capitaliste si l'opportunité se présenterait.

Fin de la carrière d'André VOEGEL chez HEYWANG